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Un pro du voyage sur 3 pourrait pointer au chômage, selon J.-P. Mas

L’Etat prend en charge à 100% le chômage partiel jusqu’au 31 octobre, soit un mois de plus que prévu. Mais c’est insuffisant, d’après Jean-Pierre Mas, qui redoute des drames sociaux et psychologiques dans l’industrie.

L’Echo touristique : La prise en charge à 100% du chômage partiel est prorogée au 31 octobre, soit un mois de plus que prévu. C’est une petite bonne nouvelle ?

Jean-Pierre Mas (président des Entreprises du Voyage) : Nous en avions eu la promesse de la part de Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’Etat au Tourisme, NDLR), pas la certitude. C’est désormais acté par décret. Nous avons un mois de visibilité. C’est un premier pas vers une bonne nouvelle. Mais nous ne sommes pas satisfaits. Nos demandes vont bien au-delà pour les entreprises. Je vais les formuler lors d’une réunion ce midi, en présence notamment de Bruno Le Maire (ministre de l’Economie). Je prendrai la parole pour insister sur la situation de l’industrie, l’absence de perspectives et la nécessité de soutien pour éviter la destruction d’emplois. Notre secteur et nos besoins sont désormais identifiés. Nous attendons des réponses.

Le secteur de l’hôtellerie-restauration vient d’obtenir la prise en charge totale du chômage partiel jusqu’au 31 décembre. Vous souhaitez le même effort pour les agences et les TO ?

Jean-Pierre Mas : Nous ne nous positionnons pas par rapport aux autres. Nous devons obtenir l’indemnisation à 100% au moins jusqu’au 31 décembre.

Le gouvernement pourrait être tenté de prolonger la prise en charge à 100%, mois par mois ?

Jean-Pierre Mas : Je n’ai aucune idée de la stratégie du gouvernement. Nous sommes confrontés à une fermeture non pas administrative mais géopolitique du secteur. Il n’est même pas possible de voyager au sein de la France : les voyageurs ne peuvent pas aller en outre-mer, à défaut d’obtenir les résultats PCR négatifs dans un délai de 72h. Les voyages scolaires font face à une situation particulièrement cacophonique. Le ministre de l’Education nationale dit qu’ils sont autorisés, mais les recteurs les interdisent… Cela met en péril tout un pan de l’économie du tourisme, jusqu’aux centres d’hébergement et aux moniteurs de ski. Pourquoi les voyages scolaires seraient-ils plus dangereux que les opérations de ramassage scolaire ou le travail pendant les heures d’école ? Nous avons le sentiment de nous battre contre des moulins.

Vous allez réitérer, auprès de Bruno Le Maire, votre demande de prise en charge à 100% du chômage partiel au-delà du 31 octobre. Quoi d’autre ?

Jean-Pierre Mas : Nous demandons le maintien du chômage partiel à son taux d’indemnisation actuel de 100% jusqu’à la reprise, soit vraisemblablement au moins jusqu’à fin décembre. Nous souhaitons aussi la suppression des critères d’accès au fonds de solidarité, ce qui permettrait de prendre en charge les loyers, ou bien des aides au paiement des loyers. Au mois de juillet, nous anticipions une reprise en septembre qui n’a pas eu lieu. Aujourd’hui, le secteur est exsangue. Nous risquons d’avoir des drames de chefs d’entreprise et de familles qui ont investi leur vie dans le secteur. Nous aurons des drames psychologiques et sociaux. Si le taux de prise en charge à 100% du chômage partiel n’était pas maintenu, il y aurait une destruction d’un tiers des emplois de la branche. Plus de 10 000 emplois disparaîtraient, sur les 35 000 salariés de notre périmètre des immatriculés, correspondant aux agences et aux TO. Ce serait un drame pour les emplois et les compétences perdus. Ce serait aussi une forte charge pour le gouvernement, puisqu’il y aurait 10 000 chômeurs supplémentaires.

Même MisterFly a récemment annoncé un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Avez-vous connaissance d’autres projets de licenciements dans le secteur, notamment dans les agences ?

Jean-Pierre Mas : Les PSE concernent les grandes entreprises. Les petites n’en font pas. Quand elles suppriment 2 ou 3 emplpis, ce n’est pas public. J’ai effectivement connaissance d’entreprises qui sont en difficulté. Notamment les travailleurs non-salariés de TPE-PME qui n’ont pas droit au chômage ni au fonds de solidarité parce qu’ils ont gagné plus de 60 000 euros l’an dernier. Ils sont aujourd’hui dans la plus grande détresse, ils ne peuvent pas rembourser leurs prêts, ni subvenir à leurs besoins au quotidien. Ceux qui ont une structure économique moins solide sont fragiles, qu’ils soient gros ou petits. Même les plus forts ne tiendront pas si la situation continue…

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2 commentaires
  1. Olivier dit

    1) « Un pro du voyage sur 3 pourrait pointer au chômage » : Pour ceux qui auraient droit au chômage…. (CF TNS par exemple)
    2) le fond de solidarité de 1500€ bien qu’il ait eu le mérite d’exister dans un contexte de confinement n’est plus du tout en phase avec le désastre économique des agences qui est un secteur qui lui n’est jamais reparti depuis mars…

    3) Il serait temps de permettre aux TNS de se verser des rémunérations exonérées de charges pour être en phase avec le chômage partiel des salariés. Beaucoup d’agences n’ont pas de salariés.

    4) Une douce musique de reconfinement ou de restriction de déplacement pouvant s’annoncer d’ici peu sur la fin d’année sur de nombreuses régions. Il faudrait que nos instances puissent en collaboration avec le secrétaire d’Etat anticiper une telle décision pour que le cas échéant l’activité des agences soit protégée en créant un sas de sécurité pour le peu de départs clients encore d’actualité sur la fin d’année par rapport un CA 2020 décimé… (exemple : une autorisation de déplacement pour les groupes/individuels ayant réservé auprès d’une agence de voyages en amont d’une telle décision).

    Beaucoup a été fait mais tout reste à faire malheureusement…

  2. Brigitte vandenhende EVASIONS 92 HAVAS VOYAGES dit

    un pro sur 3 pointerait au chômage, et les non salariés ils pointent où ? les drames humains sont terribles, la casse pour le moment ne se voit pas trop, mais cela va arriver hélas très vite …

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