L’édito de Dominique Gobert : pourquoi gagner moins quand on peut gagner plus ?
Après plus de cinq mois de discussions, patrons et syndicats n’auront trouvé qu’un accord… batard. Et, à l’arrivée, personne n’est franchement satisfait. Pourtant, dans un contexte social plutôt agité, n’aurait-il pas fallu aller plus loin ?
La question reste posée, mais, du moins jusqu’à l’an prochain, il n’y aura pas d’avancées. Et c’est bien dommage.
Tous les ans, syndicats de salariés et syndicat patronal négocient les propositions salariales obligatoires. Dans le secteur du tourisme, c’est bien connu, les rémunérations ne sont pas particulièrement alléchantes. Ce qui conduit, petit à petit et particulièrement depuis la crise sanitaire, à éloigner les collaborateurs de l’envie de travailler chez les opérateurs du voyage.
Par ailleurs, il est vrai que certaines catégories de salariés – les trois premiers groupes – bénéficiaient d’un salaire de base en-dessous du SMIC, ce qui n’était pas très légal. Bien évidemment, le syndicat patronal a rétabli les choses. Et, dans ses dernières propositions, il proposait également une revalorisation conséquente de l’ensemble des rémunérations du secteur. De l’ordre de 7,5% en moyenne, ce qui, grosso-modo, correspondait aux chiffres de l’inflation. A condition, et c’est le point d’achoppement de ces négociations, de décorréler le versement des primes d’ancienneté de ces augmentations.
Une proposition inacceptable pour les syndicats de salariés, qui estiment, selon le représentant de FO que j’ai contacté, que « c’est un des rares acquis que le secteur ait réussi à obtenir dans la convention collective et qu’il est hors de question de le supprimer ».
Et de tenter de justifier ses arguments : « Cette prime, certes d’un apport extrêmement modeste, permet à tous les salariés, chaque année, de bénéficier d’une augmentation ». Très modeste, reconnait honnêtement ce syndicaliste, mais qui donne à chacun une certaine « sécurité » pour l’avenir.
Là, je laisse la parole à l’un de nos lecteurs, étant moi-même d’une objectivité retentissante, qui nous a laissé ce commentaire : « Super. Cela va augmenter ma prime d’ancienneté de 1€ par mois. Top ! »
Autre argument défendu par l’intersyndicale, le fait que, même si toutes les catégories de salariés sont augmentées de 7% en moyenne, seuls ceux qui sont au salaire de base bénéficieront de cette hausse. « Les autres, rien. »
Je ne suis pas sûr de la justesse de cette remarque. Mais on connaît bien ce dicton affirmant que « lorsque l’on veut se débarrasser de son chien, ont dit qu’il a la rage ».
C’est donc l’impasse. Du coup, l’ensemble des salariés du secteur verra sa modeste rémunération grimper de 2% à 6% environ par mois, mais aura l’assurance, après 15 ans d’ancienneté, de bénéficier de quelques euros supplémentaires…
A l’heure où le système des retraites est par ailleurs totalement remis en cause, je comprends la déception des EdV et du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto).
Perso, et j’y suis très attaché, un syndicat de salariés est conçu pour la défense du travailleur…
Je déplore le parti pris de M. Gobert qui visiblement n’a pas compris mon argumentaire en tant que négociateur FO, voire le déforme; et je le rassure, l’impact n’est pas d’un seul euro lorsqu’augmentation liée à la corrélation; je l’incite à ne pas consulter un seul lecteur. Comme je le lui ai indiqué, cela se saurait si les syndicats étaient contre les augmentations de salaire…
Cher Monsieur Dronet, non je ne déforme pas et j’ai parfaitement compris vos propos. Je tiens la bande audio à votre disposition, lorsque vous m’avez parlé « d’augmentation (liée à la prime d’ancienneté) de « modeste »!
Bien à vous
Dominique Gobert