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Les low cost quadrillent l’Hexagone

Entre le plan de développement à long terme d’Easyjet, le maillage toujours plus important de Ryanair et l’arrivée de nouveaux transporteurs, le poids des low cost n’a jamais été aussi important en France. L’offre est désormais pléthorique.

Il semble bien loin le temps où Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France/ KLM, feignait de ne pas s’alarmer du développement des lignes à bas tarifs en France, préférant concentrer sa contre-offensive en direction du TGV. Selon les statistiques de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), les compagnies low cost opérant en France ont réalisé 31,7 % de l’ensemble du trafic vers ou au départ de France en 2007, soit un peu plus de 20 millions de passagers ! Elles ne représentaient que 26,6 % en 2006 et 21,9 % en 2005 ! Néanmoins, même s’ils constituent un bon indicateur, ces chiffres doivent être pris avec précaution, puisque la DGAC y inclut Air Méditerranée et Aigle Azur.

Toujours est-il que les transporteurs à bas coûts continuent leur implantation à marche forcée en France et que le quadrillage toujours plus serré du territoire laisse de moins en moins de place pour les compagnies charters, par conséquent obligées de s’orienter vers le long-courrier ou des marchés de niche. Alors que certaines low cost sont désormais accessibles via les GDS, il était temps de refaire le point sur l’offre au départ de France.

Le plan de bataille est prêt

Easyjet, devenue deuxième compagnie de l’Hexagone en 2003, et qui a encore vu son trafic dans notre pays augmenter de 16,7 % en 2007, accélère sa stratégie de concurrence frontale avec Air France, et proposera cet été 99 lignes depuis la France. Le plan de bataille hexagonal, pour lequel la compagnie orange va débourser 600 ME d’ici 2011, se déroule en deux temps. Alors qu’elle dispose déjà de six avions à Orly, Easyjet vient d’inaugurer une base à Paris/CDG, avec trois avions supplémentaires permettant le lancement de sept destinations : Biarritz (deux vols/jour), Porto, Marrakech, Venise, Cracovie, Hambourg et Ibiza. En avril, la compagnie tirera une seconde salve en s’installant dans le principal hub régional d’Air France, Lyon/Saint-Exupéry. Elle y basera deux avions qui voleront vers Venise, Porto, Lisbonne, Casablanca et Marrakech, mais aussi Bordeaux et Toulouse (deux vols/ jour chacune). Avec ces transversales françaises, Easyjet créera l’événement en concurrençant des lignes en situation de monopole, très rentables pour Air France. Sur toutes ces liaisons, la guerre tarifaire est engagée. L’aller Paris-Biarritz est proposé par Easyjet en prix d’appel à 31,49 E TTC, quand il démarre à 81 E chez Air France. De Lyon, la compagnie nationale réagit en lançant une promotion ciblée à 78 E TTC l’A-R, vers Toulouse, Bordeaux, Barcelone, Madrid, Rome et Venise.

Une arrivée remarquée dans les GDS

Parallèlement à ces deux bases, Easyjet débarquera au printemps dans quatre aéroports français. Suite au rachat de GB Airways, elle reprendra à son compte le vol quotidien Monpellier-Londres/Gatwick à partir du 4 mai, ainsi que les lignes de Nantes vers Londres/ Gatwick et Genève. Ces deux destinations seront accessibles depuis la Corse aussi (Bastia et Ajaccio). Au total, le transporteur prévoit d’augmenter de 50 % ses capacités en France au cours du premier semestre, et espère séduire 8 millions de passagers dans l’Hexagone en 2008, un tiers de plus qu’en 2007. Il vise même 12 millions de passagers par an en 2011, avec une vingtaine d’avions basés dans notre pays.

En termes de commercialisation aussi, l’offensive est conséquente. Easyjet continue à faire évoluer son modèle, à tel point que certains considèrent que la compagnie n’est plus low cost mais seulement low fares (bas tarifs). Elle a ainsi fait une arrivée remarquée dans les GDS (Amadeus et Galileo) depuis novembre. Soucieuse d’augmenter la part de son trafic affaires, qui représente pour l’instant 20 % de son activité, Easyjet donne maintenant aux agences de voyages la possibilité d’accéder à ses stocks. Pour autant, un sou reste un sou ! Le transporteur facture un surcoût de 7 E par segment pour toute réservation effectuée via les GDS, que les agences répercuteront à leurs clients. Ce n’est pas la première fois qu’Easyjet lorgne ce trafic affaires, chasse gardée des agences, puisqu’elle propose déjà des embarquements rapides et la possibilité de prendre gratuitement le vol précédent une réservation, deux services appréciés par les voyageurs d’affaires.

L’autre grande compagnie low cost globale, à savoir Ryanair, continue contre vents et marées à se présenter comme la gardienne du temple des principes low cost : liaisons au départ d’aéroports secondaires moins coûteux, commercialisation tout Internet, et rejet total d’un éventuel recours aux agences, à grand renfort de déclarations tonitruantes. Néanmoins, même si elle ne semble pas considérer le marché français comme une priorité, la compagnie irlandaise peaufine un maillage toujours plus serré de l’Hexagone. Il n’est qu’à observer les ouvertures de lignes de Limoges, Angoulême ou Nantes pour s’en convaincre.

Avec sa première base française installée au terminal low cost mp2 de Marseille depuis novembre, Ryanair dispose néanmoins d’une tête de pont majeure dans l’Hexagone. Elle y exploite des vols vers Bruxelles (Charleroi), Londres/Stans- ted, Eindhoven, Fès, Marrakech, Göteborg, Stockholm (Skavsta), Oslo (Torp), Madrid et Porto, et annonce pour cet été des lignes vers Dublin, Edimbourg, Glasgow, Birmingham, Bournemouth, Manchester et Malaga.

