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EDITO. Symboles des vacances, des piscines à court d’eau

Ce n’est pas une blague, mais bien une mesure d’exception décidée, en raison de la sécheresse, par la Catalogne.

Fin février, la Generalitat de la Catalogne a pris des mesures draconiennes face à « la pire sécheresse du siècle », selon le quotidien espagnol El Pais. Des mesures qui touchent six millions de personnes dont la population de Barcelone. Et gare à ceux qui se la couleront douce. Les autorités prévoient pour les contrevenants des amendes allant jusqu’à 150 000 euros.

Quelles sont ces mesures ? Dans le cadre de l’état d’exception, la réduction de l’irrigation agricole passe de 25% à 40%. La consommation domestique est limitée. Aussi, plus question d’arroser les jardins privés et publics. Quant aux piscines, elles ne peuvent être que « partiellement remplies avec des systèmes de recirculation » – les autres ne pouvant pas être pourvues. Une décision hautement symbolique dans cette région très touristique, qui préfigure des conflits d’usage à venir. Entre les intérêts primordiaux des particuliers, en eau potable notamment, et ceux des loisirs, les autorités ne lésineront pas. Ce que chacun peut aisément comprendre.

Si la région prend aujourd’hui le taureau par les cornes, c’est parce que le dérèglement climatique atteint un nouveau pic. Et pour cause, il n’a pas vraiment plu depuis 29 mois. Les bassins intérieurs sont à 28% de leur capacité, les risques d’incendie augmentent. « Il pourrait y avoir des coupures d’eau à Barcelone fin 2023 », a d’ailleurs prévenu le directeur de l’Agence catalane de l’eau… Reste à savoir quels pans de l’économie boiraient le plus la tasse. En Catalogne, ce sont l’agriculture et l’industrie qui consomment l’essentiel de l’eau.

L’histoire se répète. La Catalogne était rentrée dans une situation exceptionnelle pour la première fois en 2008. A l’époque, face à la grande sécheresse, il avait même fallu faire venir de l’eau par cargo depuis la France, pour garantir l’approvisionnement en eau potable de Barcelone

Ces épisodes donnent la température de l’urgence climatique. Le déploiement d’usines de dessalement et de réutilisation des eaux usées ne règlera pas tous les problèmes. Les grands complexes hôteliers et autres Center Parcs, biberonnés à l’eau dans un monde autrefois habitué à l’abondance des ressources, doivent se préparer au pire des scenarii. Et revoir leur modèle économique. Les soucis de la Catalogne sont aussi – ou seront bientôt – ceux de toute la région méditerranéenne, incluant le sud de la France. Les périodes de sécheresse se répéteront plus fréquemment selon les experts. Il est donc nécessaire d’anticiper, et de prévoir les situations les plus épineuses pour gagner en résilience. L’eau devient plus rare, son coût augmente déjà. Et quand on devient à court d’eau, il ne faut surtout pas être à court d’idées. Les questionnements liés aux émissions de CO2 préoccupent les acteurs du tourisme et des autres secteurs. Celles relatives à H2O, pas (encore) assez.

Linda Lainé, rédactrice en chef

@Linda_Laine

 

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