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Témoignage : « Mon dernier jour de travail à l’agence de voyages »

Agent de voyages depuis 13 ans, Malika a perdu son emploi à cause du coronavirus. Dans une vidéo émouvante postée sur Facebook, elle partage ce moment particulier de sa vie pour témoigner, et inciter les professionnels du voyage à se faire entendre davantage.

Déjà près de 2500 vues, des messages de remerciements et de soutien en cascade : la vidéo postée par Malika, agent de voyages à Lyon, fait visiblement écho à ce que vivent les professionnels du secteur. Alors que les voyages sont à l’arrêt, la jeune femme raconte l’impact de la pandémie sur son quotidien professionnel. Faire, défaire, s’efforcer de répondre aux interrogations des clients alors que la situation n’offre aucune visibilité.

Une situation devenue tellement critique que Malika a dû faire ses cartons et quitter son agence. A cause de la Covid-19, elle a perdu son emploi. Membre du Collectif de Défense des Métiers du Voyage, elle a décidé de filmer ses derniers moments dans ce point de vente où elle aimait travailler, pour partager son ressenti en s’adressant aux professionnels du secteur. Aux incertitudes sur l’avenir s’ajoute en effet la tristesse de ne pas pouvoir exercer son métier, explique-t-elle. Mais pas seulement. « Je pense qu’on est tous un peu dans le même cas, c’est un métier qu’on a choisi, un métier qu’on aime, un métier qui est peu valorisé, qui est très très peu connu. (…) Au choc de l’annonce, la tristesse du départ laisse place, pas à de la colère, mais en tout cas, il faudrait un petit peu plus d’implication de notre part à tous, professionnels du tourisme, parce qu’on ne nous entend jamais, on ne nous voit jamais, on a des idées qui sont totalement fausses sur ce qu’est notre métier », estime-t-elle

Depuis plusieurs semaines, les professionnels s’efforcent de mobiliser l’opinion sur la gravité de leur situation. Le Collectif de Défense des Métiers du Voyage a ainsi lancé une vidéo pour alerter sur les médias, les politiques et le grand public. Des tribunes ont été publiées. Plus récemment, une lettre a été adressée à la présidente de la Commission européenne, pour demander que des mesures soient prise de toute urgence pour coordonner les restrictions de voyage et remplacer les quarantaine par une politique de test harmonisée entre les États membres

« Il est peut-être temps qu’on se réveille »

« Ce qu’on vit est historique, ajoute Malika. À chaque crise, que ce soit sanitaire, politique ou quelle que soit la crise, on se dit que c’est du jamais vu, et puis on finit toujours par se relever. On a tous en tête 2001, le volcan, les attentats que ce soit sur notre territoire ou à l’étranger. (…) Mais au final, on revient toujours à une situation au moins identique à celle qui précède la crise. Sauf que là, cette fois-ci, la crise du Covid-19, c’est quelque chose qui touche l’ensemble de l’Humanité, il n’y a pas un pays qui a été épargné, il y en a qui s’en sont mieux sortis que d’autres en effet, mais tout le monde est quand même touché parce qu’au niveau des frontières, on a soit des restrictions qui sont drastiques, soit des fermetures de frontières, clairement, on ne peut pas faire notre travail correctement, on ne travaille plus depuis le mois de mars, on travaille très peu, finalement, depuis le début de l’année 2020. »

“Il est peut-être temps qu’on se réveille, nous, au sein de la profession, qu’on se fasse plus entendre.” “C’est vraiment une époque extrêmement étrange que nous sommes en train de vivre. (…) J’avais repris le travail, très peu, 3h30 par semaine, il s’agissait en gros de défaire le mercredi ce que j’avais entamé le lundi. C’est horrible de travailler comme ça parce qu’on a absolument strictement aucune visibilité. On ne travaille pas au jour le jour en fait, parce qu’une nouvelle annonce en chasse une autre, contredit l’annonce faite la veille. En plus, d’un côté on est aidés par le gouvernement -il faut dire ce qui est, avec toute les mesures qui ont été prises, le chômage partiel et les différentes aides qui ont été mises en place-, mais de l’autre côté on est totalement fusillés par les annonces des uns et des autres, “Restez en France”, “Ne partez pas”, “C’est grave”… Beaucoup beaucoup d’annonces comme ça, anxiogènes, constamment. Pas du tout de valorisation de notre métier, de ce que l’on pourrait apporter en plus, comme protection ou comme garantie pour les clients.”

