Voyage en Europe : le train est 2,5 fois plus cher que l’avion
Voyager en train en Europe coûte beaucoup plus cher qu’en avion. En revanche, sur les liaisons françaises directes, le train est plus compétitif. Explications, au travers de deux nouvelles études.
Greenpeace a comparé les prix d’entrée des billets d’avion et de train sur 21 liaisons entre la France et l’Europe. Sur ces trajets, le train s’avère en moyenne 2,5 fois plus cher que l’avion, observe Greenpeace. Sur les six lignes les plus empruntées au départ de la France, les prix de base sont même trois fois plus bas en avion qu’en train. Ces conclusions rejoignent une étude comparable, toujours menée par Greenpeace, cette fois à la veille des vacances d’été 2023. Le train ressortait alors exactement 2,6 fois plus cher que l’avion.
Cette année, à titre d’exemple, le prix d’entrée d’un Paris-Rome démarre à 73 euros par la voie des airs, et à 213 euros sur les rails. Pour une famille de quatre personnes, l’écart de budget monte ainsi à 560 euros…
Comment expliquer de tels écarts train/avion ?
Comment expliquer un tel manque d’attractivité tarifaire du train ? Greenpeace invoque « le prix extrêmement bas de certains billets d’avion » et « la rareté des billets de train bon marché sur les liaisons internationales ».
L’ONG regrette aussi les péages ferroviaires élevés pour financer le réseau ferré, quand l’aérien « jouit encore d’exonérations fiscales anachroniques » (TICPE et TVA à l’international) à l’heure du dérèglement climatique. Sur les lignes TGV (hormis Paris-Barcelone), ces péages représenteraient 30% à 40% des coûts de la SNCF. Ce qui par conséquent n’explique qu’une partie de la grande différence tarifaire entre les deux moyens de transport.
Alexis Chailloux, responsable aérien et ferroviaire du Réseau action climat, prône l’augmentation de la taxe sur les billets d’avion (TSBA) pour « compenser ces exonérations ». Et il milite également pour la mise en place d’un billet de train à tarif réduit à tous les Français. Il s’agit de revaloriser le « billet de congés annuel » créé par le Front Populaire en 1936, en proposant un aller-retour annuel en train au prix de 29 euros par passager, explique-t-il.
Le train moins cher sur les liaisons intérieures une fois sur deux
Dans un autre rapport, publié le même jour, l’UFC-Que Choisir compare les prix les plus bas de trois modes de transport (voiture, train, avion) sur 48 liaisons intérieures majeures.
Cette fois, le train gagne le match, ou plutôt la SNCF qui représente la très grande majorité de l’offre ferroviaire en France. Lorsqu’il existe une alternative ferroviaire directe, le train se révèle même « nettement moins cher » (-40%). Sur les 25 lignes concernées, le passager paie ainsi 64 euros en moyenne, contre 106 euros en avion.
Toutefois, quand une correspondance s’impose, il devient plus onéreux (+10%). En clair, quand un trajet nécessite un changement en gare, le prix du billet double presque, note l’UFC-Que Choisir.
Manque de connectivité ferroviaire
« L’enjeu du report de l’avion vers le train nous semble un enjeu majeur en tant qu’association de consommateurs. Il existe un enjeu de connectivité ferroviaire en France », a commenté lors d’un point presse Lucile Buisson, chargée de mission Energie, environnement et transports de l’UFC-Que Choisir.
Sur 10 principales lignes aériennes en Europe, seulement quatre sont reliées par un train direct : Paris-Londres, Paris-Barcelone, Paris-Milan, Paris-Amsterdam. Sur les 10 principales liaisons aériennes françaises transversales (sans desservir Paris), sept n’ont pas d’alternative directe en train.
Alexis Chailloux a notamment rappelé, lors du même point presse, l’arrêt en 2020 de la ligne Nantes-Marseille, par la SNCF. Conséquence : « Le trafic aérien a augmenté de 11% entre 2019 et 2024 sur cette liaison, à plus de 400 000 passagers par an », alors qu’il recule nettement dans l’Hexagone en général (-15% depuis 2017).
La voiture plus économe pour une famille
« Le train ou l’avion restent compétitifs jusqu’à deux personnes, a complété Lucile Buisson. Mais dès quatre personnes, la voiture devient moins chère dans 30% des cas, notamment sur les lignes transversales. » L’UFC-Que Choisir invite la SNCF à revoir ses tarifs pour les plus jeunes.
« Les réductions qui s’appliquent aux adolescents ne sont pas suffisantes », de par leur seuil d’âge (jusqu’à 11 ans à la SNCF, jusqu’à 14 ans chez Trenitalia).