Vacances au ski : comment les professionnels s’adaptent

Ouvrir… malgré tout. Malgré les annulations en cascade suite à l’allocution d’Emmanuel Macron, qui a annoncé que les remontées mécaniques resteraient à l’arrêt ces prochaines semaines. Ouvrir quand même, c’est le parti pris par certains hébergeurs implantés dans les stations de ski, quand d’autres ont choisi de garder portes closes. Leur espoir : capitaliser sur une autre expérience de la montagne, promettant un grand bol d’air loin des foules (et sans masque sur le nez)… arguments séduisants après des semaines de confinement. Des professionnels qui veulent aussi attirer les touristes en vantant la féérie d’un Noël blanc, à grand renfort de chocolat chaud et de jeux de sociétés pendant que dehors la neige tombe à gros flocons…

Odalys a ainsi choisi d’ouvrir à partir du 19 décembre prochain 20 de ses 150 résidences à la montagne et l’ensemble de ses 80 chalets dans les Alpes et les Pyrénées. “En faisant le choix d’ouvrir nos résidences à la montagne pour les vacances de Noël et en tant qu’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire, ndlr), nous prenons un risque notamment au regard des aides qui nous sont allouées par l’Etat. Mais souhaitons par-dessus tout apporter notre soutien aux acteurs des stations mobilisés depuis plusieurs mois pour ré-accueillir dans les meilleures conditions sanitaires et de sécurité les Français en quête d’évasion”, affirme Laurent Dusollier, le directeur général, dans un communiqué. Face à cette situation inédite, Odalys veut encourager les courts séjours avec la possibilité de réserver à partir de 3 nuits minimum au lieu de 7, tout en facilitant les réservations de dernière minute. “Quant aux séjours initialement réservés pendant les vacances de Noël notamment au sein de ses résidences qui resteront fermées, Odalys proposera à ses vacanciers des solutions adaptées de relogement, remboursement ou report en fonction des situations”, assure l’opérateur.

Exister au-delà du ski

Et ils sont nombreux à avoir fait le choix de s’adapter coûte que coûte, en proposant de nouvelles conditions d’annulation ou de remboursement et autres “assurances covid”. C’est le cas notamment chez Pierre & Vacances, Néméa, Vacancéole, Travelski ou Locasun, qui ont tous remodelé leurs conditions commerciales, ainsi que le rapporte le comparateur Ski Express. Spécialiste de la location saisonnière avec services en chalet ou en appartement, Cimalpes est allé plus loin encore, en offrant une remise de 30% accordée aux clients qui décident de maintenir leur réservation en dépit de la fermeture des remontées mécaniques. Un parti pris également par certaines stations qui proposent aussi des réductions.

Pour les stations, comment exister en tant que destination au-delà du ski alpin ? Cette question, les professionnels de la montagne se la posent depuis plusieurs années déjà. Le sujet était notamment à l’ordre du jour d’un brainstorming organisé fin novembre par France Montagnes et Cluster Montagnes. Pour toutes les stations, l’objectif est plus que jamais de valoriser les activités autorisées, puisque le ski alpin ne sera pas possible au cours des prochaines vacances. Ski de fond, rando raquettes, luge, fatbike, plongée sous glace mais aussi yoga ou visites de fermes… la palette est large. Dans ce contexte, Samöens propose ainsi pour la première fois une « frozen river », à descendre en raft, canöe, Airboard ou Hydrospeed. Autre option : le « snow tennis », à pratiquer en doudoune, dans la neige. Les exemples abondent, et les stations affinent aussi un programme d’animations compatibles avec la situation sanitaire. Et si les bars et restaurants devront garder portes closes, là aussi certains s’organisent pour proposer boissons et plats en « Click and Collect ».

Suspendus aux annonces

Reste que le volume d’affaires habituel sera loin d’être là. S’ils ont choisi de maintenir l’ouverture de leurs hébergements en montagne, certains exploitants vont aussi ouvrir des résidences à la mer alors qu’ils ne le faisaient pas les autres années, indique de son côté le Syndicat National des Résidences de Tourisme et des Apparthôtels. “Cette décision devrait permettre de satisfaire une demande attendue de réservations (en partie celles des reports des annulations de vacances à la montagne et les réservations de toute dernière minute).” « L’objectif est de répondre non seulement aux besoins des Français qui choisiront de partir pour les fêtes, mais également à la pression de certaines communes qui demandent le soutien des résidences pour maintenir l’activité touristique dans leurs régions », explique le syndicat.

En montagne ou ailleurs, les professionnels restent suspendus aux prochaines annoncent du gouvernement qui doit détailler jeudi les modalités de la phase 2 du déconfinement. Et ce alors que la niveau actuel des contaminations au coronavirus ne correspond pas aux objectifs fixés par le chef de l’Etat. Jean Castex doit s’exprimer sur cette nouvelle phase du déconfinement jeudi, à 18 heures. Il faudra de tout façon être patient. L’ouverture des domaines skiables ne doit pas avoir lieu avant le mois de janvier d’après le calendrier du gouvernement. Sauf coup de théâtre… Saisi par six régions, quinze départements et quatre syndicats professionnels, le Conseil d’Etat doit bientôt se prononcer sur la fermeture des remontées mécaniques.

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