L’Égypte : un patrimoine fragile
Le soleil et le tourisme menacent le patrimoine égyptien. Le pays pose de premiers jalons pour protéger les sites. Il y a urgence.
«En 40 ans, les sites de l’Égypte ancienne ont plus changé qu’au cours des 40 siècles précédents », ironise à peine un guide local. Le sable les a longtemps protégés des morsures du soleil, du vent et… des touristes. Le pays des pharaons a enregistré 11,1 millions de visiteurs en 2007 (+ 22 %). 395 572 Français ont foulé son territoire de janvier à août 2008 (+ 23,1 %).
LES TOUR-OPÉRATEURS À LA TRAÎNE
Victimes de leur succès, temples et tombes souffrent du tourisme, comme le souligne l’Unesco (lire l’article ci-dessous). D’aucuns se demandent ce que nous laisseront à nos enfants… Sur le tourisme responsable, Marmara, Sti Voyages et Nouvelles Frontières, les TO leaders, refusent de s’exprimer. Une façon élégante d’éviter toute langue de bois, même s’ils réfléchissent à la question. Pour l’Office du tourisme d’Égypte, les voyagistes peuvent apporter leur pierre dans la préservation du patrimoine. Nahed Rizk, directrice pour la France, les invite à étaler les visites, et à diversifier les circuits. « La Moyenne Égypte, la Nubie et Le Caire méritent d’être davantage programmés. » Le pays essaie de limiter l’empreinte du tourisme. Les tombes se visitent en roulement : « En général, une dizaine de tombeaux sont ouverts simultanément », indique Nahed Rizk. Certaines tombes sont fermées au public, d’autres demandent un droit d’accès exorbitant. L’Égypte a-t-elle envisagé des fac-similés, comme pour la grotte de Lascaux ? « Il y a eu des projets, mais aucun n’a abouti. » Concernant les croisières sur le Nil, la destination met la pédale douce : « Depuis quatre ans, les autorités ne délivrent plus de nouvelle licence. » Un nouveau bateau est un ancien rénové, ou un neuf qui hérite d’une vieille licence, précise Nahed Rizk.