Cannes

Soudain, la langoureuse musique du film Christophe Colomb, signée Vangelis, hypnotise les coursives. Il est 22 heures ! Pas question de manquer le départ et les 170 passagers se précipitent sur le pont, une coupe de champagne à la main. Certains sont à bord du Star Clipper, ancré dans la baie de Cannes, depuis déjà plusieurs heures, profitant des chauds rayons du soleil sur le pont en teck. D’autres ont préféré s’empiffrer toute l’après-midi de snacks et petits fours, au Tropical Bar. Accoudés au bastingage, tous observent avec attention les matelots qui s’affairent pour hisser les blanches voiles du quatre-mats, long de 115 m. Les mouvements sont réglés comme du papier à musique. Entre les kilomètres de cordages et les 26 voiles en dacron, le moindre faux pas est interdit. Fier comme un coq dans son bel uniforme, le commandant estonien Sergey Utitsyn a pris la barre et surveille les gestes de son équipage, presque paternellement. L’émotion est palpable, chacun regarde le spectacle dans un silence religieux. Finalement, le Star Clipper s’élance doucement, glissant sur les eaux calmes de la célèbre baie. Quel contraste avec l’agitation de la Croisette ! Les palaces scintillent de tous leurs feux à l’horizon, les bribes de musique émanant de la plage au gré du vent rappellent que le festival du cinéma bat son plein. Les badauds n’ont d’yeux que pour les starlettes. Pourtant, à l’heure du départ, l’élégante silhouette du Star Clipper attire irrésistiblement les regards. La magie du voilier opère, une invitation au voyage sans NULLe autre pareil. Comment résister ? Au diable le ridicule, je rejoins la proue du bateau. Je suis le roi du monde !