L’édito de Dominique Gobert : un vrai ministre de la SNCF, c’est trop bon !
Congrès de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers cette semaine. On attendait un ministre délégué en charge des Transports porteur d’espoir pour les professionnels.
Las, c’était le ministre de la SNCF qui a clôturé ce congrès, dans la plus grande incompréhension de l’ensemble du pavillon aérien français.
Il s’est tenu prudent, le ministre Beaune, dans ses propos, histoire d’être (relativement) courageux mais pas téméraire pour un sou. En effet, suivant en cela les récentes décisions de Dame Borne, Première ministre de Président Macron, qui balance sur la table 100 milliards d’euros afin de rénover le transport ferroviaire français en général et la SNCF, Clément Beaune apporte sa contribution à sa chef.
Et comme 100 milliards, ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval (vapeur) venu, va falloir que ces pollueurs de transporteurs aériens crachent au bassinet. Et, par voie de conséquence, les passagers de ces mêmes transporteurs finaliseront de leurs poches cette initiative brillante !
« Nous engagerons des discussions dans les prochaines semaines sur la contribution du secteur (aérien, ndDG) à la construction de nouvelles infrastructures », a déclaré le ministre délégué. Quand ça commence (ou plutôt se poursuit de cette manière), aucun souci : au bout du bout, la taxe est là. Cette taxe inoxydable qui représente déjà un tiers d’un billet d’avion.
Une déclaration qui laisse dubitatif le nouveau président de la Fnam et de Corsair, Pascal de Izaguirre, lequel estime les surcoûts guettant le transport aérien français à « un milliard d’euros en 2025 et 3 milliards à l’horizon 2030 ».
Que l’on ne se fasse pas trop d’illusions, une fois de plus, c’est le passager qui finira par payer tellement il devient honteux de prendre l’aéroplane, alors que le train vous emmène où vous voulez. La bonne blague…
C’est comme la « taxe Chirac », partie d’une très bonne intention, mais pratiquement pas utilisée par les autres pays… Là aussi, la France est un grand leader.
En revanche, pas un mot sur les possibles aides que pourrait fournir l’Etat en favorisant l’usage de carburant « durable », très cher mais moins pollueur.
Si j’en crois mon excellent confrère des Echos, les Américains sont nettement plus aidants envers leurs compagnies ; grâce à certaines mesures fiscales, la tonne de biocarburant coûterait 2000 dollars la tonne aux US contre 5000 dollars en France.
Bonjour la concurrence !
Mais bon, le ministre de la SNCF a tranché et reste droit dans ses bottes, même dans ses dernières mesures concernant l’interdiction de certains vols intérieurs, qualifiés « d’inutiles » par certains membres de la commission de Bruxelles.
Mais bon, avec 100 milliards, la SNCF et ses syndicats vont pouvoir enfin envisager des grèves qui auront un certain panache, caramba !
Si au moins la SNCF ne se gavait pas avec des tarifs exorbitants, des pénalités ridicules et un yield management opaque et incongru pour une société d’ Etat aidée et sans vrai concurrence.