« Travailler comme ça, c’est extrêmement désagréable »

“Travailler comme ça c’est extrêmement désagréable, la motivation s’en va, il faut dire ce qui est. Quand tu es là que très peu de temps à l’agence et que finalement ton temps de présence tu le partages entre essayer de répondre à des questions qu’on te pose mais toi, tu n’es pas devin. Tu ne sais pas ce qu’il va se passer la semaine prochaine, on te demande des garanties avant de booker, de finaliser une réservation, que tu ne peux pas apporter. Tes clients, quand finalement ils se décident à réserver leur voyage, tant qu’ils ne sont pas partis, et tant qu’ils ne sont pas revenus, tu n’es pas serein. C’est complexe. Du coup, ce n’est pas super agréable de travailler, je vous souhaite vraiment beaucoup de courage pour les mois à venir, parce que je pense, de toute façon c’est unanime, que d’ici la fin de l’année rien ne changera et vous serez dans la même situation professionnelle.”

Le témoignage de Malika trouve visiblement une résonance chez de très nombreux professionnels du secteur. « J’ai reçu une vague d’amour et de solidarité depuis hier soir c’est incroyable ! », se réjouit la jeune femme, contactée par L’Écho touristique. Je pense qu’on se sent moins seul et que beaucoup ont besoin de se faire entendre et d’extérioriser questionnements, inquiétudes et peurs de l’avenir.”

À la fin de la vidéo, Malika se filme en train de faire ses cartons. « La crise du Covid-19, des chiffres irréels, effrayants, peut-on lire. 100 millions d’emplois impactés à travers le monde. (…) Des aéroports fermés, des voyageurs privés de découvertes, des hôtels fermés, des compagnies aériennes en souffrance, des agences de voyages sous perfusion, des milliers d’emplois menacés. Et mon fauteuil vide…”.

4 commentaires
  1. BONLIEU VOYAGES BONLIEU VOYAGES dit

    Bonjour

    tout à fait d’accord il faut se réveiller !!! on ne va pas mourir du Covid mais de la misère des suicides et notre métier d’agent de voyages ne me fait plusrêver qui accepterait de défaire sans cesse son travail ??? comme si un maçon détruisait son mur jour après jour brique par brique.. l’avenir est morose mais essayons de sortir grandis plus forts ensemble !!! et valorisons enfin notre savoir faire et notre valeur ajoutée

  2. S dit

    Je suis dans le tourisme également : Guide Conférencière et on nous abandonne, personne nous répond pour de l’aide !
    J’ai vécu mon métier après le 11 septembre puis, la vache folle, l’éruption du volcan, le terrorisme un peu partout et on nous soutenait !
    Cette fois-ci, nous (GC) sommes les oubliés du gouvernement…
    Les agences ferment : pas de boulot !
    Les faux guides sortent comme des moustiques sans dard…

  3. Anonyme dit

    Cette crise est catastrophique pour le monde du tourisme.

  4. Pierre dit

    Quand est-ce que les Français vont se réveiller et dire STOP à tout ceci ? Nous sommes gouvernés par des politiques qui sont en totale déroute et qui se protègent eux avant tout. Les restaurateurs marseillais vont peut-être un peu se rebeller. Les charrettes de licenciement commencent. Latécoère vient d’annoncer une charrette de 475 pers ! ! ! On ne se fait pas assez entendre et tant qu’il y aura de la bouffe dans les frigos il faut croire que ça ne bougera pas !

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