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Que faire avec un BTS AGTL ?

Trois ans après sa mise en place, quel regard peut-on porter sur le BTS AGTL ? Outre les témoignages de plusieurs enseignants, L’Echo touristique a recueilli ceux d’anciens élèves du lycée Gaston-Berger à Lille. Focus sur le parcours de ces jeunes diplômés.

Lorsque l’on sort d’un bac littéraire, que l’on aime les langues étrangères, l’histoire, mais aussi bouger… rien de plus tentant que de pouvoir marier ses centres d’intérêt à un programme d’études alléchant ! C’est au centre d’orientation de son lycée que Virginie Brusca a découvert l’existence du BTS AGTL. Ce diplôme, qui remplace l’option Accueil-Animation de l’ancien BTS Tourisme a, depuis sa réforme (les premières promotions sont sorties en 2003), trouvé un nouveau souffle. Ses débouchés : des emplois dans le réceptif, les offices de tourisme, les collectivités…

Un bac + 3 est mieux reconnu au plan européen

Le programme s’organise sur deux années de scolarité et inclut 12 à 14 semaines de stages en entreprise. Qui plus est, en étant reçu avec de bonnes notes dans trois matières (langue étrangère, conduite et présentation d’actions touristiques et présentation du patrimoine local), l’étudiant obtient aussi une carte de guide interprète régional. Un plus appréciable dans certaines régions touristiques. En 2006, l’année Cézanne à Aix-en-Provence a généré de nombreuses embauches, souligne Christiane Creous, enseignante au LTP Clovis-Hugues de la ville.

Pour Virginie Brusca, qui a passé son BTS AGTL au lycée Gaston-Berger de Lille, l’avenir lui a paru clair avec ce diplôme : c’était une occasion en or de travailler à la revalorisation de sa région, le Nord ! Pour conserver sa deuxième langue (italien), elle a intégré le lycée Gaston-Berger le temps de deux années d’études qu’elle a trouvé passionnantes, entrecoupées de plusieurs stages pratiques. Une première expérience pas très concluante dans une station de Savoie, où elle a fait plutôt le ménage que l’accueil, lui a remis les pieds sur terre (J’aurais pu abandonner, j’ai mieux choisi les stages suivants).

Comme la majorité des élèves en BTS AGTL, Virginie a alors décidé, après l’obtention de son diplôme en 2004, de s’inscrire en licence professionnelle Valorisation du patrimoine, à l’Université de Lille I. Une année supplémentaire d’études encouragée par les enseignants. Même si le Nord-Picardie recèle de nombreuses potentialités, les collectivités locales freinent les embauches, souvent parce que les communes n’ont pas encore eu le temps de s’organiser. Un diplôme bac + 3 est mieux reconnu au plan européen, explique Isabelle Cardon, responsable de la section AGTL à Gaston-Berger.

Licence = carrière attractive et meilleur salaire

Le profil des élèves d’AGTL intéresse les offices de tourisme et les syndicats intercommunaux, les sites privés. Mais les financements ne suivent pas, confirme Didier Février, du lycée Bahuet de Brive-la-Gaillarde. Une licence permet aux étudiants de prétendre à une carrière plus attractive, mais aussi à un meilleur salaire, ajoute Jacques Monnier, enseignant au LEG Sainte-Croix-Sainte-Euverte d’Orléans. L’établissement a mis en place un partenariat avec l’Université de Coventry, en Grande-Bretagne, pour permettre à ses étudiants de réaliser un parcours européen.

Même constat pour Jehanne Marrou, du lycée Honoré-Romane d’Embrun, dans les très touristiques Alpes-de-Haute-Provence. Les élèves s’y retrouvent en concurrence avec des diplômés bac + 3 issus de l’Université professionnelle des Métiers de la montagne de Gap.

Car malgré un BTS adapté aux exigences des entreprises, les portes du monde du travail ne s’ouvrent pas instantanément. Pour tout ce qui concerne le développement du territoire, il s’agit souvent d’un tourisme de niches. Les débouchés existent, mais il faut attendre que les postes se créent, que les municipalités s’impliquent, que les budgets soient débloqués, explique Annette Masson, présidente de la FFTST. Bien souvent, ce sont les stages qui permettent de repérer les bonnes opportunités, souligne Christiane Creous, à Aix-en-Provence.

Un travail en phase avec ce qu’elle avait imaginé

Virginie Brusca en a fait l’expérience lorsque, sa licence en poche, elle a décroché un stage à l’office de tourisme de la Porte du Hainaut, à Saint-Amand-les-Eaux. Elle découvre alors le travail dans un office, et se plonge dans des dossiers passionnants : la candidature de la ville au Label Art et Histoire, le chantier de restauration de la Tour abbatiale… Elle enchaîne avec un CDD de quatre mois, pendant lequel elle applique ce qu’elle a appris durant ses cours : fabriquer des forfaits pour des autocaristes.

Lorsque son CDD est transformé en CDI, elle devient assistante tourisme et assistante de direction dans les services Groupes et Culture et patrimoine, à 23 ans. Un travail totalement en phase avec ce qu’elle avait imaginé et pour lequel elle se passionne, passant de la mise en place de forfaits au projet européen Euraphis (un réseau de dix cités médiévales du bassin transfrontalier franco-belge), ou à la création d’animations pour les enfants pendant les vacances de Pâques. Aucune journée ne se ressemble. Je rencontre les professionnels que j’admirais lorsque j’étais au lycée. J’ai l’impression d’avoir franchi très vite de nombreuses étapes, se réjouit-elle, même si elle est consciente qu’il lui faudra attendre une dizaine d’années avant de réaliser son rêve : diriger un office de tourisme !

