Voyages scolaires : « Un devis sur cinq est abandonné à cause du prix »
Le secteur des voyages scolaires et linguistiques avait été à l’arrêt pendant la crise sanitaire. Le secteur se redresse, mais des embûches ralentissent la reprise.
Comme toute l’industrie, Horizons du Monde a souffert de la suspension des départs pendant 18 mois. « Au mois de mars 2020, tout s’est arrêté pour nous, pendant 18 mois, rappelle Caroline Texier, la directrice générale de l’entreprise. Les premiers groupes scolaires sont partis en octobre 2021. »
Depuis, le marché remonte la pente, saison après saison. Sur l’année 2022-2023, le spécialiste des voyages scolaires et linguistiques compte faire partir 5820 jeunes, contre 7450 jeunes en 2018-2019, qui correspond à la dernière année complète d’activité. Effet de rattrapage oblige, la reprise s’avère musclée, mais également très compliquée.
« Le problème, c’est la désorganisation totale du marché, notamment avec les prestataires à l’étranger qui nous répondent très tardivement. » Dernier aléa en date, la réquisition administrative des « auberges de jeunesse » à Amsterdam, pour l’accueil de réfugiés, jusqu’en mars 2024. Caroline Texier ne conteste pas la décision ni sa légitimité, mais elle fait face à des difficultés opérationnelles. « Nous avons appris cette réquisition en février, alors que nous avons des départs en groupe programmés au mois de mai. »

Royaume-Uni : « Les prix des séjours ont augmenté de 25% »
S’ajoute le problème de l’inflation, sur des budgets souvent serrés, notamment de la part des établissements scolaires.
« Nous croulons sous la demande, souligne Caroline Texier. Mais de nombreux établissements ne renoncent à leur projet. Un devis sur cinq est abandonné à cause du prix. »
La flambée des prix du carburant explique en partie l’explosion de la facture. « Pour un voyage de 5 jours à Londres au départ de Paris, les frais d’autocar ont grimpé de 3200 euros à 5200 euros, soit plus de 50 euros par enfant… » Sans compter que des familles d’accueil au Royaume-Uni révisent leurs tarifs à la hausse, pour suivre ceux de l’alimentaire.
« Les coûts des traversées et de l’hébergement augmentent également. Globalement, les prix des séjours ont augmenté de 25% par rapport à 2020, ce que les professeurs n’avaient pas du tout anticipé. » Parfois, des prestataires annoncent aussi des augmentations tarifaires qui n’étaient pas prévues dans le devis initial, ce qui crée des tensions.
L’Irlande profite de la désaffection du Royaume-Uni
En termes de destinations, le Royaume-Uni représente une destination majeure pour les opérateurs du secteur. L’obligation de détention d’un passeport depuis le mois d’octobre 2021, et celle d’un ETA (21 euros) dès 2023 nuisent également à son attractivité auprès des clientèles individuelles et groupes. Des écoles et des familles se replient sur Dublin ainsi que sur le reste de l’île d’Emeraude. « Cette année, nous enregistrons une forte demande sur l’Irlande, nous n’avons d’ailleurs pas assez de places disponibles. »
Des destinations connues pour leurs populations anglophones bénéficient également de reports : les Pays-Bas, le Danemark, la Suède… Les Etats-Unis bénéficient également d’un regain d’intérêt. Mais là aussi, des questions d’ordre économique freinent la concrétisation des dossiers. « Les petits budgets de 2019 ne passent plus. »
A lire aussi :
- Ce que demandent les pros des voyages scolaires, selon Valérie Boned
- Voyages scolaires : 46,7% des enseignants veulent partir cette année
- Les pros veulent un plan de relance à la hauteur
- Voyages scolaires : un collectif exige « l’état d’urgence économique »
- RSE : l’agence de voyages Horizons du Monde décroche le label Lucie