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L’édito de Dominique Gobert : Voler ? Pas voler ? That is the question !

Lorsque les compagnies aériennes se demandent encore comment prévoir l’avenir, la décision du patron de Lufthansa, Carsten Spohr, parait pour le moins incongrue…

Bizarre. Vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange. Et une aberration, une de plus de la part de Bruxelles et sa Commission européenne. Fin décembre dernier, Lufthansa a en effet décidé, afin de ne pas perdre l’utilisation de ses créneaux horaires, d’effectuer durant la période hivernale quelque 18 000 vols, totalement « inutiles » et pratiquement vides.

Notons toutefois que cette même compagnie se voit contrainte de supprimer, pour la même saison d’hiver environ 30.000 vols…

Et là, nous nageons dans la plus profonde des absurdités, venues bien évidemment des règles parfois (souvent ?) irréfléchies de la part de la réglementation européenne. Cette dernière impose aux compagnies d’utiliser « au moins » 80% de leurs slots « (atterrissage et décollage) …

Il est bien évident que depuis maintenant pas loin de deux ans que le virus fripon pangolinesque qui sévit dans le monde entier, les transporteurs aériens ont bien entendu suspendu de façon drastique leurs liaisons aériennes.

Dominique Gobert, éditorialiste

Bruxelles, qui avait fourni « un effort » en abaissant le taux à 50%, ne l’entend pas de cette oreille, annonçant pour l’été (28 mars/29 octobre) un seuil d’utilisation des créneaux de 64%.

« Intolérable » et c’est un Belge qui le dit, Georges Guilkinet, ministre Belge de la mobilité. Dans un courrier adressé à la Commissaire aux Transports, Adina Valean, il demande de « faire cesser cette aberration économique et environnementale.

Et, pour une fois, IATA réagit dans le bon sens, si je puis me permettre. Son porte-parole déclarait récemment à nos confrères de l’AFP, « malgré nos demandes pressantes pour plus de flexibilité, l’UE a approuvé une règle d’utilisation clairement irréaliste ».

Et nous sommes entièrement d’accord. Même Air France, laquelle n’entend quand même pas faire voler ses avions à vide, se dit « favorable à une réévaluation de ces règles ».

Oui mais… Du côté de l’ACI Europe, association des aéroports européens, on estime que les compagnies peuvent bénéficier d’exemptions et, en substance, « qu’elles sont très bien protégées contre les incertitudes actuelles ». Et de soutenir ouvertement Bruxelles, affirmant que les compagnies pouvaient garder leurs créneaux en invoquant la clause de « non-utilisation justifiée des créneaux ».

Va comprendre Charles ?

En tout cas, un joyeux pataquès, qui a au moins le mérite de démontrer s’il en était encore besoin, l’incohérence de cette Union européenne qui semble avoir beaucoup de mal à comprendre la vraie vie. La Présidence française aura-t-elle une influence positive ? C‘est à espérer.

En attendant, si à l’exemple de Lufthansa, les transporteurs font voler à vide leurs aéroplanes, j’en connais une qui va finir par piquer une sacrée crise de nerfs.

Et je reconnais que Greta aurait raison.

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