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Guillaume Linton (Asia) : « La reprise est poussive sur le segment des GIR »

Alors que la Thaïlande vient d’annoncer l’assouplissement des conditions d’entrée pour les voyageurs français, Guillaume Linton, le PDG d’Asia, fait le point sur l’actualité du tour-opérateur.

L’Echo touristique : La Thaïlande va assouplir les conditions d’entrée pour certains voyageurs, et notamment les Français. Votre réation ?

Guillaume Linton : C’est une excellente nouvelle. Je pense qu’elle peut avoir un effet d’entraînement, et inciter les autorités d’autres pays de la région, comme le Vietnam ou l’Indonésie, à accélérer leurs réouvertures ou l’accès à leurs grandes régions touristiques. La Thaïlande est la première grande destination touristique d’Asie à envoyer un signe fort de réouverture en ce début d’année, et on ne peut que s’en réjouir. Nous sortons d’une année 2021 très compliquée pour le segment du long-courrier en général, et de l’Asie en particulier. Les destinations adoptent des stratégies anti-Covid très strictes, et certaines sont fermées depuis le début de la pandémie. La Thaïlande a été la première, l’été dernier, à rouvrir, par séquences, ses frontières. Traditionnellement, c’est notre destination la plus forte en nombre de clients. C’est elle qui nous a permis de faire un peu de volume, sur le dernier trimestre 2021. Nous avons atteint environ 30% du volume de départs enregistrés en 2019. Ça reste donc très en-deçà de ce que nous avons l’habitude de faire avec la Thaïlande.

Vous avez pu opérer dans d’autres destinations, pas forcément asiatiques ?

Guillaume Linton : Le Sri Lanka a rouvert pendant l’été et, même si c’est plutôt une destination d’hiver, elle a bien fonctionné pendant le dernier trimestre. Les contraintes d’accès au territoire sont relativement légères, ce qui permet au Sri Lanka de tirer son épingle du jeu. Nous enregistrons, comme pour la Thaïlande, entre 20 à 30% de la volumétrie constatée en 2019. Et il y a, bien sûr, le succès de Dubaï. La destination est ouverte depuis le début de la pandémie ou presque et, là encore, les formalités d’accès ne sont pas trop contraignantes. L’Exposition Universelle a évidemment permis d’accroître l’attractivité de la destination, qui est notre troisième la plus vendue en 2021. Et puis nous avons eu quelques bonnes surprises, comme la Jordanie et le Sultanat d’Oman et même les destinations d’Asie centrale (Ouzbékistan, Géorgie, Arménie), même si nous parlons de volumes bien moins importants.

Il s’agit surtout de clientèle individuelle ?

Guillaume Linton : C’est vrai que la clientèle individuelle, et séjour en particulier, est celle qui se repositionne le plus spontanément. Nous voyons également de nouveaux clients rentrer dans nos agences. Des couples actifs, par exemple, ou des voyageurs solo, habitués à réserver leurs voyages sur Internet. Avec le contexte pandémique, ces clientèles ont besoin de réassurance et s’adressent, peut-être pour la première fois, à une agence de voyage. C’est intéressant, on ne connaissait pas ces clientèles. La clientèle « Groupes » constitués s’est, elle aussi, assez vite repositionnée. L’arrivée de Grégory Gueugnon, un visage bien connu du marché, et le partenariat noué avec AmériGo nous permet de proposer toute la planète, ou presque, à cette clientèle. Nous sommes donc plutôt satisfaits de notre activité Groupes, malgré un petit ralentissement observé au moment de l’apparition du variant Omicron.

Le segment des GIR répond également présent ?

Guillaume Linton : Concernant les GIR, la reprise est bien plus poussive, et ne montre que très peu de signe de redémarrage. C’est une clientèle différente, souvent plus âgée, et peut-être plus anxieuse face à la perspective de voyager en ces temps pandémiques. Le redémarrage ne sera pas possible, sur ce segment, tant que le contexte sanitaire ne sera pas plus clair. C’est aussi une clientèle à laquelle nous allons devoir nous adresser d’une façon particulière, pour les rassurer. Sur les formalités, sur la taille des groupes, sur les mesures sanitaires à destination… Il faudra être dans l’argumentation et la réassurance permanente. C’est d’ailleurs le point que nous mettons en avant, chez Asia, depuis la réouverture de la Thaïlande : l’accompagnement que peut apporter un tour-opérateur spécialiste. Par exemple, nous avons créé des « packs sérénité ». En y souscrivant, les clients se déchargent de toutes les formalités administratives, que nous gérons avec RapideVisa. 90% de nos clients partis en Thaïlande lors du dernier semestre 2021 ont choisi de prendre l’un de ces packs. Cela prouve que le marché a un besoin très fort de pouvoir trouver cet accompagnement. Nous sommes un tour-opérateur spécialiste du sur-mesure, et nous sommes obsédés par le service. Et nous insisterons sur ce point en 2022.

