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En 2023, l’Irlande mise sur le développement durable, le Titanic… et les Normands

Après avoir fait son come-back sur le marché français fin 2022, partant à la rencontre des professionnels du secteur en organisant une série de workshops, la feuille de route s’annonce tout aussi chargée pour la destination en 2023. 

Monica MacLaverty, manager pour l’Europe du Sud de Tourisme Irlandais. ©DR

Si l’Irlande s’attend à bénéficier de jolis coups de projecteur à l’occasion notamment du festival Interceltique de Lorient (dont elle l’invitée d’honneur) ou de la Coupe du monde de Rugby, la destination poursuit aussi son travail pour développer les connexions avec le marché français.

Et pour cause : ce marché, elle tient particulièrement à le soigner. D’abord parce qu’il s’agit de son 4e marché source : en 2019, dernière année de référence, 557000 Français se sont rendus sur l’île d’Émeraude. Le nombre de touristes français représentait alors 6% de tous les touristes étrangers et 5% du revenu généré par les visiteurs internationaux. 50% des touristes français viennent de la région parisienne, et 17% arrivent de Bretagne. 30% des touristes français sont aussi des repeaters. Et ce n’est pas là leur seule qualité aux yeux de l’OT : les Français séjournent en moyenne plus longtemps que les autres nationalités (10 jours) et se rendent en Irlande tout au long de l’année. Deux caractéristiques en ligne avec les objectifs stratégiques de la destination, qui veut faire du développement durable son axe fort. « 65% des Français visitent l’Irlande en dehors de la saison estivale, et ça, c’est très important pour nous, pour les compagnies aériennes et pour les compagnies maritimes aussi », souligne Monica MacLaverty, manager pour l’Europe du Sud de Tourisme Irlandais, responsable de la promotion internationale de la destination.

Hausse des connexions aériennes et maritimes

Et de ce point de vue, il y a du nouveau. Effet secondaire du Brexit : le nombre de liaisons en ferry a quadruplé. « Avant le Brexit, il y en avait 12, maintenant il y en a 47, explique Monica MacLaverty. C’est lié au développement du fret. Beaucoup de camions veulent éviter de passer par la Grande-Bretagne à cause de la douane, ils préfèrent aller directement en Irlande par ferry. Les compagnies ont besoin d’équilibrer leurs activités tourisme et fret, donc ce sont des opportunités supplémentaires pour les voyageurs. »

Les connexions se développent sur les axes Cherbourg>Rosslare, Roscoff>Cork, Cherbourg>Dublin, Dunkerque>Rosslare. Stena Lines vient ainsi d’investir dans un nouveau navire de luxe avec spa, qui prendra la route au mois de juin, avec une capacité de 1300 passagers pour 500 cabines sur l’axe Cherbourg-Rosslare, Cherbourg concentrant désormais 57% du trafic maritime depuis la France.

Du côté de l’aérien, là aussi, les connexions s’étoffent. « Nous avons dépassé les capacités aériennes que nous avions en 2019 grâce à de nouvelles lignes comme celles de Vueling ou de Ryanair, explique Monica MacLaverty. Nous travaillons aussi avec Salaün qui va mettre en place des vols charter depuis Quimper vers Cork, c’est une nouveauté. »

Pour mettre en avant ces nouvelles routes aériennes, un workshop avec les aéroports de Cork et Shannon sera organisé dans les prochaines semaines. « L’objectif, c’est de programmer davantage ces régions, explique le Tourisme Irlandais. A l’heure actuelle, 90% des voyageurs français arrivent par Dublin. Ce que nous voulons, c’est mettre en avant d’autres facettes de notre pays, et encourager les voyageurs à sortir des sentiers battus. »

Sur les pas des Normands

Dans cet esprit, l’île d’Emeraude veut notamment mettre l’accent sur deux régions : le Sud-est et le centre de l’Irlande. Au Sud-est, où se trouve notamment Kilkenny, l’ancienne capitale, la destination entend emmener les touristes français sur les pas des Normands qui ont envahi l’île au XIIe siècle. Longeant la côte sud du comté de Wexford, le Norman Way permet ainsi de découvrir des sites médiévaux et le mode de vie des Normands lorsqu’ils se sont implantés en Irlande. L’augmentation des connexions avec Cherbourg devrait booster les liens entre les deux régions et l’intérêt pour cette page de l’histoire irlandaise. 

