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Une réforme pour gagner en efficacité

Le 20 avril, un nouveau président succédera à César Balderacchi au Snav. Il aura la lourde tâche de mener à bien une réforme qui va redistribuer les cartes du pouvoir au sein du syndicat, et plus particulièrement du conseil national.

Le dénouement est proche. Plus que cinq jours avant de connaître, le 20 avril, le nom du nouveau président du Syndicat national des agences de voyages (Snav). Il succédera à César Balderacchi, qui passe la main après quatre mandats et 12 ans de règne, et aura la difficile mission de réunifier une maison au bord de l’implosion. Une maison sur laquelle pèse la menace de sécession des voyagistes, et qui doit impérativement évoluer dans ses statuts, ses structures et son fonctionnement. Une commission ad hoc planche déjà sur le sujet. Elle présentera le projet définitif en septembre, lors du prochain salon Top Resa. Selon les premières pistes de travail, dévoilées lors de l’assemblée générale du Snav le 24 mars dernier, cette réforme devrait entraîner de profondes remises en cause concernant le nombre de conseils professionnels, d’élus au conseil national, de chambres syndicales régionales… Au point de se demander qui possède aujourd’hui le pouvoir au Snav, et qui a le plus à perdre dans cette réforme.

Trois familles autonomes

Interrogé récemment lors d’un débat sur L’avenir du Snav qui s’est déroulé à Saint-Tropez en marge du premier salon Ditex, Jean-Pierre Mas, président du réseau Afat Voyages, considère que le syndicat montre aujourd’hui ses vraies limites. Opposé à tout replâtrage, il milite pour une union de métiers, où chacun dispose de sa propre autonomie pour régler ses problèmes. Un avis partagé par l’ensemble des membres chargés d’élaborer le futur Snav II, qui doit voir le jour en 2006, après une adoption en assemblée générale extraordinaire. Tous sont en effet favorables à la création de trois familles : producteurs, distributeurs et réceptifs, chacune ayant à sa tête un président capable de monter au créneau pour défendre les intérêts de sa famille et intervenir rapidement en cas de crise.

César Balderacchi, qui n’entend pas rester à l’écart du débat malgré son départ, hésite, pour sa part, entre pousser davantage l’intégration avec l’instauration de deux familles (celle des producteurs regroupant les réceptifs) et la constitution de quatre conseils professionnels (réceptifs, pro- ducteurs, distributeurs et indépendants qui réuniraient également les réseaux volontaires). La question de la place à accorder aux réseaux volontaires est d’autant plus sensible que Selectour d’un côté, Afat Voyages et Manor de l’autre, ont constitué des groupements, respectivement l’Alliance.T (qui réunit aussi les distributeurs CWT, Frantour, JV, Fnac Voyages, Lusitania, Wasteels, Pauli Voyages, Cit…), et le G4 (avec Thomas Cook et American Express Voyages d’Affaires). De leur côté, les agences en ligne, dont le poids dans la distribution va grandissant, ont enfin trouvé une terre d’asile, grâce à la transformation en mars de l’appellation du conseil professionnel des réseaux intégrés en réseaux industriels.

La création de trois familles, si elle se confirme, aura d’importantes répercussions sur le conseil national, dont le nombre d’élus serait considérablement réduit. De 56 membres (6 par conseils professionnels, 16 présidents de région + les présidents de l’APS, FNCDT, Siav et du Snav) dont 54 éliront le président du syndicat, ils ne seraient plus qu’une vingtaine.

L’objectif est de gagner en efficacité et de devenir décideur, précise Jean-Luc Dufrenne (Afat Voyages), élu en 2004 au conseil national. Même si on ne compte que 6 ou 7 conseils par an, siéger à 56 paraît inconcevable. Dès qu’on lance un débat, cela tourne à la cacophonie, confie un autre élu. Et Jean-Pierre Mas, président d’Afat Voyages, d’enfoncer le clou : Le conseil national est un happening folklorique et surréaliste. Plus nuancée dans ses propos, Adriana Minchella, présidente du Cediv (et membre de la commission ad hoc), confirme que le conseil national, dans son état actuel, ne sert plus à rien.

Si les décisions au jour le jour sont prises par le président et le bureau exécutif, c’est pourtant ce conseil qui est censé détenir le pouvoir au syndicat, par ses décisions et ses votes sur les grands dossiers de la profession. Sa composition pléthorique a conduit à son immobilisme, entraînant l’émergence d’un régime présidentiel, phénomène accentué par les quatre mandats accomplis par César Balderacchi. Philippe Demonchy, ex-président de Selectour et membre du bureau exécutif du Snav, explique cette dérive par le fait qu’à chaque création d’un conseil professionnel, on a fait remonter six élus au conseil national. Au final, plus personne ne peut prendre de décisions. La solution réside dans un retour aux principes initiaux, soit une autonomie rendue à chaque famille qui sera capable de prendre de réelles décisions.

