Malgré l’euphorie, le transport aérien s’inquiète pour l’automne
Les compagnies aériennes anticipent un été de forte reprise. Mais la profession regarde déjà plus loin… et n’est pas rassurée.
Réunis au congrès de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM), les professionnels du transport aérien témoignent tous d’un rebond musclé. « Il y a une vraie reprise, et il faut le dire, parce que cela fait deux ans que nous n’avons pas vécu ça », estime Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français (UAF). « La demande est très forte depuis la fin février », abonde Marc Rochet, le directeur général d’Air Caraïbes et président de French bee. « Et c’est tant mieux ! ».
Les aéroports font le plein, les avions sont remplis et « l’été sera bon », assure Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du Voyage (EDV), qui dispose d’une bonne visibilité sur les mois à venir. Alors, pourquoi tous ces acteurs semblent fébriles, alors qu’ils pourraient céder à l’euphorie après deux ans de disette ? « Parce que nous n’avons pas de visibilité sur ce qu’il se passera après l’été », estime Jean-Pierre Mas.
Une dynamique qui ralentit déjà
« Nous vivons une sorte d’euphorie, c’est vrai. Mais de nombreuses incertitudes demeurent : la crise sanitaire va-t-elle reprendre ? La situation géopolitique en Ukraine va-t-elle durer ? Quels seront les impacts de ces crises sur le pouvoir d’achat, sur l’envie de voyager ? », interroge Thomas Juin. « Le marché commence déjà à se poser des questions. En mars, nous avons enregistré une hausse des réservations de l’ordre de 24% par rapport à mars 2019. En mai, nous ne sommes plus qu’à +4% », illustre Marc Rochet. Les clients veulent donc passer un bel été, et sont prêts à investir pour le réussir, mais s’inquiètent, peut-être, pour les mois qui suivront. « Septembre et octobre sont déjà en creux… », reconnaît le patron d’Air Caraïbes.
© Florian De Paola
Un paramètre qui s’ajoute à un autre, stratégique, pour les transporteurs : la hausse des coûts d’exploitation. « Le pétrole a doublé de prix depuis 2021. Le prix des métaux, essentiels pour la maintenance, explose aussi. Nous allons devoir également augmenter le poste de dépenses liées aux ressources humaines, pour nous assurer de disposer d’un staff compétent. Ce qui nous a fait mal, depuis deux ans, c’est les stop and go. Dans les douze mois à venir, c’est la maîtrise des coûts qui sera stratégique », analyse Marc Rochet, qui demeure toutefois « optimiste ».
Augmentation des coûts
Car même si « cela sera une année difficile pour les compagnies aériennes » et que « l’augmentation des coûts va s’installer pour plusieurs années », rien ne semble être plus impactant pour l’industrie du transport aérien que deux années de paralysie liées à un virus qui voyage dans le monde entier.
Quelque 70 millions de personnes ont voyagé par les airs au départ et/ou à l’arrivée de France l’année dernière, soit 39% du niveau de 2019, selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Un léger mieux par rapport aux 30% de 2020, quand l’émergence du coronavirus avait donné un coup d’arrêt brutal au secteur et ravagé ses entreprises. Cet été, avec la reprise et le manque du personnel, certains observateurs redoutent aussi des temps d’attente extrêmement longs dans les aéroports, voire des annulations de vols préventives comme nous l’avons observé, ponctuellement, au printemps.
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Et la tendance à la sobriété de la dépense énergétique pour tous ceux qui veulent participer à désamorcer le désastre climatique ? Soit ceux qui pour cela choisissent de ne plus voyager ??