Coût de l’énergie : les stations de ski pourront-elles ouvrir cet hiver ?
Face à l’envolée du prix de l’électricité, les professionnels de la montagne tirent la sonnette d’alarme et espèrent obtenir un accompagnement de l’Etat.
Après deux années de Covid, c’est une nouvelle menace qui pèse sur la prochaine saison de sports d’hiver. Ainsi que le rapporte Franceinfo.fr, certaines stations pourraient même remettre en question leur ouverture. La raison : la hausse spectaculaire du coût de l’énergie. En France, environ 70% des stations d’hiver renégocient leur contrat triennal avec les fournisseurs d’énergie cet automne, explique l’article. Et dans le contexte actuel, la facture est plus que salée, car pour faire tourner les remontées mécaniques, il en faut de l’électricité.
« Nous sommes dans l’incapacité de signer un nouveau contrat avec EDF au vu des propositions qui nous sont faites », alerte ainsi Sébastien Giraud, le directeur général de la régie des remontées mécaniques de Villard-de-Lans, cité par Franceinfo.fr. Au moment où nous rédigeons ces lignes, le prix de gros de l’électricité dépasse les 1000 euros le mégawhatteur. Il coûtait 85 euros il y a un an. Et si toutes les stations ne renégocient par leur contrat cet automne, Villard-de-Lans n’est bien sûr pas la seule station à être concernée.
« Il n’y a pas de solutions toutes faites »
Dans ce contexte, les professionnels de la montagne espèrent la mise en place d’un bouclier tarifaire, tel qu’il en existe pour les ménages. Le sujet sera notamment à l’ordre du jour d’une réunion avec les ministères concernés, dont Bercy, ce mardi 6 septembre. Y participeront entre autres Domaines skiables de France et l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM). « Nous en attendons des réponses aussi précises que possible et que l’Etat nous accompagne, nous explique Joël Retailleau, le directeur général de l’ANMSM. Nous ferons bien sûr des efforts, mais ça ne suffira pas à absorber le coût démesuré de l’augmentation de l’énergie pour ce passer ce cap difficile, dans un contexte financier déjà complexe. »
Et de rappeler au passage que les stations n’ont toujours pas perçu les compensations financières au titre de l’année 2021, compensations promises dans le cadre de la crise sanitaire et qui devaient initialement être versées au plus tard le 31 mai 2022. « Cela nous a été promis pour octobre, nous ne désespérons pas, poursuit Joël Retailleau, qui reconnaît « des calculs complexes » ayant obligé à décaler les dates de versement.
En dépit de ce contexte, Joël Retailleau relativise le risque d’une nouvelle saison blanche. « Nous n’en sommes pas là. Nous comptons sur l’aide de l’Etat pour trouver des solutions qui nous permettent de passer cette saison d’hiver le moins mal possible. Il n’y a pas de solutions toutes faites. Le sujet est effectivement important et crucial, mais je suis confiant sur le dialogue que nous allons avoir avec l’Etat. »
« Toutes les collectivités sont confrontées au même problème, rappelle Joël Retailleau, même si la montagne a effectivement une spécificité, car sa consommation est rassemblée sur une courte période en hiver, lorsque les besoins sont les plus importants à cause du froid. »
Chasse au gaspi
La réponse devrait aussi venir en partie de l’Union européenne, qui planche actuellement sur les leviers à activer, en urgence et à plus long terme.
En France, la Première ministre Elisabeth Borne a appelé le 29 août dernier chaque entreprise à établir son plan de sobriété en vue de réduire la consommation énergétique de 10% sur deux ans. Un objectif auquel devront également prendre part les entreprises du tourisme. Pierre et Vacances a déjà anticipé en dévoilant cet été son plan de sobriété avec des mesures concrètes. Le groupe a d’ores et déjà baissé de 2°c les températures des espaces aquatiques de ses domaines Center Parcs et de ses résidences Pierre & Vacances. Il a aussi ajusté de 2°C le seul de déclenchement de la climatisation des résidences urbaines Adagio. A moyen terme, le Pierre et Vacances s’est aussi engagé dans une démarche volontaire de trajectoire carbone 1,5°C à horizon 2030.
La SNCF, de son côté, a aussi été sommée d’économiser l’énergie par le gouvernement, mais sans restreindre la circulation.
Face aux risques de coupure ou de rationnement de l’énergie, le gouvernement présentera les différents scénarios sur lesquels il planche actuellement au mois d’octobre.