[L’ÉDITO DE LINDA] Air France Holidays, un petit air de Jet tours
Le forfait, un juteux business pour Air France, pris aux agences et aux TO ? Air France nourrit en tout cas de grandes ambitions dans le forfait dynamique, à travers un nouveau site de voyages.
C’est désormais officiel. Air France a lancé Air France Holidays, un site de forfaits dynamiques « vol+hôtel ». La compagnie nationale n’est toutefois pas novice en la matière. La major a démarré la commercialisation de forfaits dynamiques dès 2017. S’attirant au passage la foudre de certains voyagistes.
Aujourd’hui, la compagnie ne se cache plus derrière une newsletter de ventes flash, son ancienne « collection », qui a visiblement fait ses preuves. Au contraire. Air France Holidays est au coeur d’une campagne marketing d’ampleur à la télé comme dans le métro. Nul doute que ses ambitions sont musclées.
Pour Air France, le métier de voyagiste n’est pas du tout nouveau. C’est sous son aile que le tour-opérateur Jet tours (désormais dans le giron de NG Travel) prend son envol à compter de 1968. La compagnie le cédera en 1997, pour un euro symbolique, à René-Marc Chikli (Seto). Il s’agissait alors d’un TO « tradi », avec des engagements aériens et hôteliers, et d’importants frais de structure.
Un juteux business pour easyJet Holidays
Air France Holidays, c’est la version « à bas coûts » du voyagiste, sans effectifs en propre ou presque. Sans risque majeur comparé à l’ancien Jet tours. C’est l’association de sièges – parfois des invendus – et de chambres d’hôtel bien négociés. « Le prix global du forfait permet à Air France de faire du yield spécifique à cette activité, et de gérer ainsi librement son déstockage. C’est extrêmement puissant », souligne un expert des technologies appliquées au voyage.
Un juteux business pour Air France ? Il est encore un peu tôt pour le dire. Le groupe se contente d’annoncer « l’objectif de doubler le CA sur 2025 par rapport à 2024, et de le multiplier par 6 d’ici 2029 », nous indique son service presse. Histoire de bien remplir ses avions.
Mais en tout cas, pour easyJet qui vend aussi des forfaits dynamiques avec son partenaire technologique Adcore, c’est déjà bankable. Jugez plutôt. Selon le dernier rapport annuel d’easyJet, easyJet holidays, déployé en France, a réalisé un chiffre d’affaires 2024 de 1,137 milliard de livres (1,4Md d’euros). Avec quelque 3 millions de clients (+36%) et 190M£ de bénéfices avant impôts (+56%).
En attendant de savoir si la compagnie de Ben Smith tapera aussi fort, des agences et des voyagistes ont le sentiment qu’une fois de plus, Air France privilégie la vente directe. Et qu’elle cherche à tout prix à leur prendre des parts de marché. Sans aucun doute.
Agences et TO doivent être darwiniens
Et en même temps, les agences et autres TO ont bien d’autres arguments pour préserver leur clientèle et leur activité. D’abord, le sur-mesure – on ne le répétera jamais assez. Ensuite, la relation personnalisée, humaine. Enfin, de nombreuses gammes de prix, quand Air France se positionne sur du Premium avec des hôtels 4 et 5 étoiles. Et ne propose par définition « que » Air France.
Mais autant se le dire, les forfaits simples risquent d’échapper graduellement à la distribution traditionnelle. Dans la famille Air France, l’enfant Transavia vend aussi des forfaits dynamiques, cette fois dans l’entrée de gamme, avec le même partenaire, PerfectStay. Et bien d’autres compagnies développent également les packages dynamiques, avec leur positionnement respectif. De British Airways à Qatar Airways en passant par Emirates. Un peu dans le même esprit, des aéroports vendent des billets d’avion en marque blanche. De nouveaux concurrents s’invitent ainsi dans le jardin des agences et des TO, qui doivent être darwiniens pour poursuivre contre vents et marées. Aux acteurs traditionnels le soin, aussi, de trouver des opportunités. L’avenir appartient aux plus agiles, ceux qui parviennent à se réinventer dans un monde qui bouge très vite. Avec des concurrents aux profils protéiformes.
A quand, d’ailleurs, des voyagistes traditionnels vendus par Air France et consorts ? Certains en rêvent…