Michaël Ruysschaert (Explore Savoie) : « Un nouveau modèle qui nous va bien »
La Savoie vient de présenter les contours d’un nouveau Comité départemental du tourisme (CDT), Explore Savoie, prenant la suite de l’agence bi-départementale Savoie Mont-Blanc. Son nouveau directeur général, Michaël Ruysschaert, nous détaille ce nouveau départ.
L’Echo touristique : Après la fin médiatisée de l’agence Savoie Mont-Blanc, comment interprétez-vous le lancement d’un nouveau CDT propre à la Savoie ?
Michaël Ruysschaert : D’abord, rappelons que le tourisme représente 50% du PIB savoyard, donc il est essentiel d’avoir un organisme fort qui pilote et donne une vision touristique au département.
Par rapport à la fin de Savoie Mont Blanc, nous avons vécu une forme de traumatisme depuis deux ans. Redémarrer une marque avec une partie des équipes, les remobiliser… Nous avons été asphyxiés par la situation. Je crois que le plus difficile psychologiquement a été de repartir de rien. Par exemple, sur les réseaux sociaux, nous sommes passés d’une des plus grandes communautés touristiques au monde, à 2000 abonnés au 1er avril… Nous avons pris une sacrée douche froide, et sommes passés de la tête de peloton à complètement au fond.
Quels aspects positifs voyez-vous à ce nouveau départ ?
Michaël Ruysschaert : Il s’agit maintenant d’un redémarrage avec des moyens importants (6 millions d’euros annuels, avec 1,3 million de budget de fonctionnement, ndlr). Et le département, notre financeur, nous annonce déjà du renfort financier pour les prochaines années afin de nous permettre de maintenir un cap sur les quatre prochaines années.
Surtout, il y a ce côté deuxième chance, et les équipes sont sur-motivées. Je crois que ce changement de cap est finalement une bonne chose : nous avons quasiment le même budget, en étant dans une meilleure autonomie de décision, et en passant de 60 personnes à 20. Donc, en étant globalement beaucoup plus agile. C’est un nouveau modèle qui nous va bien.
Concrètement, quels sont les grands chantiers des prochains mois ? Sur quoi allez-vous vous focaliser ?
Michaël Ruysschaert : Ces trois derniers mois ont été dédiés au recrutement, au lancement de notre nouvelle marque et du plan marketing opérationnel que nous venons de dévoiler. Cet été, nous allons donc nous occuper directement de l’hiver prochain et de l’année 2026.
Concernant notre stratégie de marché : nous avons empilé les cases pendant des années, sur les marchés matures, en multipliant toujours les mêmes rendez-vous… Aujourd’hui, nous changeons de stratégie : sur ces sujets-là, nous nous mettons en retrait et laissons la main à Auvergne-Rhône-Alpes Tourisme. De notre côté, nous nous attaquons aux marchés italiens, allemands et scandinaves. Nous voulons être défricheurs, mettre de gros moyens, nous focaliser sur ces nouveaux marchés, et arrêter la promotion sur les marchés matures et long-courriers.
Les Jeux Olympiques d’hiver de 2030 sont organisés concomitamment avec deux départements des Alpes du Sud et surtout avec la Haute-Savoie. Comment appréhendez-vous la situation ?
Michaël Ruysschaert : On voit bien que politiquement, le sujet est complexe. Globalement, nous sommes partis du principe que chacun bossait pour sa paroisse. Mais je crois quand même, et j’espère, que les JO amèneront une forme d’intérêt général. Il s’agit d’un évènement à trois milliards de spectateurs. Si les Alpes du Nord ne peuvent pas incarner les JO d’hiver, je ne sais pas qui peut le faire dans le monde. Comme le dit Edgar Grospiron (à la tête du Comité d’organisation, Ndlr), tout le monde s’en fiche de nos histoires de cornecul.
Je le dis avec le plus grand respect, car tout le monde pense qu’il y a un gros clivage dans nos équipes : nous avons laissé 50% de nos équipes sur le carreau, qui bossent en Haute-Savoie désormais. Nous avons travaillé 17 ans pour les offices de tourisme de Haute-Savoie. Ce sont des amis avant tout. Alors oui, malheureusement, il y a une scission, et peut-être que dans trois ans, nous nous dirons que c’était quand même bien bête. Mais, en tout cas, je ne crois pas que les JO soient impactés par ce sujet. Je pense que nous serons tous un niveau au-dessus pour se dire qu’il y a un intérêt collectif.