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Pierre Pélissier (Cruiseline) : « Il reste énormément de croisières disponibles »

Le président de Cruiseline fait le point sur un marché estival de la croisière inédit en Europe, rendu possible par le contexte pandémique.

L’Echo touristique : La croisière a été l’une des industries touristiques les plus impactées par les conséquences de la pandémie. Comment se déroule la reprise ?

Pierre Pélissier : La reprise est graduelle depuis le début d’année, et elle s’est fortement accélérée pendant le mois de mai. Nous arrivons même à dépasser les volumes de ventes enregistrés en mai 2019. C’est une bonne nouvelle, même si nos habitudes sont toujours bouleversées par la conjoncture liée à la pandémie. D’ordinaire, chez Cruiseline, nous remplissons les cabines 18 mois avant le départ. Là, à 3 mois du départ, il y a encore énormément de disponibilités…

Comment expliquer cette prudence du marché ?

Pierre Pélissier : Le marché a envie de voyager, mais demeure prudent, qu’il s’agisse de croisières ou d’autres formes de voyage. C’est encore la réservation en dernière minute qui est la norme pour cet été. Mais l’horizon s’éclaircit. Par exemple, les protocoles sanitaires sont de plus en plus légers, que ce soit avant l’embarquement, ou même à bord. Royal Caribbean, Costa Croisières et Celebrity Cruise Line ont levé l’obligation de porter un masque sur les navires, par exemple. On commence à retrouver une expérience client qui ressemble à celle d’avant la pandémie, même si des règles de base subsistent, comme le fait d’être vaccinés contre le Covid-19, de présenter un test antigénique négatif ou parfois PCR, pour certaines destinations isolées, comme l’Antarctique.

Selon vous, quel est l’élément déclencheur de la reprise du secteur ?

Pierre Pélissier : Ce qui fait définitivement repartir la croisière, c’est que l’ensemble des navires du monde entier, ou presque, ont été remis à l’eau. Ça n’a pas été facile, pour les armateurs, car il est devenu difficile de trouver du personnel. Mais ils y sont parvenus. Toutefois, l’Asie n’a pas encore rouvert ses ports à l’industrie de la croisière… Plusieurs compagnies, et notamment les compagnies américaines, ont donc repositionné leurs bateaux en Europe pour l’été. Résultat, nous avons une concentration inédite de bateaux neufs, parmi les plus performants du monde, en Méditerranée cet été. MSC et Costa ne sont pas en reste et y ont positionnés, eux aussi, leurs plus beaux bateaux pour la saison. La concurrence est donc très ouverte et c’est pour cela qu’il y a de nombreuses cabines encore disponibles.

A des prix attractifs ? Habituellement, la croisière ne se prête pas à la dernière minute pour le consommateur…

Pierre Pélissier : Cette capacité exceptionnelle, conjuguée à la reprise tardive des ventes, créée une opportunité de marché. Car, en plus de la capacité asiatique reportée en Europe, les compagnies de croisières ne s’attendent pas à un afflux massif de croisiéristes américains. D’ordinaire, ils représentent près de la moitié des passagers en Europe l’été. Les compagnies doivent donc remplir leurs bateaux avec des Européens. C’est donc une année très intéressante, pour le client. Il y a de bons prix, et encore beaucoup de typologies de cabines différentes. Certaines compagnies, qui pratiquent des prix d’habitude plus élevés que MSC ou Costa, comme Celebrity Cruises, ont revu leurs tarifs à la baisse pour cet été. Ça leur permet d’ailleurs de gratter des parts de marché en France.

Est-ce que l’industrie n’a pas du mal à se défaire de son image de gigantisme et de tourisme de masse ?

Pierre Pélissier : Au contraire, le bateau devient de plus en plus un choix. On réserve pour telle croisière parce qu’elle est opérée par tel navire, et non plus en fonction des destinations qu’elle dessert. La diversité des compagnies et de leurs navires permet également d’échapper au présumé gigantisme. Ponant, par exemple, programme une très belle offre cet été. C’est une industrie de technologie, qui se renouvelle en permanence, et c’est le message qu’on doit faire passer au grand public. La crise a accéléré la destruction de vieux bateaux, et une trentaine d’entre eux sont partis à la casse ces derniers mois. Parallèlement, de nombreux navires sont en chantier : une centaine seront livrés dans les 7 ans qui viennent ! Et chaque bateau apporte de nouvelles solutions pour les autres. Ce n’est que le début pour l’industrie de la croisière et, pour nous, distributeurs, c’est une opportunité qu’il faut saisir.

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