199 lignes depuis la France

Fidèle à son principe de réseau en étoile, l’ouverture de cette première base dans le sud de la France permet à Ryanair de continuer à bénéficier de la demande en provenance du nord de l’Europe, toujours majoritaire, tout en profitant des opportunités de croissance au départ du marché français. Cette stratégie trouve tout son sens pour les lignes au départ de Beauvais, l’aéroport historique de Ryanair. L’ouverture d’une base (avec avions à demeure sur place) y est constamment évoquée, mais reste conditionnée à l’agrandissement des infrastructures de la plateforme picarde. En attendant, Ryanair continue à y développer de nouvelles lignes, avec notamment le lancement récent de vols vers Brême (Allemagne), Alicante, Valence et Pise.

A elles deux, Easyjet et Ryanair proposeront, cet été, 199 lignes au départ d’aéroports français, soit près de 46 % des liaisons exploitées par des compagnies à bas tarifs en France. C’est dire si les deux mastodontes européens poursuivent leur politique globale, contrairement aux autres low cost, spécialisées dans un pays ou une région, et qui continuent à se développer malgré la concurrence de plus en plus vive. Avec, à la clé, les premières casses ! En trois ans seulement, pas moins de cinq compagnies ont ainsi cessé leurs activités : la britannique Duo Airways (mai 2004), l’italienne Azzura Air (juillet 2004), la polonaise Air Polonia (décembre 2004), la galloise Air Wales (avril 2006) et enfin, la suédoise FlyMe (mars 2007).

Cette concurrence favorise également les concentrations. C’est notamment le cas en Allemagne, où la deuxième compagnie du pays Air Berlin a successivement mis la main sur sa consoeur Dba, puis LTU, et négocie avec Thomas Cook pour prendre le contrôle de sa filiale Condor. Face à cet appétit, Lufthansa et TUI ont amorcé des discussions, pour rapprocher leurs filiales à bas tarifs : Eurowings et Germanwings pour Lufthansa, TUIfly (qui chapeaute déjà les anciennes Hapagfly et Hapag Lloyd Express) pour TUI. Dans le nord de l’Europe, la consolidation a aussi réduit le nombre de compétiteurs. En 2005, la danoise Maersk Air a fusionné avec Sterling Airways. Elle assure une quinzaine de lignes en France, avec pour nouveauté des vols de Biarritz à partir du 2 juin vers Copenhague et Oslo. La low cost ouvrira également le 2 avril une troisième destination au départ de Roissy vers le Danemark, ajoutant Aalborg à Copenhague et Billund.

Les bénéfices se font attendre pour SkyEurope

En Europe centrale et de l’Est, SkyEurope demeure, avec un trafic de 540 000 passagers de et vers la France en 2007 (+9,2 %), le premier opérateur aérien à bas tarifs vers cette région, profitant de l’élargissement de l’Union européenne. Néanmoins, même si la compagnie a renforcé ses fréquences vers Prague, Vienne et Bratislava, elle a suspendu ses liaisons vers Cracovie. Et ses premiers bénéfices se font attendre… Du coup, elle laisse un peu de place à des transporteurs est-européens de moindre envergure. La hongroise Wizz Air opère ainsi des lignes vers Katowice et Varsovie (Pologne) au départ de Beauvais. Filiale de la compagnie LOT, la petite Centralwings vole, pour sa part, vers Poznan et Varsovie depuis Beauvais, Grenoble et Lille, et lancera fin mars à partir de l’aéroport nordique des rotations vers Gérone (Espagne) et Cracovie (Pologne).

C’est toutefois vers le sud que l’invasion des low cost est la plus forte. L’Espagne est devenue le nouvel eldorado des transporteurs à bas tarifs. Au-delà d’Easyjet et Ryanair, c’est surtout l’espagnole Vueling qui en a profité. Avec l’ouverture d’une base à Roissy/CDG, la compagnie exploite maintenant dix lignes au départ de la capitale française (Alicante, Barcelone, Grenade, Madrid, Malaga, Valence, Jerez, Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, auxquelles s’ajoutent Rome et Venise) ainsi qu’un vol Nice-Barcelone. Avec un certain succès puisque, selon la DGAC, la petite espagnole a transporté 1,2 million de passagers en France en 2007 (+135,5 % par rapport à l’année précédente), dépassant du coup les performances de KLM ! Mais là encore, le ciel commence à être fortement embouteillé et la consolidation est en marche. Même s’il est encore tôt pour parler de fusion, Iberia, principale actionnaire de l’autre low cost espagnole Clickair, a ainsi approché les propriétaires de Vueling, pour discuter.

Transavia, deux modèles en une compagnie

Dans cette lutte entre compagnies à bas tarifs et transporteurs charters, l’arrivée de Transavia (filiale d’Air France/KLM), qui allie les deux modèles, constitue un virage important. Transavia va réduire à néant le métier des compagnies charters et des voyagistes, en proposant des vols secs sur des destinations purement touristiques. Si un client constate qu’il peut trouver des prix très attractifs sur Internet pour rejoindre Héraklion et Agadir, il se passera totalement à l’avenir des services d’un tour-opérateur, tonnait Laurent Magnin, PDG de XL Airways, lors du lancement de Transavia en mai 2007.

Un an plus tard, Transavia propose déjà une vingtaine de lignes au départ d’Orly Sud, notamment vers le Maroc (Fès, Ouarzazate, Essaouira et bientôt M

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