Discrimination à l’embauche : AccorHotels épinglé par Myriam El Khomri

Bonnet d’âne pour AccorHotels : après avoir indiqué qu’elle n’hésiterait pas à dévoiler publiquement le nom des entreprises coupables de discrimination à l’embauche, la ministre du Travail est finalement passée à l’acte hier, épinglant le groupe hôtelier, mais aussi la chaîne de restauration Courtepaille.

Outre le "risque élevé de discrimination à l’embauche", selon l’origine des candidats, les deux entreprises se sont vu reprocher de ne pas avoir mis en place un plan d’action suffisant pour corriger une situation dont elles ont été alertées il y a trois mois. Cette annonce fait en effet suite à une opération de testing lancée en 2016 par le Gouvernement, auprès de 40 entreprises de plus de 1000 salariés. Publiés en décembre, les résultats avaient révélé que douze d’entre elles étaient rendues coupables de discrimination envers les candidatures maghrébines.

Un plan d'actions qui n'a pas convaincu

Leur nom n’avait alors pas été dévoilé, pour leur laisser le temps de prendre les mesures nécessaires, vérifiées par le cabinet d’audit Vigéo. Mais au terme des trois mois qui leur étaient impartis, "AccorHotels et Courtepaille ne sont pas parvenus, malgré de multiples relances, à produire un plan d’action suffisant pour remédier à leur situation", a affirmé la ministre.

AccorHotels s’est de son côté défendu dans un communiqué, reconnaissant que "les résultats de ce testing, qui a porté sur 38 hôtels en France, étaient clairement insuffisants", précisant toutefois qu’ils "ne reflétaient pas l’engagement du groupe hôtelier “en France et à l’international, en matière de diversité et d’inclusion".

Le groupe hôtelier a également indiqué avoir "immédiatement réagi en lançant, dès le mois de janvier 2017, un plan d’actions complet", avec "des outils à destination de tous les directeurs de (ses) 1635 hôtels en France et un plan d’auto-testing courant 2017". Comme AccorHotels, qui revendique 122 nationalités différentes dans ses hôtels en France, Courtepaille a lui aussi produit un plan d’actions.

100 nouvelles entreprises bientôt testées

"Nous sommes sur un sujet beaucoup plus important et profond en France que ces deux entreprises", a de son côté souligné Inès Dauvergne, responsable diversité pour l’association Entreprises de la cité, lors d’une conférence de presse hier. "Cela ne veut pas dire que ces entreprises sont racistes, a-t-elle poursuivi. Et d'expliquer que "certaines populations" (jeunes de quartiers, Maghrébins, Noirs) souffrent de "stéréotypes négatifs" selon lesquels ils "maîtriseraient moins bien les codes de l’entreprise", et que de ce fait "de manière très inconsciente, un recruteur, sans être raciste, va privilégier entre deux CV celui sur lequel il a moins de stéréotypes négatifs".

Reste que le "cas" de AccorHotels et de Courtepaille sera transmis au Défenseur des Droits, Jacques Toubon,  pour "examiner (leur) situation de manière approfondie et en tirer les conséquences qui s’imposent", a indiqué le ministère du travail dans un communiqué. "Si dans les jours ou les semaines qui suivent, ces entreprises produisent des éléments nouveaux attestant d’un changement de comportement, la ministre a indiqué qu’elle le ferait savoir publiquement", a toutefois tempéré le ministère.

Les testing devraient par ailleurs être systématisés sur un rythme annuel. Une nouvelle campagne a été annoncée, elle portera cette fois sur cent entreprises.