Wahida Jaiet : « Je pars pour relancer la Tunisie sur le marché britannique »

L’Echo touristique : Après avoir dirigé le bureau parisien de l’ONTT pendant deux ans, vous vous apprêtez à prendre de nouvelles fonctions à Londres. Quelles seront désormais vos missions ?

Wahida Jaiet : Je vais prendre la direction de l’antenne britannique de l’ONTT à Londres, où je vais donc gérer les marchés britanniques et irlandais. C’est un gros challenge car suite aux événements de Sousse, en juin 2015, il y a eu pendant un temps un « ban » de la part des autorités anglaises au sujet des voyages en Tunisie (les victimes de cet attentat étaient pour la plupart Britanniques, ndlr), et l’activité touristique s’est effondrée. Ces consignes ont été assouplies il y a quelques mois (en juillet, ndlr). C’est aussi un challenge parce que l’Angleterre de 2018 n’est pas celle de 2014 ou 2015. Elle a aussi été touchée par le terrorisme, son rapport au risque a changé, il y a eu le Brexit… La donne n’est plus la même. Je pars donc pour relancer le marché britannique, à l’instar de ce que j’ai fait sur le marché français.

L’Echo touristique : Quel bilan tirez-vous de ces deux années à la tête de l’ONTT à Paris ?

Wahida Jaiet : Fin 2017, la hausse annuelle était de 46%, avec plus de 570 000 entrées. La région de Djerba a cartonné avec une croissance exceptionnelle de l’année. Nous sommes donc positifs et j’espère que le travail réalisé en 2017 sera consolidé en 2018. Je garderai en tout cas un excellent souvenir de ces deux années à Paris. J’ai eu la chance de connaître des personnes fabuleuses. Il y a toujours une petite pointe de regret de laisser les bonnes choses derrière soi, mais je suis satisfaite, globalement, du travail accompli tous ensemble. Je remercie d’ailleurs mes partenaires et tous ceux qui ont contribué à la relance de la Tunisie sur le marché – ils sont nombreux – ainsi que mon équipe de l’ONTT qui a travaillé dur pour faire avancer les choses.

L’Echo touristique : Craignez-vous que les tensions qui ont lieu actuellement en Tunisie viennent à nouveau ternir l’image de la destination ?

Wahida Jaiet : Il y a une grogne toute naturelle dans une démocratie naissante. Mais il y en aura toujours qui voudront en profiter pour faire tout et n’importe quoi. Les images que l’on montre ont un effet démultiplicateur et parfois trompeur, il faut y faire attention. Le peuple tunisien a largement condamné ces actes de vandalisme. Il ne faut pas mélanger certaines images et la réalité de cette grogne sociale. Pour ma part je reste confiante.

L’Echo touristique : Quelle stratégie pensez-vous déployer pour faire redémarrer la Tunisie sur le marché britannique ? Pensez-vous par exemple appliquer certaines des « recettes » utilisées pour favoriser la reprise de la destination sur le marché français ?

Wahida Jaiet : J’attends d’être sur place pour avoir le retour de mes partenaires. D’une manière générale, je suis quelqu’un qui prêche toujours le rapprochement avec les partenaires, les réseaux de distribution, les TO… C’est un travail conjugué, concerté, c’est aussi un travail de terrain. Il faut informer, expliquer, éclairer, apporter du contenu, repositionner les choses, rectifier quand l’image ou la compréhension ne sont pas correctes. C’est tout cela qu’il faut soigner le plus possible. L’image de la Tunisie a été entachée pour les raisons que nous connaissons. Mais ça, c’est derrière nous. Aujourd’hui, il faut qu’on avance. Cela prendra peut-être du temps, mais ça va avancer. Car la Tunisie est une destination qui n’est pas moins attractive que d’autres. Mais il n’y a pas de copier-coller possible. Chaque marché possède ses propres spécificités.

Wahida Jaiet prendra ses nouvelles fonctions d’ici une quinzaine de jours à Londres. Elle passe la main à Sami Gharbi, auparavant chargé du tourisme culturel au ministère du Tourisme tunisien.