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Selon Fleur Pellerin, les OTAs ont un droit de vie ou de mort sur des milliers d’acteurs

Nous avons interrogé la ministre de l'Economie numérique sur l’économie du partage, qui fait l’objet d’un dossier dans le magazine du 11 octobre. Fleur Pellerin s’exprime aussi sur les grandes centrales de réservations hôtelières, les futurs quartiers numériques et la réglementation.

L'Echo touristique : Comptez-vous soutenir l'essor de l'économie du partage à travers, notamment, les futurs quartiers numériques ?

Fleur Pellerin : La diffusion du numérique, le développement de la culture du partage, mais aussi la raréfaction des ressources énergétiques nous amènent à repenser nos modes de consommation. C'est dans ce contexte que l'économie collaborative émerge. Le gouvernement souhaite accompagner le développement de ce secteur. Mon projet de "Quartiers numériques" a pour objectif de soutenir les écosystèmes numériques et vise à accompagner les start-up à fort potentiel pour en faire des champions mondiaux. Il est aussi bien entendu ouvert à l'économie du partage.

Pensez-vous que l'économie du partage, qu'incarnent des entreprises comme Airbnb ou Blablacar, prend peu à peu des parts de marché aux entreprises de l'économie traditionnelle ?

Il ne faut pas opposer l'économie du partage et l'économie traditionnelle ! L'économie collaborative concerne tous les secteurs économiques : le bricolage, la gastronomie, les transports, etc. Une étude récente du cabinet Altimeter recense plus de 200 start-ups dans ce secteur. La question de la redistribution des parts de marché est complexe. Je pense que le premier impact de l'économie collaborative est de permettre de nouveaux échanges : pensons, par exemple, à la location de voiture entre particuliers en zone rurale. L'économie collaborative peut aussi parfois permettre un gain de pouvoir d'achat pour le vendeur comme pour l'acheteur, comme le souligne le succès du Bon Coin. Bien sûr, des acteurs existants peuvent être perturbés et nous devons accompagner cette transition.

Les hôteliers ont-ils raison d'être inquiets par le développement de cette économie du partage ?

Je crois qu'il faut prendre le temps de comprendre et d'adapter la réglementation. Je comprends les hôteliers qui pointent une forme de concurrence déloyale quand ils doivent respecter des critères stricts en matière sanitaire ou de sécurité. Dans le même temps, peut-être y a-t-il aussi une certaine complémentarité entre des offres de logement chez l'habitant et d'autres proposées par des acteurs de l'hôtellerie. Mais je crois que le vrai sujet est ailleurs. Le problème que rencontrent aujourd'hui les acteurs du tourisme concerne d'abord leur situation de dépendance vis-à-vis des grandes plateformes de réservation en ligne. Elles ont un droit de vie ou de mort sur des milliers d'acteurs du secteur qui sont contraints de passer par elles pour gagner en visibilité et trouver des débouchés. Cette situation doit évoluer.

La règlementation française doit-elle évoluer pour mieux encadrer la location de logements entre particuliers ?

Aujourd'hui, comme pour les chambres d'hôte ou d'autres types de location, il est en effet important de clarifier la réglementation. De nombreux débats ont eu lieu lors de la récente loi sur le logement et un compromis a été trouvé à l'Assemblée nationale pour éviter un risque juridique sans brider l'innovation. Que les plateformes jouent un rôle dans l'accompagnement des particuliers qui louent leur logement me semble efficace. Le débat parlementaire va maintenant se poursuivre au Sénat. Nous devons adapter notre action et nos outils à l'accélération numérique !

A lire aussi, notre dossier sur l'économie du partage "La révolution du co est en marche", dans L'Echo touristique 3082.
 

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