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Guillaume Linton (Asia) : « Les prix des voyages en Asie ne devraient pas baisser »

Le tourisme international retrouve le chemin de l’Asie, malgré l’inflation galopante. Explications avec Guillaume Linton, le président d’Asia.

L’Echo touristique : La plupart des destinations asiatiques sont désormais rouvertes. Comment redécolle l’activité d’Asia ?

Guillaume Linton : Nous sommes sur une très bonne dynamique, notamment sur certaines destinations. Le Japon, par exemple, est le succès incontestable de ce début d’année 2023. Depuis la suspension des visas obligatoires, à l’automne 2022, les clients sont massivement de retour en agences. Et nous en profitons. Nous allons même faire, en 2023, les mêmes performances qu’en 2019 sur le Japon. C’était une destination motrice pour Asia avant la crise sanitaire, et ça le redevient. D’autant plus que l’inflation impacte moins cette destination que d’autres en Asie, tout simplement parce que le yen est très bas, depuis quelques mois. Le prix des prestations terrestres permet donc de compenser la hausse des tarifs aériens, qui concerne toute l’Asie. Finalement, la hausse du panier moyen demeure limitée, de l’ordre de 7-8%.

Cette inflation n’est-elle pas le grain de sable qui pourrait enrayer la reprise d’Asia ?

Guillaume Linton : Jusqu’à maintenant, l’inflation n’a pas été un frein. Le retour en force des destinations asiatiques est très sensible, après les redémarrages du Moyen-Orient et du Pacifique, amorcés il y a quelques mois. L’Indonésie est un autre grand succès, mais nous avons aussi des demandes pour la Thaïlande, le Vietnam, le Cambodge. Sur chacun de ces axes, nous ne retrouvons pas encore la volumétrie de clients de l’avant crise sanitaire. Mais les paniers moyens sont en forte hausse, de l’ordre de 20 à 30% en fonction des destinations. Ce qui nous permet de compenser la baisse du nombre de clients tout en maintenant de bonnes performances financières.

Mais avec toujours moins de clients…

Guillaume Linton : Nos clients qui voyagent, en 2023, sont des clients exigeants, à la recherche de voyages à forte valeur ajoutée. Construire ces voyages nécessite beaucoup de travail sur les dossiers. Donc faire moins de clients pour le même chiffre ne nous dérange pas. Surtout, cela témoigne d’une véritable reprise, dans toute l’Asie mais aussi plus loin, comme le Pacifique. Sur certaines destinations, nous sommes mêmes confrontés à des problèmes de stocks hôteliers ou de véhicules disponibles à la location. Ca nous oblige à réadopter les mêmes comportements qu’avant la crise sanitaire, à savoir anticiper la demande du marché pour pouvoir, quelques mois plus tard, lui apporter l’offre nécessaire.

Le marché aussi reprend ses vieilles habitudes ? Ou la dernière minute fait encore loi ?

Guillaume Linton : Sur le très long-courrier Asie et Pacifique, le marché a réintégré cette nécessité d’anticiper. Nous enregistrons déjà des demandes pour 2024, que ce soit en B2B comme en B2C. Charge à nous, désormais, de trouver les meilleures solutions avec les compagnies aériennes pour contenir cette flambée des prix et assurer nos stocks.

Au-delà de la hausse des prix des carburants, comment expliquer cette flambée des prix de l’aérien vers l’Asie ?

Guillaume Linton : L’offre globale n’est pas encore remise en place par rapport à l’avant crise sanitaire. Tout simplement parce que l’ensemble des compagnies, qu’elles soient originaires d’Europe, du Golfe ou d’Asie, attendent la réouverture du marché chinois. Tant qu’il n’aura pas retrouvé son niveau d’avant crise, les capacités ne seront pas remises en place. Donc la demande est plus forte que l’offre, et, forcément, la pression tarifaire augmente. C’est pour cette raison qu’à court terme, les tarifs des voyages vers l’Asie ne devraient pas baisser. Mais il faut transformer cette contrainte en opportunité et en profiter pour visiter l’Asie sans la foule venue notamment de Chine, qui est le premier marché international en Asie du Sud-Est.

De manière durable, je pense que l’Asie sera supérieure de 20 à 30% d’un point de vue tarifaire à l’avant crise sanitaire.

Le retour des touristes chinois entraînera-t-il la baisse des tarifs ?

Guillaume Linton : Malheureusement, ça ne sera sans doute pas le cas. Lorsque le retour d’une forte demande du marché chinois sera réel, ce sont les tarifs hôteliers et les prestations terrestres qui subiront cette tension tarifaire. De manière durable, je pense que l’Asie sera supérieure de 20 à 30% d’un point de vue tarifaire à l’avant crise sanitaire. Mais, comme je le disais, il y a des côtés positifs, car cette augmentation des prix se fera au détriment d’un tourisme plus massif. La clientèle sera plus avertie et moins nombreuse, mais voyagera dans de meilleures conditions.

Cette reprise d’activité vers l’Asie suffira-t-elle à relancer Asia ? Au plus fort de la crise, vous avez beaucoup diversifié votre production, en vendant même des voyages en France.

Guillaume Linton : La France et l’Europe, c’était une manœuvre tactique destinée à permettre à nos clients B2C d’écouler leurs avoirs. Ça n’est pas notre vocation de produire des voyages dans ces régions. Avec cette reprise, nous nous recentrons sur notre cœur de métier, l’Asie. Tout en continuant d’étoffer notre présence dans les destinations que nous avons investies ces dernières années. La Jordanie, par exemple, est une valeur sûre. Nous devons également promouvoir notre offre en Polynésie ou encore l’Afrique australe, via la marque Equatoriales, qui va accueillir de nouvelles destinations en 2024 : Namibie et Botswana. Il y a aussi du travail pour faire émerger une véritable offre francophone en Arabie saoudite. Enfin, et cela concerne toutes les destinations, nous augmentons notre offre de circuits privés. Nous avons 120 programmes scénarisés et personnalisables en direct sur notre site B2B.

Nous avons eu une sorte de Covid long. (…) Mais l’entreprise n’a jamais été en risque financier. 

La tempête du Covid n’a pas trop fragilisé Asia ?

Guillaume Linton : La période la plus compliquée, pour nous, c’était l’année dernière. Nous regardions tous nos confrères redémarrer alors que l’Asie demeurait fermée. Nous avons eu une sorte de Covid long. Nous n’avons pas eu d’inquiétudes lors des deux dernières années, donc ça n’est pas le moment d’en avoir. Nous avons souscrit un PGE, mais, surtout, nos actionnaires nous sont restés fidèles. C’est ce qui nous permet, aujourd’hui, de repartir si rapidement. Et c’était notre volonté stratégique. Nous voulions préserver les forces vives de l’entreprise, et ces soutiens solides nous ont permis d’y arriver.

Vous avez dû réduire les coûts…

Guillaume Linton : C’est un vrai sujet, parce que les effectifs d’Asia ont diminué de 25% par rapport à l’avant crise. Mais l’entreprise n’a jamais été en risque financier, et c’est le plus important. C’est ce qui nous a permis de préserver notre outil de production, et les services de réservation. L’expertise est une donnée névralgique pour une entreprise comme la nôtre. Former une équipe nous prend un à deux ans. En repartant de zéro, nous n’aurions pas pu être opérationnels si rapidement. Je tire d’ailleurs mon chapeau à nos équipes toujours en place, qui ont cru au redémarrage d’Asia. Et ils ont eu raison : en dehors de trois destinations manquantes – Chine, Birmanie, Iran -, nous programmons une quarantaine de destinations désormais rouvertes.

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