Héraklion Au pays de Candie

Sous l’ombre d’arbres épais, quelques hommes sur des chaises de paille sirotent leur raki, l’ouzo local, tandis que d’autres somnolent devant un café grec qui décante. Malgré la circulation bruyante alentour, l’ancienne Candie, enserrée dans ses remparts vénitiens, est une grosse bourgade provinciale léthargique écrasée sous une chape de soleil. De la place des deux fontaines, l’une turque, l’autre vénitienne, part la rue 1866 où s’entassent des bouchers, des torréfacteurs, des boutiques de souvenirs, des marchands de légumes, de chaussures, de bijoux, d’éponges marines, de bonbons multicolores, d’épices… Des ménagères, quelques popes barbus et des touristes haletants se croisent pour leurs emplettes. A quelques pas de là, la placette vide de l’église Agios Titos, encadrée de palmiers ventrus, respire la paix et le silence. Juste derrière, dans un labyrinthe de ruelles, la jeunesse crétoise s’est donnée rendez-vous dans quelques cafés branchés. A deux pas, la cathédrale, au milieu d’un espace éblouissant de pierres blanches où les passants se signent, ne résonnent que des jeux d’enfants. C’est là que s’ouvre le discret musée des icônes. Poussée la porte de cette chapelle byzantine, les yeux ont à peine le temps de s’habituer à la pénombre qu’éclate une symphonie de couleurs : un festival d’auréoles d’ors, de vêtements pourpres et un foisonnement d’anges.