Métiers en tension : le retard de la liste 2025 met à mal le secteur de l’hôtellerie-restauration
Alors que l’été approche à grand pas, le secteur du tourisme trépigne en attendant la publication de la liste des métiers en tension, sans laquelle il est impossible de régulariser les travailleurs étrangers.
Le secteur avait pourtant déjà tiré la sonnette d’alarme. Confronté à une pénurie de main d’œuvre criante, l’hôtellerie-restauration s’alarme du retard de publication de la liste des métiers en tension, qui permet la régularisation des travailleurs étrangers occupant des postes vacants.
Originellement annoncée pour fin février, l’échéance a pourtant déjà été repoussée à plusieurs reprises. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, avait même évoqué début avril une publication plus tardive : « avant l’été », voire en « septembre ».
De quoi exaspérer les professionnels de l’hôtellerie-restauration, qui dépendent de la publication de cette liste pour compléter leurs équipes. En énumérant les quelque 80 métiers en manque de main-d’œuvre, cette disposition doit permettre aux patrons en difficulté à recruter de garder leurs employés étrangers sans risquer de condamnation.
Mais la saison estivale approche – et toujours pas de liste à l’horizon. Le secteur de l’hôtellerie-restauration fait pourtant face à une pénurie de main-d’œuvre conséquente. Le besoin est estimé, selon l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih), à 200 000 travailleurs. Fin février 2025, alors en visite à Lourdes, Nathalie Delattre avait évoqué quant à elle un manque de « 63 000 travailleurs saisonniers en France ».
Situation critique
Pour les acteurs de l’hôtellerie-restauration, cette attente a un coût tangible. Les restaurateurs en manque de personnel se voient obligés de refuser des clients, perdant ainsi du chiffre d’affaires – et privant alors l’Etat de recettes fiscales. Le manque à gagner pourrait être conséquent pour l’ensemble de la filière touristique.
Certains voient, dans ce retard, des manœuvres politiques. En lice pour la présidence des Républicains – qu’il a par ailleurs remporté ce dimanche, Bruno Retailleau aurait voulu éviter de « torpiller sa campagne », selon les syndicats, en publiant une liste trop ouverte.
En janvier 2025, déjà, l’Umih était montée au créneau et avait demandé un rendez-vous avec le ministre de l’Intérieur pour porter « la réalité de la situation de l’emploi » dans l’hôtellerie-restauration. Dans un communiqué, le syndicat avait souhaité « que la nouvelle circulaire ne durcisse pas les conditions de régularisation et d’accès à l’emploi pour les ressortissants étrangers déjà présents sur notre sol et désireux de travailler dans ces métiers ».
En retenant la publication de cette liste, le gouvernement fragilise non seulement des secteurs clefs de l’économie française, mais il freine également la croissance du pays, ainsi que l’intégration de travailleurs pourtant essentiels. Selon le rapport « Travailleurs immigrés : avec ou sans eux ? » du think tank Terra Nova, il faudrait en effet 250 000 et 310 000 travailleurs immigrés pour maintenir le ratio actifs-inactifs et garantir la « soutenabilité » du « modèle social » français.
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