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Malgré la précarité et les exigences, le métier d’hôtesse de l’air fait toujours rêver

Après un gel brutal durant la pandémie, les compagnies aériennes recommencent à embaucher massivement aux métiers d’hôtesse de l’air et steward. Et l’offre rencontre la demande.

« Le matin, je suis à Aubervilliers » en banlieue de Paris et « le soir, à Cancun » au Mexique : le métier d’hôtesse de l’air, qui recrute à nouveau après le coup d’arrêt du Covid-19, fait toujours rêver. Même s’il devient de plus en plus exigeant et parfois précaire.

« Dès qu’on publie une offre d’emploi pour le métier de PNC (Personnel navigant commercial) en alternance (conjuguant phase pratique et théorique, NDLR), au bout de quatre heures on est obligés de la fermer parce qu’on a 3 000 candidatures pour 300 places », révèle Valérie Gary, responsable marque employeur et relations écoles chez Air France.

Une profession largement féminine

PNC désigne aussi bien les hôtesses que les stewards, une profession qui reste à 80% l’apanage de femmes, selon l’association Women in Aviation International. Autre indice de l’attractivité du métier : les longues files de jeunes gens, CV à la main, au salon annuel des formations et métiers aéronautiques à l’aéroport du Bourget, près de Paris.

Parmi eux, Sarah Salens, 27 ans, en reconversion après un début de carrière dans l’entraînement des gymnastes. « J’essaie de ne démarcher que des compagnies qui font du long-courrier. Après, je me rabattrai sur du court si je n’arrive pas à trouver », confie-t-elle. Souhaitant rester basée en France, elle écarte a priori Emirates. Pourtant, la compagnie du Golfe, avec ses avions géants desservant le monde entier, embauche massivement.

Emirates « est à la recherche de 5 000 » PNC rien qu’en 2025, sur un effectif actuel de 23 000, explique Olivia Machon, chargée du recrutement. La compagnie organise des rencontres dans 470 villes du monde.

Rythme effréné

Mais la réalité du métier est aussi celle du rythme effréné des « low-cost », dont les avions ne restent au sol qu’une trentaine de minutes entre deux rotations.

« On se demande pourquoi des PNC continuent de travailler pour certaines compagnies aériennes, notamment des ultra-low-cost, où ils sont mal payés, où on leur demande une adaptabilité au niveau de leur planning qui est très difficile », témoigne Stéphane Salmon, président du SNPNC, le premier syndicat français de la profession.

Il déplore aussi « une forte augmentation de la précarité » des contrats, chez tous les transporteurs. « Mais c’est vrai que comme ce métier fait rêver, fait envie, les compagnies en profitent. »

Davantage de reconversions

Un autre aspect sombre de la profession est apparu ces dernières semaines, quand une enquête de Radio France a mentionné plusieurs cas d’agressions sexuelles, de harcèlement et de comportements sexistes chez Air France, sur des femmes pilotes et des hôtesses. La compagnie a annoncé avoir redoublé d’efforts pour lutter contre ce phénomène.

Après un gel brutal pendant le Covid-19, Air France a rouvert ses embauches. 250 PNC ont été titularisés au 1er avril, et 450 sont engagés pour la saison d’été. « On formait plus de 250 PNC, on est tombé à zéro » pendant la pandémie, se souvient Magali Jobert, déléguée générale de l’AFMAÉ, le centre de formation aux métiers de l’aérien, près du Bourget.

Près de 600 formations y sont prévues cette année, conséquence d’une franche reprise. Mais également d’une pyramide des âges qui va nécessiter de nombreux remplacements, selon Mme Jobert. Elle constate que le profil des apprenants a changé depuis la crise, et note « beaucoup plus de reconversions professionnelles ».

« Évidemment, le métier a changé »

Certains aspirants PNC sont titulaires de diplômes d’études supérieures. C’est le cas d’Aline Atangana, 25 ans, en alternance chez Air France sur long-courrier. Ses premiers pas dans la vie active, dans le secteur de la communication, l’avaient laissée sur sa faim. En revanche, « hôtesse de l’air, on rencontre le monde en miniature dans un avion pendant six à douze heures ». Et à l’escale, « c’est quand même quelque chose de fou. Le matin, je me réveille, je suis à Aubervilliers. Le soir, je suis à Cancun », s’amuse-t-elle.

Même enthousiasme dans les yeux d’Arthur Astarita, 24 ans, qui s’est lui aussi reconverti après un master de design digital et un poste de… conducteur de tramway. Il constate qu’à bord, « le plus compliqué, c’est de répondre aux sollicitations de tout le monde, tout le temps ».

« Évidemment, le métier a changé. Ils volent beaucoup plus. Il y a moins de repos. Les clients ont changé. Mais ça fait toujours, toujours rêver », assure Deborah Stovell, ancienne hôtesse de l’air devenue formatrice à l’AFMAÉ. Elle évoque un « style de vie » au-delà d’une profession.

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