ÉDITO. Quand l’économiste Nicolas Bouzou défend l’avion
Un monde sans avion serait un monde… barbare. L’économiste a commis un tweet à contre-courant. Un petit rayon de soleil pour notre secteur qui plane dans la sinistrose.
« Un monde sans avion, c’est un monde barbare, replié sur lui-même, égocentré. Voyager en avion permet de décentrer son regard, c’est-à-dire de devenir plus humain. Nous rendrons l’avion écologique. »
Espérons que ce tweet de l’économiste Nicolas Bouzou soit entendu ! Pour l’instant, 1100 personnes ont « aimé » son éloge de l’avion. C’est bien, mais une poussière en comparaison avec les 200 000 personnes qui ont signé la pétition Oui aux trains de nuit. De old school, le ferroviaire est devenu à la fois vintage et tendance… À raison.
Pourtant, l’avion a lui aussi des raisons de convaincre. S’il est souvent identifié comme l’un des grands responsables du réchauffement climatique, il représente « seulement » 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2. Soit autant voire moins que le numérique. Et surtout, depuis plus de 10 ans, compagnies aériennes et constructeurs aéronautiques investissent de l’argent et des neurones pour un aéronef moins polluant. Demain, ce sera l’avion à l’hydrogène, nous promet Airbus. La raie manta du géant de l’aéronautique, qui n’émet pas de CO2, nous fait rêver.
« Inventer l’avion à hydrogène zéro carbone, c’est la meilleure réponse à l’aviation-bashing », a tweeté le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. En attendant, attention aux dérives ! Les vols to no where, lancés par des compagnies aériennes faméliques, sont une hérésie. Un brûlot pour les activistes et les sympathisants du flygskam (honte de prendre l’avion). On ne peut qu’applaudir quand Singapore Airlines renonce à ses vols vers nulle part, face au tollé général.
Les vols to no where, lancées par des compagnies aériennes faméliques, sont une hérésie.
L’avion ne peut être une finalité, c’est un moyen. Un moyen de rejoindre deux villes, deux pays, deux continents. Une fenêtre sur d’autres territoires, d’autres peuples, religions et cultures. Un moyen pour stimuler les affaires et l’innovation, également, en permettant la rencontre.
Un levier, aussi, pour créer des emplois. Je me souviens d’un guide égyptien, spécialiste des randonnées, parti travailler loin de sa famille, à Dubaï, après le Printemps arabe. L’anémie du tourisme international, c’est aussi cette réalité : la fin potentielle de millions de jobs. Le tourisme représente un emploi sur dix dans le monde, notamment dans les pays en voie de développement. Du moins en 2019, devenue l’année de référence pour longtemps. En France comme ailleurs, il faut s’attendre à de nombreuses suppressions de postes, comme le souligne Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. Selon lui, plus de 10 000 des 35 000 emplois risquent de disparaître dans l’écosystème des agences/TO. Et dans le monde, 120 millions d’emplois dans le monde sont menacés dans le monde en raison de la pandémie, selon l’ONU.
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