Une refonte totale de l’organisation des régions

La constitution d’un conseil national, ramené à une vingtaine d’élus, implique fatalement des sacrifices, au premier rang desquels figurent les régions, qui envoient pas moins de 16 élus (les 16 présidents régionaux) au sein de l’instance. C’est la pomme de discorde pour de nombreux professionnels, qui s’inquiètent de cette perte de pouvoir des régions dans la réforme, même si elles n’ont apparemment jamais fait basculer les votes dans un sens ou dans un autre. Les avis divergent beaucoup entre ces 16 élus, où l’on retrouve des personnes issues de toutes les familles et de toutes les tendances du Snav, assure ainsi Francis Legros, président du Clair (Comité de liaison interrégional), pour qui il n’a jamais existé de vote unanime d’un seul bloc.

Chaque métier devra être réprésenté

Plutôt que de se poser la question en terme quantitatif, il faut désormais résonner, poursuit Francis Legros, de façon qualitative. A quoi est-on prêt à renoncer pour faire avancer le syndicat dans la bonne direction ? La réflexion en cours s’oriente donc vers l’instauration de quelques grands électeurs, qui chapeauteraient par exemple 4 ou 5 grandes régions sur le modèle du découpage téléphonique de l’Hexagone.

Plus pragmatique, Jean-Pierre Mas milite pour sa part en faveur de la création de grandes chambres régionales autour des principales plates-formes aéroportuaires (telles Nantes, Nice, Lyon, Lille…), afin de travailler davantage avec les chambres de commerce et d’industrie en charge de la gestion de ces équipements, et les compagnies aériennes qui les utilisent.

Cette organisation allégée apparaît d’autant plus nécessaire qu’il existe de chauds partisans, tel César Balderacchi, d’un passage de 16 à 22 chambres syndicales régionales, afin d’être plus en phase avec le découpage territorial. Si ce projet voit le jour, il est inconcevable d’avoir 22 présidents dans un Snav ramené à trois familles, analyse encore Francis Legros. Au final, leur nombre de représentants, au conseil national, serait équivalent à celui des trois futures familles, afin de contribuer à un rééquilibrage dans la re-présentativité des différents métiers qui composent la profession.

Il est d’ailleurs un point sur lequel se retrouvent beaucoup d’adhérents : ce rééquilibrage ne devra pas se faire aux dépens d’une redynamisation des régions, principaux lieux de vie et d’échanges du syndicat. Le Snav se doit au contraire d’être plus présent autour de questions comme le développement des départs régionaux, à l’image de ce que le Snav Nord réalise depuis l’aéroport de Lille-Lesquin ; ou de la formation, sur laquelle le Snav Provence-Alpes-Côte d’Azur est particulièrement innovant, déclare Jean-Luc Dufrenne. Reste à trouver des adhérents susceptibles de s’investir dans la vie du syndicat et d’y attirer les professionnels qui n’y sont pas encore présents (le Snav ne compte que 1 400 adhérents !).

Pour cela, il faut faire disparaître le système des amis de trente ans !, assure Adriana Minchella, favorable à un rajeunissement des élus. Il faut redonner aux adhérents la certitude que le Snav ne se contente pas d’encaisser des cotisations, mais qu’il est à leur service. Ils sont en attente d’information, d’assistance, de formation… Un message fort bien compris par l’APS, qui a su parfaitement occuper le terrain, reconnaît Dominique Vaucy, membre du bureau exécutif.

Quel homme fort demain ?

Cette politique devra être insufflée par le prochain président du Snav, pour lequel se pose d’ailleurs encore la question de savoir s’il sera bénévole, indemnisé ou rémunéré (comme cela est désormais le cas à l’APS). Seule certitude, il restera élu par le conseil national (tous rejettent une élection directe en raison de la versatilité des adhérents) et il sera secondé dans son action par trois ou quatre vice-présidents, sans oublier un financier.

L’ensemble des professionnels s’accorde sur la nécessité de trouver l’homme fort, médiatique, et porteur d’un véritable projet de développement pour le Snav. Surtout, il devra être capable de représenter et de réunifier la profession, qui, depuis quelques mois, donnait l’impression de s’être divisée et de s’ignorer. Mumtaz Teker ayant jeté l’éponge et Philippe Demonchy préférant rester dans l’ombre, seuls deux candidats monteront sur le ring le 20 avril : Georges Colson et Dominique Vaucy (voir ci-dessous).

Il faut redonner aux adhérents la certitude que le Snav ne se contente pas d’encaisser des cotisations mais qu’il est à leur service.

Le conseil national est devenu un happening folklorique et surréaliste.

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