L’édito de Dominique Gobert : IATA, tournez manège
76e assemblée générale de IATA, ce « grand machin » des compagnies aériennes du monde tenue hier à Genève. On y a parlé de tout, particulièrement des ces fameux tests Covid, indispensables à la bonne tenue des voyages et surtout… du changement de patron.
Un grand moment. Tout d’abord, l’ensemble des acteurs du transport aérien, exsangue lui aussi depuis le début de la pandémie, réclame à cors et à cris l’instauration de tests rapides dans l’ensemble des aéroports mondiaux, soulignant que ces tests réduiraient à néant le principe de « quarantaine » institué par de nombreux pays. Et permettraient ainsi aux voyageurs de se déplacer sereinement…
C’est également ce que réclament dans un communiqué, le Seto et les Entreprises du Voyage, pour faciliter la reprise des voyages.
Certes. Seulement, il faudrait que l’on arrive enfin à harmoniser les procédures. Lorsque l’on sait que, seulement en Europe, personne n’est capable de s’entendre et d’adopter une politique commune, c’est pas demain la veille que l’on va pouvoir harmoniser le monde.
En attendant le vaccin, qui doit arriver incessamment sous peu, va falloir encore patienter. En revanche, je ne vois rien d’incongru à ce que ce vaccin (s’il est vraiment efficace) ne soit pas obligatoire pour se déplacer. Personne n’a jamais renâclé lorsque, pour se rendre dans certains pays, il a fallu se faire vacciner contre la fièvre jaune.
Mais le fin du fin -il paraît que c’était prévu depuis quelques mois déjà- c’est le départ (step down en grand-breton), d’Alexandre Begougne de Juniac, sympathique et inestimable patron de IATA depuis septembre 2016.
J’en ai quasi les larmes aux yeux. Lui aussi d’ailleurs qui, émotionné mais réaliste, déclarait devant la noble assemblée qu’il n’avait pas pris cette décision « à la légère » et que c’était un « grand privilège d’avoir servi l’industrie du transport aérien à la tête de l’association. Ajoutant d’un air malicieux qu’il appelait cela le « travail de la liberté » (l’industrie du transport aérien, je suppose ?).
C’est vrai qu’Alexandre Begougne de Juniac, tel un bon serviteur de l’Etat avait trouvé une jolie porte de sortie chez IATA, après avoir « quitté » Air France en 2016.
C’est vrai aussi qu’il y avait accompli quasi des merveilles, on s’en souvient encore. Si je ne m’abuse, sa « période » avait été marquée par des conflits à répétition, des grèves à n’en plus finir et une situation financière pas terrible si je puis m’exprimer ainsi.
Sans vouloir être cynique, cet excellent énarque et polytechnicien qu’est Alexandre Begougne de Juniac ne laissera pas beaucoup de regrets du côté des agences de voyages et de la distribution en général. Il aura quand même bien contribué au durcissement des règles d’agrément des distributeurs en ce qui concerne le BSP. Il aura également largement participé à cette fronde des transporteurs aériens qui refusèrent (certains continuent d’ailleurs) de rembourser les vols annulés pour cause de Covid.
Si je me souviens bien, il avait même « supplié à genoux » la profession et les Etats d’accorder le non-remboursement des billets non-volés.
Et, plus récemment encore, malgré la non-activité des distributeurs, il ne désapprouvait pas les nouvelles règles financières du BSP.
Mais, comme on est entre amis, Carsten Spohr, patron du Conseil des gouverneurs de IATA (et accessoirement président de Lufthansa) lui a rendu un hommage appuyé et proposé pour le remplacer Willie Walsh, ex-patron du groupe IAG (British Airways/Iberia). Ce dernier prendra ses fonctions le 31 mars prochain.
Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le Séné, comme disait ma grand-mère.