Le centre de l’Irlande sera également davantage mis en lumière. « On dit souvent que l’Irlande est comme un donut, on en oublie le centre, maintenant on essaie de faire connaître cette région méconnue qui est vraiment une région durable. Parce que lorsqu’on structure une offre touristique, on le fait avec des expériences très authentiques. Dans ce ‘cœur secret de l’Irlande’, nous allons créer des produits totalement alignés avec nos objectifs de tourisme durable. »

L’Irlande développe en ce sens son réseau de voies vertes, une initiative lancée en 2018. Les travaux vont se poursuivre cette année sur l’un des projets les plus importants de ce programme : la voie verte qui reliera Dublin à Galway, un corridor de 330 km qui reliera la côte Atlantique à la côte Est. La voie verte du sud-est qui fera la jonction, à l’automne 2023, des villes de Waterford, Wexford et Kilkenny compte parmi les autres grands projets. Elle sera connectée à la voie verte préexistante de Waterford, l’une des plus populaires du pays.

Parallèlement, l’Irlande veut poursuivre ses efforts pour que les voyageurs puissent découvrir la destination sans voiture ni avion, en misant sur les déplacements en train et en ferries.

Les chiffres de 2019 ? Pas avant trois ans

D’autres nouveautés sont attendues au cours de l’année. Le Titanic Belfast, inauguré en 2012, a fermé en début d’année pour une rénovation d’envergure. Sa réouverture est prévue le 4 mars, avec une expérience promise comme « encore plus riche et émotionnelle ». Le musée rend hommage au RMS Titanic qui a sombré dans l’Atlantique Nord le . Le bâtiment est situé sur l’ancien chantier Harland & Wolff où a été construit le paquebot.

A Strokestown Park, le Musée de la Grande Famine relate l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire de l’Irlande grâce à une exposition permanente interactive et à la plus importante collection d’archives existant sur la famine en Irlande. Le musée marque également le point de départ du National Famine Way, sentier pédestre de 165 km balisé qui suit le Royal Canal et relie le National Famine Museum au mémorial de la famine à Dublin, à côté du musée EPIC de l’immigration. On peut le suivre, tout ou partie, à pied ou à vélo, agrémenté d’une application gratuite qui raconte cet épisode par la voix de Daniel Tighe, 12 ans, l’un des marcheurs de la famine de Strokestown.

De quoi booster sans doute les performances de 2022, amputées par un début d’année encore largement marqué par les restrictions de voyage. Si les chiffres ne sont pas disponibles, « l’Irlande a très bien redémarré, assure Monica MacLaverty. Nous notons un engouement pour les destinations situées un peu plus au nord et l’Irlande qui nous est favorable. Il faut dire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les TO ont tendance à délaisser la Grande-Bretagne pour se concentrer sur l’Irlande parce que c’est plus simple en termes de formalités, glisse-t-elle. Il n’y a pas de passeport, ça joue sur le choix de certains tour-opérateurs pour orienter leur stratégie. » L’Irlande voit en ce sens affluer les demandes pour les voyages scolaires, le passeport étant devenu obligatoire au Royaume-Uni. Une exigence qui représente un réel obstacle pour l’organisation de ce type de voyages.

Pour autant, la destination se montre patiente et ne compte pas renouer avec les chiffres de 2019 avant trois ans. Soucieuse néanmoins de maintenir son positionnement sur le marché français, l’Irlande vient de lancer une campagne de communication. Son accroche : « Cliquez sur le bouton vert ». Pour occuper le terrain jusqu’à la Saint-Patrick, le 17 mars.

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