Air France-KLM : 1,6 milliard d’euros de perte nette au 3e trimestre
Selon le groupe Air France-KLM, dont le chiffre d’affaires a été divisé par trois, la fin de l’année s’annonce encore plus « difficile ».
Air France-KLM, massivement soutenu par Paris et La Haye face à la crise qui ravage le secteur aérien, a encore perdu 1,6 milliard d’euros au troisième trimestre avec un trafic amputé de plus de moitié.
Si les mois de juillet et août ont été « relativement forts en termes de trafic », septembre a été « décevant, affecté par la restriction des mesures de voyage », a indiqué vendredi le groupe franco-néerlandais dans un communiqué. Et la fin de l’année, traditionnellement plus faible, s’annonce encore plus « difficile » notamment en raison des nouvelles restrictions de circulation décidées en France.
La perte nette s’est élevée à 1,665 milliard d’euros au troisième trimestre, soit une chute de 2,027 milliards par rapport à la même période de l’année dernière. Elle comprend une provision pour restructuration de 565 millions d’euros, une sur-couverture de carburant liée au Covid-19 de 39 millions d’euros et une dépréciation de la flotte de 31 millions d’euros. Le groupe, mis à genoux comme l’ensemble du secteur aérien mondial par la crise sanitaire, avait déjà perdu 1,8 milliard d’euros au premier trimestre et 2,6 milliards au second.
Le groupe Air France-KLM « maîtrise les coûts »
De son côté le chiffre d’affaires du groupe (Air France, KLM et Transavia) a été divisé par trois au troisième trimestre, atteignant 2,5 milliards d’euros contre 7,6 milliards pour la même période l’an dernier. Le trafic était a chuté de 40% dans le même temps.
Mais le directeur financier, Frédéric Gagey, a insisté sur un résultat brut d’exploitation qui -bien que négatif (-442 millions d’euros)- illustre selon lui « la maîtrise des coûts ». Il traduit aussi les bénéfices retirés des plans d’activité partielle en France et de contrôle de la masse salariale aux Pays-Bas, a affirmé Frédéric Gagey lors d’un entretien téléphonique avec des journalistes.
La demande en déplacements pour rendre visite à des proches « a été le moteur du trafic estival, avec le domestique France, l’Afrique et le Moyen-Orient et les Caraïbes et Océan Indien étant les plus résilients », selon le groupe. Les performances sur le moyen-courrier « ont été mitigées » et « les réseaux nord-atlantique, sud-américain et asiatique ont continué à être fortement affectés par les restrictions frontalières en vigueur ».
Des suppressions de postes chez Air France et KLM
Pour le quatrième trimestre, « la visibilité sur la reprise de la demande est limitée car le comportement de réservation des clients est beaucoup plus orienté vers le court terme », souligne le groupe et il « dépend aussi fortement des restrictions de voyage imposées, en particulier sur le réseau long-courrier ». Mais « la période de confinement en vigueur depuis ce jour en France est une nouvelle difficulté qui va peser sur les activités du groupe ».
Air France ne proposera que 35% du nombre de sièges par rapport au quatrième trimestre 2019. Le groupe disposait de 12,4 milliards d’euros de liquidités ou de lignes de crédit au 30 septembre. Il a obtenu au printemps des aides des gouvernements néerlandais et français de respectivement 3,4 et 7 milliards d’euros sous forme de prêts directs et garantis. En parallèle, le transporteur franco-néerlandais a engagé un plan de « reconstruction » du groupe qui passe par la suppression de 7 580 postes chez Air France d’ici à la fin 2022 et jusqu’à 5 000 chez KLM.
A la recherche de nouveaux capitaux
En septembre, alors que le trafic aérien commençait à baisser après la courte reprise de l’été, son directeur général Benjamin Smith avait indiqué que les aides gouvernementales permettraient au groupe « de tenir moins de 12 mois » et évoqué une « éventuelle recapitalisation ». « On réfléchit à quelle forme pourrait prendre ce type d’opération », savoir « quel type d’outil ou de décision pourrait renforcer les capitaux propres », a commenté Frédéric Gagey.
« Il faut que les actionnaires prennent ce type de décision, on y travaille de manière intense », a-t-il ajouté sans donner de calendrier. Le capital du groupe est détenu notamment par les Etats français et néerlandais (14,3 et 14%) et les compagnies américaine Delta et chinoise China Eastern (8,8% chacune). La seule bonne nouvelle pour le groupe est l’évolution du transport de fret qui maintient une bonne performance en raison de l’écart entre la capacité de l’industrie et la demande.
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