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Après 3 ans de conflit, l’Arabie saoudite rouvre son espace aérien au Qatar

En froid depuis trois ans, le Qatar et les pays du Golfe ont entamé un processus de réconciliation qui va permettre à Qatar Airways de survoler l’Arabie saoudite.

L’Arabie saoudite rouvre dès lundi au Qatar son espace aérien et ses frontières terrestres et maritimes après plus de trois ans de rupture des liens diplomatiques entre les deux pays du Golfe, a annoncé lundi le ministre koweïtien des Affaires étrangères.

Cette annonce intervient à la veille d’un très attendu sommet des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) en Arabie saoudite, lors duquel pourrait être scellée une réconciliation entre Ryad – ainsi que plusieurs autres pays – et le Qatar. Le bureau de l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a annoncé dans un communiqué que le dirigeant se rendrait au sommet de CCG, une première en trois ans de froid diplomatique dans la région et un signe prometteur de réconciliation.

« Sur la base d’une proposition de l’émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, il a été convenu d’ouvrir l’espace aérien ainsi que les frontières terrestres et maritimes entre l’Arabie saoudite et le Qatar à compter de ce soir » lundi, a annoncé cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah dans une déclaration télévisée, sans autre précision horaire.

Trois ans de blocus pour le Qatar

L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu en juin 2017 leurs liens avec le Qatar, l’accusant de soutien aux islamistes, de connivence avec l’Iran ou encore de semer le trouble dans la région. Le riche et ambitieux émirat gazier a toujours démenti et dénoncé le « blocus » dont il se dit victime.

Le chef de la diplomatie koweïtienne a ajouté que l’émir du Koweït, qui fait office de médiateur dans la crise du Golfe, s’était entretenu par téléphone avec les dirigeants saoudien et qatari. Ces derniers ont appelé à « l’unité » des pays du Golfe à l’occasion du sommet de mardi, a-t-il précisé. Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed ben Salmane, a assuré que le sommet du CCG de mardi serait placé sous le signe de « la réunification et la solidarité », a rapporté l’agence de presse officielle SPA.

Les Etats-Unis aux premières loges

Les Etats-Unis, soucieux d’unifier les pays arabes face à l’Iran, ont fait pression pour réconcilier les pays en froid dans le Golfe, tous étant des partenaires stratégiques de Washington. « Nous avons obtenu une percée dans le différend au sein du Conseil de coopération du Golfe », s’est ainsi félicité un responsable américain sous couvert d’anonymat, précisant que Jared Kushner, gendre et conseiller du président Donald Trump, serait présent mardi en Arabie saoudite.

« Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe plus l’Egypte se rassembleront pour signer un accord qui mettra fin au blocus ainsi qu’aux actions en justice du Qatar », a ajouté le responsable américain. La rupture avec le Qatar s’est accompagnée de mesures de rétorsion : fermeture des frontières et de l’espace aérien aux avions du Qatar et restriction sur les déplacements de Qataris, ce qui a parfois conduit à la séparation de familles mixtes.

100 millions de dollars par an pour Qatar Airways

Le conseiller américain à la sécurité nationale Robert O’Brien a déclaré en novembre qu’autoriser les avions du Qatar à survoler l’Arabie saoudite était une priorité pour le président Trump, dans le cadre de sa politique de pression maximale envers Téhéran. Selon les médias iraniens, le Qatar – dont les avions sont obligés de contourner l’Arabie saoudite – paye plus de 100 millions de dollars par an pour pouvoir utiliser l’espace aérien de la République islamique, une manne pour ce pays étouffé par les sanctions américaines.

La Turquie, qui a soutenu le Qatar durant toute la crise du Golfe, a « salué » la décision de l’Arabie saoudite de rouvrir ses frontières. Il s’agit d' »un pas important vers la résolution du conflit », a jugé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. « Nous sommes à la veille d’un sommet historique par le biais duquel nous allons rétablir la cohésion dans le Golfe », a de son côté tweeté le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash.

Des différends toujours présents

Les cinq pays en conflit diplomatique ont multiplié les déclarations inhabituellement conciliantes ces dernières semaines. Le quatuor anti-Qatar avait formulé treize conditions à la reprise des relations avec Doha, notamment la fermeture d’Al-Jazeera, chaîne de télévision honnie par de nombreux régimes arabes, des engagements sur la fin du financement de groupes extrémistes ou encore la fermeture d’une base militaire turque sur le sol qatari.

L’émirat a toujours refusé de se plier à ces demandes qu’il juge attentatoires à sa souveraineté. En guise d’apaisement, les analystes estiment toutefois que les médias qataris, dont Al-Jazeera, pourraient devoir modérer leur ton vis-à-vis de l’Arabie saoudite. Pour l’analyste Michael Stephens, les divisions restent toutefois très profondes. « Je pense qu’aucun accord n’a été trouvé. Mais c’est une bonne nouvelle. C’est un grand pas, et le premier pas important », estime-t-il.

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