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Guide : une profession sous tension

Nouvelle législation, visites low cost, greeters : les guides professionnels sont fragilisés par une libéralisation des conditions d'exercice de leur métier et par une nouvelle concurrence qui sévit sur Internet.

« Touche pas à mon guide : Voyage en Absurdie ». Créée fin 2014, cette page Facebook, rassemblant 3 000 fans, traduit les inquiétudes de toute une profession. Le projet de décret, qui devait supprimer la carte professionnelle de guide-conférencier (environ 10 000 titulaires) au profit d'une simple inscription déclarative sur un registre, a mis le feu aux poudres et donné lieu à une manifestation nationale le 19 janvier. Leurs craintes ? La profession, qui pour l'instant doit justifier d'une formation universitaire de trois ans après le Bac, de connaissances précises (histoire, histoire de l'art…), et de la maîtrise d'au moins deux langues étrangères, redoute qu'une telle réforme entraîne l'arrivée sur le marché de simples accompagnateurs non formés, ou venant de l'étranger. La question des guides sera réglée via une ordonnance, dont le projet devrait être connu début février. « Le gouvernement nous a écoutés, et sa position a évolué, mais nous restons très vigilants », estime Armelle Villepelet, présidente de la Fngic (Fédération nationale des guides interprètes et conférenciers ). « Nous nous acheminons a priori vers le retour du badge professionnel, disparu depuis 2011, en remplacement de la carte. Le registre est toujours à l'ordre du jour. Nous demandons qu'il soit contrôlé lors de l'inscription, sur la base de justificatifs ». D'après ses informations, le métier de guide serait ouvert aux détenteurs d'une licence professionnelle ou d'un Master 2 généraliste, et non spécifique. « CityVision, comme le Snav, sont satisfaits de l'évolution des discussions qui vont dans le bon sens, ajoute Anne Yannic, présidente du groupe CityVision et vice-présidente du conseil exécutif des producteurs du Snav, qui participe aux discussions avec le gouvernement. Le premier projet méconnaissait la réalité du métier de guide et ouvrait la porte à la délocalisation du métier de guide qui, par nature, doit rester local, en lien avec le patrimoine français. Il n'est pas envisageable que ce soit des guides chinois qui fassent visiter nos musées et monuments ».

De nouveaux entrants

Mais depuis plusieurs années, les guides professionnels souffrent d'une précarité qui dépasse les questions réglementaires : des revenus souvent modestes et irréguliers, la saisonnalité du métier – obligeant parfois à cumuler deux activités -, et la concurrence de nouveaux entrants qui séduisent, pour l'instant, d'infimes volumes de voyageurs. « Nous ne sommes pas contre l'avènement de guides non-professionnels, qui répondent à une demande nouvelle, précise Armelle Villepelet. Mais nous voulons qu'ils paient des charges. Autrement, c'est du travail dissimulé et de la concurrence déloyale ». Guide Like You, U2Guide, DWYT, Good Spot… Les plates-formes d'intermédiation entre locaux et voyageurs font florès, avec des modes opératoires spécifiques. Étudiants et retraités s'y inscrivent pour, éventuellement, arrondir leurs fins de mois. Créé en juillet 2014, le site DWYT propose des tours de 2 à 4 heures pour les individuels, le temps d'une escale à Paris-CDG, pour découvrir la tour Eiffel, le Louvre… « Nous ne prétendons pas montrer un Paris académique, c'est juste une initiation à la destination, se défend son DG, Emmanuel Rozenblum. Nous visons les jeunes finissant leurs études, qui sont en général rémunérés 150 E pour une visite, vendue 300 E. Nous les formons en effectuant une escale avec eux la première fois ». Guide Like You est de la même veine. La start-up met en relation voyageurs et locaux, en petits groupes. Les touristes déboursent 10 à 13 E par heure. « Nous visons les moins de 30 ans, comme ces Français qui vont voir un ami à Londres, et veulent passer une journée en ville », explique son cofondateur Stéphane Millet. Les visites ne portent pas que sur le patrimoine, mais sont enrichies de conseils et de vécu. Nous sommes dans le même esprit que les greeters (guides locaux bénévoles, Ndlr). Nous ajoutons une rémunération, qui est pour nous garante d'une qualité de service ».

Vers un modèle hybride ?

« Il n'y a aucune innovation là-dedans, lâche un guide professionnel. Il s'agit juste de concurrencer les vrais guides, c'est-à-dire des gens qui ont une véritable vocation, une véritable qualification reconnue par un diplôme d'État, et qui n'ont pas hésité à bouffer des racines pendant des années, avant de faire leur trou et de pouvoir en vivre, modestement, alors qu'avant ils survivaient (…). Un guide interprète conférencier diplômé d'État, c'est autre chose qu'un débiteur d'informations historiques ». Paul Ziadé comprend les réactions négatives que peuvent engendrer les nouveaux entrants comme le site U2Guide, dont il est cofondateur : « Nous venons bousculer un ordre établi, comme Airbnb avec les hôteliers », explique-t-il. Son site, qui finance des actions culturelles et humanitaires, rassemble 270 guides, auxquels il demande 11,5 % de commission. Or certains des guides inscrits, au demeurant encore peu nombreux, sont « professionnels ». De même sur Good Spot, qui affiche le profil de Patricia R., « Guide-conférencière interprète anglais-italien à Paris depuis 2004 et diplômée en histoire de l'art ». Les deux mondes, l'ancien et le nouveau, cohabiteront-ils à terme en paix ? « La vraie concurrence des guides professionnels, ce ne sont pas les greeters ou autres, ce sont les iPhone/iPad, estime pour sa part Anne Yannic. Les commentaires peuvent y avoir la même érudition qu'un guide, la même fiabilité, dans la langue du touriste, qui fait la visite à son rythme. Mais il manquera toujours la relation humaine, et c'est là-dessus que les guides professionnels doivent miser ».

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