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Lionel Rabiet : « Je ne suis pas candidat à la présidence des EDV nationales »

La convention des Entreprises du Voyage d’Ile-de-France vient de s’achever en Guyane. L’occasion de faire le point sur les actions menées ces derniers mois, et sur les prochaines échéances. Entretien avec Lionel Rabiet, le président des EDV/IDF.

En octobre dernier, la précédente convention des EDV/IDF au Québec avait abordé des sujets majeurs concernant notamment l’attractivité du secteur. Quelles initiatives concrètes ont été déployées depuis ?

Lionel Rabiet : Nous sommes en train de lancer une grande initiative en termes de RSE avec Valérie Boned. Ce projet a été abordé dans d’autres conventions régionales récemment et sera aussi déployé en Ile-de-France. L’objectif est de fournir aux agences de voyages des outils pour mettre en place des actions RSE, un plan d’intéressement par exemple. Nous allons prochainement organiser une visioconférence sur le sujet avec les adhérents. 

La formation faisait aussi partie des sujets prioritaires…

Lionel Rabiet : Effectivement. Notre rôle aux EDV régionales c’est aussi de relayer les actions nationales, qui comportent plusieurs axes, et notamment la formation. EDV a signé un partenariat qui donnera à Travelpro plus de moyens pour développer de nouvelles formations, c’est important. De mon côté, je souhaite que nous mettions en place un partenariat avec ATR, pour pouvoir proposer plus de formations sur le tourisme responsable. Nous réfléchissons notamment à une mini-fresque du climat pour les agents de voyages. Il y a d’autres thématiques, bien sûr, comme la digitalisation. L’effort doit vraiment être porté sur ces sujets. Et puis nous avons organisé deux conventions ces six derniers mois. C’est un gros boulot et je salue le travail et l’implication de Mélody Thiebaut-Heimburger et Gilles Meynard.

Cette convention en Guyane, c’était aussi un projet de longue date. Pourquoi ce choix ?

Lionel Rabiet : Oui, c’était une envie de revenir aux sources de ce qu’est aussi une convention régionale : un voyage de découverte. La Guyane est une destination qui m’a toujours semblé injustement délaissée par les institutionnels, les agents de voyages. La Guyane est pourtant une destination très riche en termes d’expérience de nature – c’est quand même la jungle amazonienne – c’est une faune exubérante, une biodiversité unique. C’est aussi une destination culturelle, avec les Îles du Salut et le bagne. On y vient aussi pour le tourisme scientifique avec le CNES et la base de lancement de Kourou.

Choisir cette destination, c’est aussi une réponse au tourisme bashing ?

Lionel Rabiet : Totalement. Aujourd’hui on est un peu sur la défensive. On lit souvent dans les médias ou sur les réseaux sociaux des critiques insensées et incessantes sur le fait que voyager, c’est mal. Pour être responsable, il faudrait voyager quatre fois dans sa vie au maximum, dont deux pendant l’enfance si j’en crois Jean-Marc Jancovici du Shift Project. Il y a tout un discours que je trouve très déstabilisant. A aucun moment, je ne nie la responsabilité écologique qui est la nôtre, s’agissant notamment du réchauffement climatique. Mais je pense qu’il faut aussi rappeler avec beaucoup de force que le tourisme est l’une des plus belles inventions qui a jamais été faite, que c’est un facteur d’ouverture et de développement économique pour les peuples. La Guyane souffre de certains maux économiques en termes de chômage, de précarité. La région aspire à développer le tourisme car c’est une source d’emplois, de développement économique, d’émancipation aussi pour les populations. Nous avons une responsabilité, nous devons trouver des solutions pour moins polluer en termes de CO2. Mais nous pouvons aussi être fiers de ce que nous faisons quand nous contribuons au développement économique de destinations comme la Guyane ou de pays autrefois sous-développés qui aujourd’hui, grâce au tourisme, ont une certaine prospérité économique.

Le tourisme est un outil de redistribution des richesses dans le monde.

En tant que professionnel du tourisme, comment vivez-vous ces attaques ?

