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Clermont- Ferrand espère plus des TO

Une ville dynamique et une population qui a les moyens de voyager, une vingtaine d’agences qui ont trouvé chacune leur créneau. Pourtant, malgré ce fort potentiel, la capitale auvergnate a tendance à être négligée par les tour-opérateurs.

Clermont-Ferrand est, malgré sa situation quelque peu excentrée, une ville dynamique. A l’image des succès remportés pour le tourisme par Vulcania, le parc européen du volcanisme et, pour l’industrie, par Michelin, le N° 1 mondial du pneumatique qui emploie 14 000 personnes. Une cité au riche patrimoine qu’animent également plus de 30 000 étudiants. Capitale régionale du Puy-de-Dôme, la ville entend d’ailleurs accroître son attractivité en se refaisant une beauté. Depuis l’été 2003, elle réaménage son centre-ville, la place de Jaude en tête. Et des travaux préfigurent l’arrivée du tramway.

A chaque agence, sa spécificité et sa clientèle

Avec ses 140 000 habitants, Clermont-Ferrand ne compte cependant qu’une bonne vingtaine d’agences de voyages, dont la majorité est située entre la place de Jaude, l’avenue des Etats-Unis, le boulevard Pasteur et la rue Saint-Genès. Selon les profes- sionnels interrogés, cette faiblesse de l’offre a permis à chaque agence de trouver sa spécificité et sa clientèle : individuels, autocaristes, groupes… Joël Peireira, de Nouvelles Frontières, confie ainsi que le marché est assez grand pour tous. Clermont-Ferrand est loin d’être une ville sinistrée et les Clermontois ont les moyens de partir. Le potentiel est donc important, ce qui nous laisse une grosse marge de progression, estime pour sa part Evelyne Nouhaud, directrice de l’agence E.Leclerc Voyages.

Autre particularité, alors que les agences indépendantes sont bien représentées, les réseaux volontaires, qu’il s’agisse de Selectour, Afat Voyages ou Tourcom, sont absents de la ville. En revanche côté réseau intégré, Thomas Cook, Club Med, Nouvelles Frontières, Wasteels-OTU, Galeries Lafayette Voyages et surtout Protavel (avec quatre agences dont une à l’enseigne Jet tours), sont implantés à Clermont-Ferrand.

Disposer de départs régionaux, avant tout

Dans ce contexte, l’arrivée, mi-mars, de Fram, qui ouvre un point de vente au 29 rue Saint-Genès, fait figure d’événement. Une installation diversement appréciée. Cela va nous faire de la concur- rence, regrette Marie-Thérèse Coudert, directrice des Voyages Coudert. Plus sereine car installée à la périphérie de la ville, Evelyne Nouhaud d’E.Leclerc Voyages considère que c’est une bonne chose car cela peut développer les ventes et pousser le TO à reprogrammer des départs de Clermont. Un avis partagé par Jocelyne Changeat, de Protravel, dont le réseau possède une Ambassade Fram à Thiers, à une quarantaine de kilomètres de la capitale auvergnate.

Comme dans les autres régions déjà passées au crible par L’Echo touristique, le souci des agences locales est avant tout de disposer de départs depuis Clermont-Ferrand, surtout pour les vols moyen-courriers à destination du Bassin méditerranéen. Car les TO qui prennent des risques en positionnant des vols, ou même en effectuant un simple touché, se comptent sur les doigts d’une main. Au-delà de quelques vols ponctuels de Top of Travel, Héliades, Plein Vent et Maxi, c’est le désert. Fram, qui proposait l’année dernière l’Andalousie et les Baléares, a préféré stopper l’aventure cet été en raison de remplissages mitigés. Le TO toulousain pourrait néanmoins revenir à Clermont-Ferrand dès 2005 pour appuyer l’ouverture de son agence en propre.

Les programmations sont réalisées uniquement à la demande des agences et en fonction des remplissages. On vient ainsi d’ajouter un vol pour la Croatie le 3 juillet, car le premier était déjà plein, précise Evelyne Betto, directrice du transport de Plein Vent. Clermont-Ferrand a tendance à être oublié, alors que la ville recèle un fort potentiel. Y positionner des vols ne peut que générer de la demande, reconnaît Laurence Guilloux, responsable de la production de Top, qui programme Chypre et la Croatie en nouveauté cette saison. Avantage non négligeable, la clientèle réagit plus vite et réserve plus en amont que dans les grandes métropoles, Paris et Lyon en tête. C’est aussi une clientèle relativement fidèle chaque saison et qui ne change pas d’avis avant le départ, ajoute-t-elle.

