Patrice Caradec (Alpitour) : « Il faut faire preuve de solidarité entre TO »
Le patron d’Alpitour France pense qu’il faut resserrer les liens entre voyagistes pour affronter la crise et préserver les intérêts des voyagistes.
Comme tous les voyagistes du marché, Alpitour France vient de rapatrier l’ensemble de ses 700 clients. « Et quand le dernier groupe s’est posé à Roissy, on peut dire qu’on était fiers d’avoir bien fait notre travail », témoigne Patrice Caradec, le président du tour-opérateur venu d’Italie. « Nous avons travaillé comme des fous pour trouver des solutions de rapatriement à nos clients. C’est dans ces situations qu’il faut savoir faire preuve de pragmatisme ».
Et de solidarité ? « C’est ce qui permet parfois d’être très réactif. Le tourisme a déjà traversé plusieurs crises. Et je sais que, dans ces cas-là, il ne faut pas attendre pour prendre des décisions, comme celle d’affréter des avions par exemple, pour ne pas perdre les rares créneaux horaires restants. Nous avons travaillé de concert avec nos concurrents, notamment le groupe NG Travel, afin de mutualiser nos achats aériens pour rapatrier des clients du Cap-Vert, de République Dominicaine ou de Cuba. […] Notre mission commune, c’était de rapatrier les clients, coûte que coûte. Et nous l’avons fait ». Une centaine de salariés, principalement issus des équipes d’animation, ont également été rapatriés par Alpitour France.
« Une belle chaîne de solidarité » entre professionnels du tourisme, que Patrice Caradec souhaiterait plus large. « Nos partenaires hôteliers -qui vivent, comprennent et subissent cette crise- ont un comportement exemplaire. Nous avons pu rapidement faire valoir ces circonstances exceptionnelles qui nous désengagent sur l’été… ce qui n’est pas le cas avec les compagnies aériennes ». Moins souples, les compagnies aériennes refusent – pour l’instant – de se plier aux conditions précisées par l’ordonnance publiée par le gouvernement et portant sur l’émission d’un avoir valable pour une durée de 18 mois.
Des accords avec les plus grandes compagnies ?
« C’est l’un des sujets qui va animer nos réunions à distance, avec les membres du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto), car tout ceci n’est pas clair, ni pour le TO, ni pour l’agent de voyages, ni pour le client final », commente Patrice Caradec. « Le Seto doit nous permettre de définir un cadre pour répondre à la majorité des litiges commerciaux qui vont se présenter à nous. Nous pourrions par exemple passer des accords avec les compagnies les plus proches des TO (Air France, les compagnies du Golfe, Air Caraïbes, …). Si, dans 18 mois, on ne veut pas perdre le client en le remboursant, tous les acteurs de la chaîne touristique doivent faire preuve de souplesse ».
C’est ce qui permettra de préparer l’après, même s’il est « difficile de se projeter. Nous étudions plusieurs scénarios, en fonction de quand prendra fin le confinement, en France et ailleurs, et quand repartira le marché. Nous devons nous préparer à tout, y compris à faire l’impasse sur l’été, ce qui serait catastrophique pour l’industrie en Europe. Mais, quoiqu’il en soit, nous ne pourrons pas reprendre la saison 2020 comme si de rien n’était. Nous devrons sûrement faire des ajustements dans la production, pour concentrer nos efforts sur nos points forts ».
Arrivé sur le marché en 2017, Alpitour France est une filiale du voyagiste italien Alpitour, créé en 1947 au sud de Turin. Sa maison mère concentre au moins 30% des parts de marché en Italie, et enregistre un chiffre d’affaires annuel supérieur à un milliard d’euros depuis les années 2010.
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