Lionel Rabiet : J’oscille entre plusieurs réactions. Au niveau de mon entreprise, Voyages d’Exception, nous nous engageons dans des démarches de développement durable et d’absorption carbone, mais j’hésite à les mettre en avant, parce que je sais qu’en le faisant je m’expose à des critiques. A un moment, ça ne sert à rien de discuter avec des gens qui considéreront toujours que nous n’en faisons pas assez. C’est certain que quand on assène « il ne faut plus voyager », il ne nous reste pas beaucoup d’ouvertures possibles. Je suis à la fois offensif sur le thème « soyons fiers », mais j’évite de plus en plus les réseaux sociaux. Le risque de bashing y est trop important.

Pourtant comme le rappelait Julien Buot (ATR) lors de la convention qui s’est tenue au Québec, taire ses efforts est aussi une erreur. Même si la compensation est un sujet de plus en plus clivant…

Lionel Rabiet : Je pense qu’on doit encourager l’absorption carbone. Je parle d’absorption parce que je comprends que le mot «compensation » puisse être polémique. Dans le terme de « compensation », il y a cette idée qu’on annule complètement les effets de nos actions. Ce qui n’est pas le cas, les choses sont évidemment plus subtiles que ça. Mais absorber, c’est positif. Je ne vois en tout cas pas d’autres solutions autre que l’absorption aujourd’hui si on veut bien faire les choses pour les voyages long-courriers. Je considère que ça reste un acte vertueux. Bien sûr, il ne faut pas faire n’importe quoi, il faut bien choisir les projets.

Cela représente un coût important pour Voyages d’Exception ?

Lionel Rabiet : C’est un coût futur, nous allons commencer à le faire cette année. Nous nous appuyons d’ailleurs sur le fonds de dotation du Seto, qui s’appuie lui-même sur la fondation Insolite Bâtisseur de Voyageurs du Monde. Cela nous permet d’investir dans des programmes certifiés, dans des conditions simples et contrôlées d’un point de vue économique. C’est une démarche que je trouve extrêmement positive.

En quelques années, la perception du métier a effectivement énormément changé…

Lionel Rabiet : C’est pour cela que je pense qu’il est important de rappeler sans cesse les bienfaits induits du tourisme. Le tourisme, je le vois aussi comme une conquête sociale. C’est également un outil de redistribution des richesses dans le monde. Nous avons vu ce qui s’est passé avec l’arrêt du tourisme pendant le Covid. Aujourd’hui, il y a des destinations qui ont perdu vingt ans de développement, qui se retrouvent au bord du gouffre. Je pense au Sri Lanka, par exemple. Je crois beaucoup au développement du voyage y compris lointain, parce que je pense que les aspects positifs sont très nettement supérieurs aux aspects négatifs. A nous de tenter d’atténuer ces effets négatifs. Absorber le carbone est l’un des moyens d’y arriver.

Jean-Pierre Mas cèdera bientôt sa place de président après deux mandats à la tête des EDV, votre nom est cité parmi les candidats potentiels, vous confirmez ?

Lionel Rabiet : Je souhaite continuer à m’investir au niveau des Entreprises du Voyage, notamment sur le thème qui me semble être le plus fondamental pour les prochaines années, celui du tourisme responsable. Mais en ce qui concerne le poste de président aux EDV nationales, je ne suis pas candidat. Tout simplement parce que c’est une fonction qui n’est pas cumulable avec celle de dirigeant d’entreprise. Mais je suis persuadé que nous aurons de très bons candidats et je suis prêt à travailler avec celle ou celui qui sera notre futur président des Entreprises du Voyage.

Vous pourriez vous représenter au niveau régional ?

Lionel Rabiet : Oui. Je n’ai pas pris de décision définitive mais aujourd’hui, sincèrement, j’ai l’impression que notre action au niveau régional est appréciée. Nous avons organisé deux conventions dans les six derniers mois qui ont rencontré un grand succès, nous avons lancé d’autres initiatives. Je m’épanouis dans ce job où je rencontre des gens passionnants et je suis au contact des problématiques des agences. Mon mandat à la présidence des Entreprises du Voyage pour l’Ile-de-France se terminera en juin et j’ai envie de continuer à m’investir.

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