Brice Dejonghe, sorti un an plus tard du lycée Gaston-Berger (la fameuse promotion 2005, avec 100 % de reçus !), rêve lui aussi de cette carrière. Il garde encore quelques contacts avec d’anciens camarades, constatant que le seul à avoir arrêté ses études pour travailler une fois son BTS en poche n’a décroché que des boulots précaires, d’animateur en hôtels-clubs l’été ou dans des stations l’hiver. De quoi le conforter dans ses choix. Au-delà du BTS, nos professeurs nous ont appris à regarder plus loin, rappelle volontiers Brice.

Même s’il porte haut et clair les couleurs de sa région (et de son lycée), il a fait le tour de France en enchaînant les stages, le meilleur moyen de se constituer un carnet d’adresses : au CDT de Laon, dans l’Ain, il a imaginé une chasse au trésor ; dans un camping, il a géré l’accueil et le back-office, à l’office de tourisme de Mimizan, il a remis à jour un guide pratique. Après sa licence en management des associations sportives, il a entrepris de suivre un mastère mise en valeur du patrimoine à l’Université d’Arras, une formation récente qui remplace l’IUP patrimoine et tourisme et souffre encore de quelques erreurs de jeunesse, qui devraient s’estomper à la prochaine rentrée. Brice envisage de poursuivre en deuxième année au mois de septembre.

La région parisienne offre plus de débouchés

Elève de la promotion 2006 de Gaston-Berger, Delphine Poiret (22 ans) s’est pour sa part inscrite en licence IAE management événementiel après son BTS. Actuellement en stage dans une société d’événementiels, elle espère décrocher un CDD pour remplacer un congé de maternité mais sait que, dans ce secteur, il lui faudra envisager de s’expatrier en région parisienne, où les débouchés sont plus nombreux. Le BTS AGTL correspondait vraiment à ce que j’attendais. J’y ai plus appris qu’à l’Université, où j’ai trouvé l’enseignement trop théorique. Mais – même si c’est très injuste – la mention de l’IAE est un vrai tremplin sur un CV, insiste la jeune fille. Car ses camarades qui n’ont pas poursuivi leurs études n’ont, pour la plupart, décroché que de petits contrats ou des emplois saisonniers.

En revanche, le passage en université de Julia Commien, (issue de la même promotion que Brice Dejonghe), n’a pas été concluant. Après avoir choisi – un peu vite reconnaît-elle – un LEA option tourisme à l’Université de Roubaix, elle a jeté l’éponge au bout de trois mois. L’enseignement était trop théorique et j’avais l’impression de perdre mon temps. Coup de chance, Julia décroche dans la foulée un CDD de trois mois au salon Tourissima, à Lille : Une expérience formidable, totalement en phase avec les cours de BTS AGTL.

Un changement de vie et de région plus tard (elle a suivi son compagnon en Bretagne), elle a été confrontée aux réalités du marché du travail et a d’abord pointé à l’usine, comme intérimaire. Avant de se voir finalement confier la gestion d’un camping 3b en Bretagne, à la Forêt Fouesnant. Il a fallu d’abord changer le nom du site, le logo, communiquer, réaménager l’accueil pour préparer la saison estivale, multiplier les contacts. Puis j’ai imaginé d’élargir cette activité saisonnière, d’exploiter les mobil-homes l’hiver, dans une région où la plupart des hôtels sont fermés, d’aménager une salle pour les séminaires. C’est passionnant !, s’enthousiasme la jeune femme. Elle est d’autant plus aux anges qu’elle ne souhaitait pas intégrer une collectivité locale, ni travailler comme guide, un métier qu’elle considère comme trop précaire. Et ce même si son BTS AGTL l’y avait préparée.

Le choix d’être commercial parce que c’est mieux payé

L’essentiel, c’est de bouger, reprend également en leitmotiv Stéphane Defamie (23 ans), dont le parcours est atypique, puisqu’il est devenu commercial pour la région Nord/Normandie… du TO marseillais Exotismes, et ce alors qu’il avait en poche un BTS AGTL et non VPT. Une entreprise qui donne sa chance aux jeunes, dit-il.

Issu lui aussi de la promotion 2005 de Gaston-Berger, Stéphane n’a pas hésité à bouger. Il a d’abord pris goût au soleil du Midi lors d’un stage de guide dans la région toulonnaise. Son diplôme en poche, il a ensuite mis le cap sur Marseille pour passer une licence en droit & économie du tourisme, afin d’améliorer les bases acquises avec le BTS AGTL, un diplôme complet mais dont les programmes n’intègrent pas assez la vente et la commercialisation. Ce sont tout de même la finalité de nos métiers, que l’on vende des forfaits ou un territoire.

Mais si Stéphane a choisi un métier de commercial, c’est aussi parce qu’il est mieux rémunéré. Il met là le doigt sur ce qui demeure le gros problème de la profession : des salaires trop faibles en regard des qualifications, des compétences et des responsabilités.

Même si certains, comme Virginie, se disent satisfaits, heureux de faire le métier qu’ils ont choisi. Qu’ils aient bac +2 ou +3, ils sont toujours payés au Smic, dénonce Annette Masson. L’enquête sur les salaires commanditée par le Snav devrait permettre d’y voir prochainement plus clair. De là à envisager une augmentation générale, il y a un fossé…

Les salaires sont trop faibles.Qu’ils aient bac +2 ou +3, les salariés sont toujours payés au Smic.

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