Trop d’annulations de vols déjà positionnés

Malgré cela, le succès n’est pas toujours au rendez-vous. A tel point que les vendeurs clermontois n’hésitent pas à se plaindre de l’annulation fréquente des rares vols positionnés. C’est un cercle vicieux. Quand les clients réservaient tôt, en janvier souvent, les rotations étaient parfois supprimées quelques semaines avant le départ. Désormais, ils ont tendance à attendre la dernière minute pour être sûrs de partir, souligne Marie-Thérèse Coudert. Des ajustements que reconnaissent Top of Travel, comme Plein Vent. Les annulations restent exceptionnelles. Faute d’un remplissage suffisant, il nous est arrivé de faire partir nos clients de Lyon. Mais Top a pris en charge les pré et post-acheminements jusqu’à l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, nuance Laurence Guilloux. C’est un risque à courir quand un TO décide de positionner des vols depuis des villes plus petites, comme nous le faisons aussi cette saison à Pau, Limoges, Poitiers et Deauville.

Le malheur des uns fait le bonheur de Thomas Cook

Cette faible offre des TO fait les beaux jours de Thomas Cook. Déjà affréteur depuis plusieurs années, le réseau positionne 25 avions cette saison pour pousser sa nouvelle production maison, soit environ 4 000 sièges au départ de Clermont-Ferrand. Les produits Thomas Cook et Neckermann sur les Baléares, l’Egypte, la Bulgarie, la Crète, la Tunisie et le Maroc seront vendus uniquement dans les agences Thomas Cook du Puy-de-Dôme (Clermont-Ferrand, Issoire, Chamalières et Riom), mais aussi de l’Allier (Montluçon, Moulins et Vichy). Une offre à laquelle la concurrence aimerait bien accéder, ce qui interviendra peut-être avec l’ouverture prévue des produits Neckermann à l’ensemble de la distribution.

Cette politique du groupe ne semble toutefois pas satisfaire René Perme, directeur régional de Thomas Cook : Les affrètements que nous réalisons depuis dix ans ont permis de fidéliser la clientèle. J’entends conserver ce volume d’affaires dans mon réseau et je ne vois pas l’intérêt d’en faire profiter mes concurrents. Le réseau ne compte d’ailleurs pas en rester là, avec une offre qui augmente régulièrement chaque année. L’offre pour la saison 2004 a déjà progressé de 1 000 sièges par rapport à l’été 2003. Notre objectif est d’atteindre les 10 000 clients d’ici quatre à cinq ans, prévoit-il. Pour promouvoir cette production, Thomas Cook organise chaque année en novembre son propre salon au Novotel de Clermont-Ferrand, publie des encarts dans le quotidien La Montagne et effectue des mailings, comprenant des tirés à part de ses destinations. Avec deux départs programmés, celui sur la Crète est envoyé à 4 000 exemplaires.

Pour les vols long-courriers, la situation est encore pire. Point de salut hormis Paris et Lyon. Les agences privilégient la capitale grâce au hub d’Air France/Régional Airlines qui propose de l’aéroport de Clermont-Ferrand-Auvergne cinq vols quotidiens vers Orly et, à compter du 28 mars, une troisième liaison vers Roissy-CDG. Nous bénéficions de bons tarifs long-courrier en prenant des allotements sur Air France au départ de Clermont, précise Jocelyne Changeat, responsable régionale de Protravel, qui proposera des départs spéciaux pour la Guadeloupe (8 avril), Cuba (3 mai) et la Martinique (27 mai).

Des transferts vers Paris pour rester concurrentiel

Mais pour afficher des tarifs attractifs, certaines agences n’hésitent pas à proposer des transferts vers Paris en autocar. A leur décharge, Lyon implique de faire 250 kilomètres en voiture et parfois de réserver une chambre d’hôtel lorsque le vol est particulièrement matinal. Outre que les vols vers Lyon affichent des horaires ne correspondant pas à ceux des vols long-courriers, ces pré-acheminements re-viennent trop cher, explique un vendeur. Face à cette situation, Thomas Cook préfère parfois organiser pour les individuels des transferts en monospace jusqu’à l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry.

Cette demande de départs régionaux, que l’on retrouve dans toutes les villes de France, est renforcée par la situation à la fois centrale et excentrée de Clermont-Ferrand.

Deux pôles majeurs semblent émerger

Elle a sans doute aussi contribué à organiser le marché autour de deux pôles qui semblent aujourd’hui émerger : D’un côté Thomas Cook et de l’autre Protravel, qui bénéficie encore de la notoriété des 40 ans d’histoire de l’ancienne enseigne Rivoire, rachetée dans les années 1990 et dont le nom figure toujours sur les vitrines des agences. Avec la fusion en cours avec Accor Travel Distribution (réseaux Carlson Wagonlit Travel et Frantour), qui possède des points de vente à Chamalières et à Montluçon, l’influence de Protravel (qui tient salon du 27 au 29 février au Polydôme de Clermont) devrait encore se renforcer dans la région. Il n’est d’ailleurs pas impossible que l’ensemble complète un jour son implantation locale, à travers un accord avec le quotidien La Montagne, à l’image de ceux conclus par ATD dans les régions voisines avec Le Bien public, Le Dauphiné libéré et Le Progrès de Lyon. En attendant l’arrivée de vols TUI France ?

Pour le long-courrier, point de salut hormis Paris et Lyon. Les agences privilégient la capitale, reliée 8 fois

par jour à Clermont.

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