Comment se présente cette nouvelle année ?

Guillaume Linton : Pour l’instant, nous misons sur le même trio de tête qui fonctionne depuis l’automne dernier (Thaïlande, Sri Lanka, Dubaï). Nous allons notamment mettre en avant le Sri Lanka, une destination dont nous sommes amoureux, et où les retours clients sont parmi les plus enthousiastes. Nous organisons même un webinaire sur ces trois destinations, le 27 janvier à 10h, à destination des agents de voyages. Nous réfléchissons également à l’organisation d’un éductour, pour le printemps, à destination. Au-delà de ces destinations, nous espérons la reprise du marché sur les destinations « circuits » ouvertes, comme le Sultanat d’Oman, la Jordanie ou l’Ouzbékistan. Nous avons des dates de départs prévues dès le mois de janvier : cela montre qu’on peut quand même y arriver ! Voilà comment nous commencerons l’année. Nous espérons ensuite que le deuxième trimestre 2022 sera un vrai accélérateur pour le reste du continent asiatique.

Malgré le contexte, la production d’Asia aura le droit à des nouveautés ?

Guillaume Linton : Nous faisons plusieurs paris. D’abord, nous lançons deux nouvelles destinations : la Russie et Israël, pour la clientèle circuits avant tout. Nous cherchons également à nous positionner en Arabie Saoudite. C’est la destination qui va émerger en 2022, j’en suis certain, et notre équipe de production est revenue enchantée de son voyage de repérages. Nous rajoutons également le Zimbabwe (en extension depuis l’Afrique du Sud) et nous réfléchissons à nous renforcer en Afrique australe, via notre marque Equatoriales, avec la Namibie, le Botswana ou le Kenya. Nous renouvelons également notre partenariat avec Intermèdes, pour garder le lien avec la clientèle circuit et permettre à ceux qui ne veulent pas voyager en long-courrier de partir en Europe dans de très bonnes conditions.

Asia insiste donc sur sa stratégie de diversification ?

Guillaume Linton : C’est un pan important de notre stratégie, mais elle repose avant tout sur les destinations asiatiques qui structurent, habituellement, notre activité. Par exemple, nous attendons avec impatience la réouverture du Japon, même si le pays est totalement fermé à l’instant T. C’est une destination majeure pour Asia. Nous n’avons pas beaucoup d’informations, et il est peu probable que le Japon rouvre avant l’été, voire l’automne. Mais nous sommes quand même en train de sécuriser nos stocks aériens et hôteliers, notamment pour pouvoir positionner des départs en GIR dès que cela sera possible. Nous parions également sur la réouverture de l’Indonésie, et de Bali en particulier. Enfin, la dernière grosse réouverture que l’on attend, c’est celle du Vietnam. Là encore, nous avons peu d’informations, et les capacités aériennes seront stratégiques au moment de la reprise, mais cette réouverture serait un signal très fort pour le tourisme en Asie et les destinations qui dépendent du Vietnam, comme le Cambodge ou le Laos.

Pour les voyagistes, il est temps de retrouver un fonctionnement normal ?

Guillaume Linton : C’est ce que nous attendons tous avec impatience. Les opérateurs, comme nous, qui dépendent du long-courrier, ne pourront pas sortir la tête de l’eau immédiatement. Il faut pouvoir prolonger les différents dispositifs d’aide pour que la sortie de crise se passe dans de bonnes conditions. Ces aides ont été très précieuses depuis le début de la pandémie, et je remercie le Seto et les EdV pour leur travail auprès des instances. C’est grâce à elles que nous avons pu conservé nos talents, notre expertise et nos compétences. Même si nous avons dû nous séparer de 25 salariés… Nous sommes désormais 105 à travailler pour Asia, contre 130 au début de la pandémie. Il ne faudrait pas que le dispositif s’arrête brutalement, au risque de gâcher tous ces efforts.

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