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Marseille : dans les Calanques, le fléau des locations sauvages de bateaux

Locations illégales, manque de respect des règles de mouillage, naufrages : le Parc national des calanques subit une surfréquentation maritime qui porte atteinte à la sécurité des usagers et à sa biodiversité.

Sur la Méditerranée et ses nuances de bleu, près des rochers et des pins qui composent les paysages remarquables du Parc, des dizaines de navires se succèdent parfois au même endroit ou pénètrent dans les espaces de baignade. En période estivale et lors des week-ends prolongés du printemps, ces locations se multiplient, engendrant un trouble « à la quiétude » qui comporte aussi des risques sécuritaires, regrette Nicolas Chardin, directeur adjoint du Parc.

Car une partie de ces navires sont loués illégalement, malgré la stricte règlementation du Parc national des calanques qui conditionne la location de navires à quelques dizaines de loueurs professionnels dotés d’un agrément et limite les locations entre particuliers à cinq fois par an. L’infraction à ce règlement « met en danger la vie des personnes » et porte atteinte à l’environnement, avec « des fuites d’hydrocarbures en mer » et des déchets qui se répandent, en cas de naufrage, comme cela est arrivé deux fois en quelques jours au début de l’été, poursuit Nicolas Chardin.

« Le préjudice écologique est désormais pris en compte »

Les réparations des dommages sont prises en charge par les propriétaires des navires, qui peuvent également être trainés devant le tribunal de Marseille. Le 4 avril, deux loueurs de bateaux avaient ainsi écopé d’une amende de 5 000 euros et de 3 000 euros de dommages et intérêts. Les loueurs professionnels non autorisés encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement, 100 000 euros d’amende ainsi que la confiscation du navire.

« Le préjudice écologique est désormais pris en compte par les magistrats », insiste le parquet de Marseille. Dès 2012 et la création du Parc, le tribunal s’est doté d’une politique pénale « unique et adaptée à ce territoire de préservation », avec l’instauration d’un « groupe opérationnel Calanques ». Résultat : le nombre de procédures annuelles sur ce volet des locations sauvages est passé « d’une dizaine en 2019 et 2020, à 19 en 2021 », selon le parquet.

Vers la fin de la navigation dans les Calanques ?

Pour limiter les dommages, des contrôles sont régulièrement réalisés par des patrouilles qui « vérifient le mouillage, la pêche et les activités commerciales » de transport de touristes en bateau. Mais cette lutte est « compliquée », car « ce sont souvent des usagers très ponctuels de la mer », qui parfois méconnaissent « les règles élémentaires de navigation », constate le porte-parole de la Préfecture maritime.

« Pour nous, avoir l’agrément, ce ne sont que des avantages », se félicite Jérôme Bonnieu, gérant de la société de location Easy rent Boat. « A Marseille comme ailleurs, il y a des loueurs un peu sauvages ou qui disent des bêtises aux clients », constate-t-il. « Mais avoir l’autorisation du Parc reconduite chaque année démontre la confiance » envers les prestataires autorisés.

Si huit navires sur dix fréquentant le Parc national sont des navires loués, il n’est pas possible de quantifier la fréquentation des Calanques en continu, explique Nicolas Chardin. Seul un système de surveillance aérienne permettrait de savoir « qu’il y a X centaines de navires dans le Parc à l’instant T », détaille-t-il. « Sur les sentiers, on peut mettre des éco-compteurs, mais pas en mer ».

Certaines calanques très touristiques, comme celle d’En Vau, sont déjà interdites au mouillage, afin de réduire leur fréquentation. « A terme, on pourra de moins en moins aller naviguer dans les Calanques », prédit Jérôme Bonnieu.

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