Pascal Savary (Atream) : « Pour rebondir, l’industrie aura besoin d’investissements »
Selon le président d’Atream, un fonds d’investissement bien installé dans le tourisme, la crise actuelle représente un « séisme ». Mais le secteur possède une forte capacité de rebond.
L’Echo touristique : Comment est né Atream ?
Pascal Savary : Nous avons créé Atream en avril 2008, il y a donc bientôt 13 ans. Notre ambition est simple : nous voulons accompagner les exploitants de l’industrie du tourisme, dans la durée. Nous voulons contribuer au rayonnement de cette économie, qui pèse près de 10% du PIB de la France, et génère 2,5 millions d’emplois, dans tous les territoires. C’est une industrie qui irrigue les autres pans de l’économie locale et créée de l’attractivité. Voilà notre conviction. Aujourd’hui, nous gérons près de 4 milliards d’euros d’actifs, dont plus de la moitié sont investis dans le tourisme, notamment aux côtés de grands groupes – Accor, Club Med, Center Parcs/Pierre & Vacances… – en France et en Europe du Nord : Allemagne, Pays-Bas, Belgique.
Investir n’est pas risqué, étant donné le contexte actuel ?
Pascal Savary : Nous accompagnons les exploitants sur le long terme, y compris dans les moments difficiles, comme celui que nous vivons depuis un an. Mais le tourisme a déjà traversé de nombreuses crises. Celle-ci est très violente, c’est un séisme. Mais nous devons l’utiliser pour en sortir avec une vision commune, en intégrant les nouveaux enjeux qui comptent. Le tourisme est une industrie de l’offre. Nous devons aider les exploitants à se concentrer sur la compréhension de leur clientèle et de ses attentes, en investissant sur les leviers qui leur permettront de maîtriser leur relation client en direct. La stratégie de sortie de crise doit être définie avec eux, pour maintenir l’attractivité touristique de la France, qui devra faire face à la concurrence de ses voisins européens. Afin de rebondir au plus vite, l’industrie aura besoin d’investissements.
Je ne crois pas que l’essor du télétravail va transformer le voyage d’affaires.
De nouveaux paramètres seront à prendre en compte pour les investisseurs ?
Pascal Savary : Qu’ils soient institutionnels ou particuliers, les investisseurs devront désormais composer avec les questions de gouvernance, d’enjeux environnementaux et sociétaux, qui seront des éléments essentiels pour la reprise de l’industrie. Celle-ci se doit d’être exemplaire : c’est la première industrie de France, et elle doit être le moteur de cette relance économique. Le produit devra s’adapter à ces nouvelles attentes. La croissance française est basée sur la consommation, et la reprise de l’activité touristique sera prépondérante. Il faut espérer que les volumes de vaccins annoncés pour le printemps seront bien réels, pour permettre une reprise avant l’été. Parce qu’il y aura un rebond très fort, nous en sommes convaincus.
Dès cet été ?
Pascal Savary : Pour nos partenaires, qui sont principalement dans l’hébergement, nous pouvons l’espérer. Le tourisme de proximité, voire domestique, sera l’une des vraies tendances de l’année 2021. Certains d’entre eux enregistrent des niveaux de réservations supérieurs de 25% par rapport à l’été 2020, qui fût déjà un bon été. Le rebond sera d’abord très fort, avant de se mettre en place progressivement de façon structurante, et ce pour le loisir comme pour le MICE. Je ne crois pas que l’essor du télétravail va transformer le voyage d’affaires. La frustration de ne pas pouvoir se rencontrer « en présentiel », comme on dit désormais, met en lumière le fait que c’est essentiel, pour les entreprises qui veulent rester compétitives, d’échanger en direct, de faire se rencontrer des talents, de partager des informations et des émotions. Le voyage d’affaires mettra sans doute un peu plus de temps à repartir que le loisir, mais je pense qu’il repartira d’ici à la mi-2022.
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