La Tunisie s’autorise un humour jusqu’alors interdit

« On dit qu’en Tunisie, les balles fusent. » Il y a quatre mois, c’était celles des forces de sécurité tirant sur les révolutionnaires de l’avenue Bourguiba. Aujourd’hui, ce sont celles des joueurs de golf sur les greens du pays. La campagne de communication pour la relance de la Tunisie prend le parti de s’amuser avec les fantasmes d’un État à feu et à sang, et détourne avec humour les événements qui l’ont secoué en janvier. La première vague de publicité, qui a débuté le 9 mai, est donc destinée à lever les inquiétudes des touristes étrangers, qualifiées d’« irrationnelles » par Habib Ammar, le directeur général de l’Office national du tourisme tunisien. Deux autres phrases choc ont été sélectionnées : « Il paraît qu’en Tunisie, la tension est à son comble » (associée à la photo de touristes les doigts de pieds en éventail sur la plage), et « On raconte que la Tunisie est un champ de ruines » (sur fond des ruines multimillénaires de Carthage). Un ton provocateur auquel personne ne se serait essayé il y a encore quatre mois. Une deuxième vague aura lieu en juin. On y verra des visages de Tunisiens travaillant dans le tourisme (un plagiste, des guides…), « souriants et libérés, incarnant la Tunisie nouvelle », avec cette invitation à chaque fois répétée : « Venez à notre rencontre ». Un volet télé est enfin prévu à partir du 10 juin. Une première depuis dix ans.