Higüey Une pointe de basilique

Lorsqu’on parcourt la grosse péninsule de Punta Cana, on passe un jour ou l’autre par Higüey. Et quand on en fait une exploration systématique, Higüey devient vite votre case départ favorite. Le temps d’un jus d’oranges fraîches, d’une noix de coco, d’un riz aux haricots ou d’un shopping sportif dans les pétarades des motoconchos – ces vélomoteurs que l’on chevauche avec les quatre autres membres de la famille ! Higüey, c’est aussi sa basilique nationale en béton, exécutée par un disciple du Corbusier pour loger Notre-Dame de Altagracia, gardienne de Saint-Domingue. Elle est toujours plus ou moins courue. Mais on s’y rend moins en adepte du Guide Bleu que de la foi catholique. Une grand-mère pose une étoffe sur le mouton de ciment de la Virgen, puis le reprend, chargé de rayonnement bénéfique. Sur l’écran photo de son cellulaire, un époux et père fixe la piété familiale de ses femmes. Même les réfractaires aux bondieuseries trouveront du plaisir dans ces scènes éclairées de bougies. Le plus extraordinaire est l’entrelacs de lignes de l’intérieur, rehaussé par la teinte des épais vitraux. Une fois n’est pas coutume, l’église n’est pas une cathédrale baroquisante de conquistador, mais une oeuvre moderne qui, avec le lourd phare de Colomb à Saint Domingue ou la colonne de Trujillo, à Santiago, montre que la République dominicaine sait construire autre chose que des hôtels.