Louvre : une « note confidentielle » révèle de sévères avaries
Une note confidentielle du 13 janvier 2025, adressée par la présidence du Louvre au ministère de la Culture, alerte sur l’état du plus grand musée du monde.
Ça y est, le musée du Louvre à Paris est « structurellement dépassé ». Du moins, c’est ce qu’écrit sa présidente, Laurence Des Cars, dans une note adressée à Rachida Dati, ministre de la Culture, révélée par Le Parisien – et que L’Echo touristique a pu consulter. Dans cette note nommée « Point d’étape et constats », Laurence Des Cars y dresse le constat de « la réalité sévère de l’état de nos bâtiments ».
« Beaucoup arrivent à un niveau d’obsolescence inquiétant », s’alarme la présidente. « Certains ne sont plus étanches, quand d’autres connaissent d’importantes variations de température mettant en danger la conservation des œuvres. »
« Visiter le Louvre constitue une épreuve physique »
La présidente fustige également l’expérience proposée aux visiteurs, malgré des mesures mises en place dans les premiers temps de son mandat. « Visiter le Louvre constitue une épreuve physique ; accéder aux œuvres prend du temps et n’est pas toujours chose aisée ». Selon Mme Des Cars, « l’offre alimentaire et les sanitaires sont en volume insuffisants ». Voire « largement en deçà des standards internationaux ». Les visiteurs ne bénéficient par ailleurs « d’aucun endroit où faire une pause ». En somme, tout est à repenser.
Tout, et même la place de la Joconde, l’œuvre emblématique du musée. « De l’avis de tous, la présentation de la Joconde en Salle des Etats doit être interrogée », assène la patronne du Louvre. Selon elle, la célèbre Mona Lisa de Léonard de Vinci manque de « clefs de compréhension », sur l’œuvre comme sur son créateur. Des réflexions qui avaient déjà été amorcées en avril 2024, « en lien avec le ministère de la Culture », la Joconde méritant selon Laurence des Cars une salle à part.
Vers un musée repensé ?
Selon la note adressée à Rachida Dati, de toute évidence, c’est le modèle même du Grand Louvre qui est dépassé. Victime de son succès, l’édifice conçu dans les années 1980 pour accueillir « quatre à cinq millions de visiteurs par an » en accueillait jusqu’à 10 millions en 2019 et 8,7 en 2024, malgré les Jeux Olympiques de Paris. « La conception de la Pyramide révèle d’importantes lacunes », cingle Laurence des Cars. « Lors des journées de forte chaleur, l’effet de serre, créé par la verrière, rend cet espace très inhospitalier pour public qui la traverse et les agents qui y travaillent ». Elle dénonce également le « traitement phonique » de la salle, « médiocre » selon elle.
Si la note ne contient pas d’élément chiffré, elle explore certaines pistes, notamment en vue de décongestionner l’entrée principale. Ainsi, on réfléchirait à la création d’une entrée supplémentaire à l’extrémité est du palais, face à l’Eglise Saint-Germain-L’auxerrois. Mais dans un contexte de coupes budgétaires, où les enveloppes financières allouées aux musées ne cessent de réduire, quid de travaux d’ampleur pour l’ancien palais des rois de France ?
Pour l’instant du moins, « des discussions ont lieu entre la présidence, le ministère de la Culture et le Louvre, et le chef de l’Etat compte se saisir de ce dossier prochainement », indique au Parisien une source proche d’Emmanuel Macron. De toute évidence, comme l’écrit Laurence des Cars, « cette situation ne peut plus souffrir le statu quo ».