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Bordeaux Excellence (agence réceptive) : « Avec le Covid, nous vivons une situation surréaliste »

Déjà six mois que le Covid-19 a mis un coup d’arrêt brutal à l’industrie touristique. Où en sont les pros à la veille de la rentrée, comment envisagent-ils les semaines à venir ? L’Echo reprend sa série de témoignages avec Joëlle Kolich-Brocas, codirigeante de la DMC Bordeaux Excellence.

Elle avoue sans détours faire une croix – ou quasiment – sur 2020, pour se projeter sur 2021. Codirigeante de Bordeaux Excellence, DMC bordelaise spécialiste du Sud-Ouest, Joëlle Kolich-Brocas a vite compris que face au coronavirus, il allait falloir faire le dos rond en attendant des jours meilleurs. « Nous étions partis sur une année franchement record, mais dès le mois de février, nous avons commencé à nous inquiéter à cause du coronavirus, raconte-t-elle. D’abord, on a surtout voulu rassurer, et puis l’épidémie est montée en puissance et on s’est vite rendu compte que l’impact serait très fort. » Les conséquences sur l’activité se sont rapidement fait ressentir pour la DMC, qui intervient aussi bien sur des prestations de tourisme loisirs ou affaires qu’en tant que réceptif croisières. « L’annonce de la fermeture des frontières des Etats-Unis a été un coup très dur », se remémore la directrice de l’agence dont la clientèle est essentiellement américaine. Au moment du confinement, on pensait que le choses seraient rentrées dans l’ordre à l’automne. Mais on part finalement sur une année blanche. Mieux vaut l’admettre le plus rapidement possible, comme ça, la pilule est moins dure à digérer”, lance-t-elle.

Un métier trop mal connu

En dépit d’inquiétudes légitimes, Joëlle Kolich-Brocas ne perd ni son énergie, ni son optimisme. Face à l’absence annoncée de la clientèle étrangère, la DMC s’est tout de suite rapprochée du réseau Virtuoso, dont elle est partenaire, pour tenter de capter la clientèle française. « Nous avons récupéré quelques dossiers mais ce n’est pas ça qui permet de compenser le volume. En revanche, c’était peut-être le moment où jamais de faire connaître notre existence à la clientèle française.” Trop méconnu le métier de réceptif ? C’est ce que regrette la jeune dirigeante, qui constate que l’existence des agences réceptives n’est souvent pas connue du grand public… mais aussi des professionnels. « C’est pourtant grâce aux agences réceptives que notre pays reçoit un si grand nombre de visiteurs étrangers chaque année », souligne Joëlle Kolich-Brocas.

« Avec le Covid, nous vivons une situation surréaliste, mais nous voulons y voir une opportunité d’apprendre de nouvelles choses en permanence », témoigne la dirigeante. On a très vite constaté une demande grandissante pour des activités de plein air, on sait qu’on a une très belle carte à jouer là-dessus dans le Sud-Ouest. Nous avons aussi commencé à répertorier les belles propriétés en location exclusive, parce que la demande est forte. Auparavant nous n’acceptions pas les demandes d’autotours, parce que nous n’avions pas le temps de les traiter, nous les travaillons à nouveau. »

« Il faut que le monde du tourisme devienne plus flexible »

S’il y a parfois des jours « sans », l’équipe – une dizaine de personnes au total – garde le moral. « Je trouve que nous sommes bien soutenus par le chômage partiel. Actuellement, nos salariés ne nous coûtent pas beaucoup, et il faut bien le dire, c’est le nerf de la guerre. Il faudrait que ce dispositif soit renouvelé jusqu’au printemps pour pouvoir tenir jusqu’à la prochaine saison. » La solidarité du secteur aide aussi à tenir dans ce contexte difficile. “On se connaît tous, on s’échange les informations, personne n’essaie de tirer la couverture à lui. Cela permet de réaliser que si nous sommes parfois concurrents, nous sommes aussi confrères. »

Finalement, qu’est-ce que le Covid va changer ? « J’espère qu’il y aura un changement de comportement de la part des consommateurs, répond Joëlle Kolich-Brocas. J’ai envie de croire, mais c’est peut-être une utopie, que les consommateurs vont se diriger vers du plus durable. Mais nous sommes encore un peu trop dans l’œil du cyclone pour avoir du recul. Il y a quand même une chose qui me semble inévitable : on va être dans l’obligation de s’adapter pour tout ce qui concerne les conditions d’annulation, de report et de règlement. Il faut absolument que le monde du tourisme devienne plus flexible. » Alors que la mise en place des avoirs a fait des remous jusqu’à Bruxelles, et que les conditions de remboursement ne cessent de créer la polémique, le débat semble effectivement loin d’être clos…

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