L’édito de Dominique Gobert : le pavillon noir flotte vers l’Est…
Que le grand cric me croque, aurait vitupéré cet excellent capitaine Haddock. Mais quelle honte, quelle fumisterie de la part de ces dictateurs improbables mais vivants de notre continent européen. Malheureusement, du côté des civilités démocrates, peu de réponse possible…
Rien ne laissait supposer que ce vol de Ryanair qui décollait en ce dimanche d’Athènes à destination de Vilnius, la capitale de la Lituanie, allait être l’objet de la vindicte d’un monstrueux monstre (c’est exprès). Et qu’un journaliste – personne n’est parfait – allait subir l’assaut conjoint de barbouzes venus de l’Est et de pirates aériens qui ont conduit l’ensemble des passagers vers Minsk, cité principale de la Biélorussie.
Roman Protassevitch et sa jeune compagne ont vite compris que cette attaque les concernait et que, vraisemblablement, ils avaient peu de chance de revoir la Lituanie… un jour.
Roman, jeune journaliste de 26 ans, opposant pacifique (il n’a pour armes que l’écriture) ne connaîtra sans doute pas le bonheur de vivre en démocratie, de pouvoir, exprimer ses opinions. Et surtout de vivre, comme nous, européens de l’Ouest, en liberté, même si certains n’arrivent pas encore à intégrer cette notion primordiale.
Mais il est vrai que Loukachenko, Alexandre de son prénom, aura tout fait pour que la Biélorussie ne puisse jamais jouir de cette notion fondamentale pour tout être humain. Mais, quand on a un « grand frère » comme le bon Vladimir, Poutine (ça me fait penser à ce plat absolument improbable qu’affectionnent nos cousins canadiens), pourquoi se gêner ?
Et pourtant, lorsque l’on emprunte un vol commercial, dans un pays civilisé, on peut logiquement penser que, sauf accident mécanique, on va atterrir tranquillement dans le pays de destination. La Lituanie, que je sache, fait partie de l’Europe…
Les barbouzes du KGB ont bien fait le boulot. Parce que, faut pas être idiot, la liste des passagers du vol Ryanair n’avait pas été diffusée à tous les aéroports du monde. Pour savoir que le jeune Roman était à bord, fallait avoir consulté cette liste.
Et puis quand même : annoncer à l’appareil de ce brave camarade O ’Leary qu’il y avait un danger à bord, quelle clownerie. L’avion, d’après les contrôleurs aériens, était à moins de 10 minutes de la Lituanie, alors que Minsk était à plus de 20 minutes de vols. Pourquoi envoyer un gros Mig, armé jusqu’aux dents et dérouter le vol Ryanair ?
Pour les touristes, ça va faire grand désordre !
Car c’est aussi la question, alors que le transport aérien est encore plus que fragile : pourra-t-on prendre un vol vers des pays inquiétants en traversant leur espace aérien ? Et se retrouver mêlés à des affaires pas très amusantes.
Hélas, apparemment et encore une fois, face à la force et la dictature, l’Europe (et le monde démocratique) semble bien désemparée. Certes, dorénavant la appareils Biélorusses, tels Belavia, ne pourront plus se rendre en Europe. Ca leur fait une belle jambe. Et l’Europe, en déroutant ses avions au-delà de l’espace aérien soviétique (oui, c’est toujours la Sovietie, finalement) va supprimer aux contrôles biélorusses quelque juteuses redevances.
En attendant, un jeune journaliste risque la mort…