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Fram hisse les voiles avec Plein Vent

« Fram fait le choix de la croissance externe en tour-operating en se portant acquéreur de Plein Vent. Un rachat « surprise », mais bien vu, qui permet au groupe toulousain de renforcer son assise régionale et de conforter son développement. »

C’est ce qui s’appelle un joli pied de nez ! À la concurrence, au marché, à la crise, à tous ceux qui répètent à l’envi depuis des mois que Fram est mort, plombé par ses dissensions familiales et d’actionnariat, à vendre, pas dans le coup… En annonçant, sans crier gare et à la surprise générale, le 12 novembre, le rachat de Plein Vent, le groupe dirigé par Antoine Cachin prend tout le monde à revers, et ce, avec une satisfaction non dissimulée. « Vous attendiez une vente, et bien voilà un rachat ! » Et pas n’importe lequel. Il faut dire que cette opération de croissance externe, la première pour Fram en matière de tour-operating, est un beau coup, de ceux qui ont du sens et s’inscrivent dans une stratégie bien pensée.

PLEIN VENT GARDE SA MARQUE ET SON AUTONOMIE

En faisant l’acquisition, pour un montant non communiqué de Financière Plein Vent, la holding qui regroupe les marques Plein Vent et Tourivac, le groupe toulousain renforce son ancrage régional et en fait un des leviers de son développement. « Le Sud-Est et l’Est sont des régions où nous sommes traditionnellement plus faibles », explique Antoine Cachin, président du directoire. « Marseille et Lyon, en revanche, sont les plates-formes privilégiées de Plein Vent qui y fait décoller 90 % de ses 62 000 clients forfaits. » La complémentarité est évidente donc, d’autant que l’alsacien Tourivac, racheté par Plein Vent il y a deux ans et passé à 100 % dans le giron du TO niçois il y a tout juste une semaine, est actif, lui, depuis Mulhouse et Strasbourg. « Nous renforçons notre légitimité régionale en étant présents sur tous les aéroports importants, avec une taille critique qui nous faisait défaut », explique Antoine Cachin. « Cette acquisition permet à Fram de mieux maîtriser son offre. Ainsi allié à Plein Vent, nous pourrons consolider nos achats aériens et serons l’un et l’autre moins dépendants de coaffréteurs. » Plus forts aussi face à des concurrents dynamiques depuis la province comme Marmara ou Look Voyages. En termes de destinations, ce mariage semble tout aussi idéal. Fram et Plein Vent programment, entre autres, en commun la Tunisie (125 000 clients à eux deux), le Maroc, l’Espagne (51 000 clients aux Baléares si on consolide les chiffres 2007), mais aussi la Bulgarie, la Croatie, Malte… « Nous allons pouvoir actionner les synergies à destination, pour les achats comme pour le réceptif. » Et jouer sur les positionnements des deux voyagistes, complémentaires eux aussi. « Plein Vent, qui conserve son management, ses équipes et sa totale autonomie de fonctionnement, est amenée à devenir la marque nationale entrée de gamme du groupe Fram », commente Antoine Cachin. Un vrai atout, gage de flexibilité, encore plus en période de crise.

Celle qui s’installe depuis quelques semaines a-t-elle présidé à ce rapprochement ou au contraire risqué de le compromettre ? Le groupe Transat, actionnaire de Look Voyages et Vacances Transat dans l’Hexagone, a ainsi déclaré, pas plus tard que la semaine dernière, que la crise financière et économique actuelle gelait toutes ses velléités de croissance externe en Europe. Non, affirment de concert Antoine Cachin et Joost Bourlon président-directeur général de Plein Vent. Les discussions étaient menées, fort discrètement, depuis le début l’été. Avec de la part des dirigeants des deux TO une vraie concordance de vue. « J’appelais ce type d’opération de mes voeux depuis près de 20 ans », explique Joost Bourlon, convaincu de la stratégie gagnante d’un projet multirégional, regroupant dans un même ensemble des acteurs conservant leurs marques et leurs spécificités. « Enfin ! Enfin nous y sommes arrivés à ce que des TO régionaux se retrouvent dans la même maison ! », rappelant au passage la reprise avortée du nordiste Aquatour au début des années 2000 par Plein Vent comme par Fram d’ailleurs et le groupe Transat. « Airtours s’était aussi dans les années 1990 intéressé à Plein Vent, Starter a souvent été courtisé. À chaque fois, il y a eu des problèmes d’ego de la part des dirigeants. » « Ce type d’opérations n’était pas non plus, jusqu’il y a peu de temps, dans la culture d’entreprise de Fram », admet Antoine Cachin arrivé à la tête du TO il y a moins de deux ans. « Pour ma part, en revanche, je crois à l’ouverture, aux partenariats, capitalistiques ou non », insiste le président du directoire. « L’avenir du groupe Fram passe par l’augmentation de sa taille. La croissance organique, vu le contexte, est difficile. Il faut donc susciter des alliances commerciales comme celle, par exemple conclue le mois dernier avec Odalys Vacances pour l’ouverture du premier Framissima dans l’Hexagone et forcément oser un peu de croissance externe. » Une prise de risque limitée car Fram a les moyens, avec près de 120 Me de fonds propres et une confortable marge brute d’autofinancement. « En ces temps de crise, notre association prend encore plus de sens », ajoute Joost Bourlon. « Nous sommes deux entreprises solides disposant de cash. Ensemble, nous serons encore mieux armés. »

LES 600 000 CLIENTS PRESQUE RETROUVÉS

L’opération, en tout cas, ne sera pas pour déplaire aux réseaux qui réclament du stock aérien de province et apprécient les relations de proximité. « Nous fonctionnons à l’inverse des grands TO européens », remarque Antoine Cachin. « Nous allons déployer la marque Plein Vent nationalement, lui faire profiter de tous nos référencements mais pas question d’absorption ni de fusion des équipes. » Les synergies aériennes, notamment de Lyon et Marseille, devraient se mettre en place dès l’été prochain avec un travail de fond sur les productions qui se concrétisera pour les saisons 2009-2010. D’ici là, Fram aura, grâce au renfort de Plein Vent, de nouveau atteint le seuil symbolique des 600 000 clients, la performance inégalée de 2001. Avec d’autres perspectives de rachats ? « Il n’y a pas de volonté prédéterminée d’enclencher une mécanique de croissance externe », note Antoine Cachin. « Que cela bouge dans les régions peut toutefois engendrer d’autres opérations du même type », se réjouit Joost Bourlon. On sait Voyamar en Rhône-Alpes dans les starting-blocks pour poursuivre sa croissance externe. Salaün et National Tours dans l’Ouest sont alliés de fraîche date. Starter dans l’Est, nouvelle concurrence aidant, pourrait infléchir ses positions. Bref, la France des régions n’a pas dit son dernier mot. Et c’est une bonne nouvelle que ce soit Fram qui mène le bal.

« J’appelais ce type d’opération de mes voeux depuis près de 20 ans », explique Joost Bourlon, certain de la stratégie gagnante d’un projet multirégional

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