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Faut-il avoir peur de la norme NDC ?

Les compagnies aériennes insistent pour développer un système de distribution leur permettant de maximiser leurs revenus avec des offres personnalisées. Mais beaucoup de freins subsistent.

Le nouveau standard de distribution présenté par les compagnies aériennes en 2012, baptisé NDC, pour New Distribution Capability, va devenir une réalité. L'Association internationale du transport aérien, IATA, vient d'annoncer que 5 à 10 compagnies aériennes allaient l'implémenter en 2015. « Un grand pas en avant » pour les transporteurs, estime IATA. Pourtant, certains doutent que cette norme rencontre le succès escompté, notamment en raison de freins liés aux coûts de développement, aux problèmes de sécurité des données et aux questions de concurrence. Alors, faut-il vraiment avoir peur de la NDC ?

Une expérience d'achat améliorée

NDC est une norme basée sur un langage ouvert, le XML, qui peut être utilisé par les compagnies aériennes et les autres acteurs du tourisme, par exemple les agences et les GDS, pour communiquer. Elle permet aux compagnies de proposer directement leurs tarifs et leurs offres sur tous les canaux, de manière personnalisée, grâce à une interface informatique (API). Concrètement, la norme doit permettre d'offrir une expérience d'achat améliorée grâce au « rich content » : lorsque le client ou l'agent de voyages enverra une requête pour un vol, il aura accès aux horaires et tarifs, mais également aux informations sur les services. En passant le curseur sur différentes icônes, il pourra voir qu'un bagage de 15 kilos est offert et ajouter à son panier un second bagage, un repas amélioré ou l'accès au wifi. Les transporteurs pourront également proposer des promotions comme un abonnement d'accès aux salons d'aéroports. Lorsqu'un client communiquera des données personnelles, ils pourront même proposer des tarifs et offres différenciés ou des packages.

L'objectif pour les compagnies aériennes, qui auront un contrôle plus fin de leur distribution, est de maximiser leurs revenus, surtout en accélérant la vente de services additionnels. Pour IATA, toutes les parties prenantes seront gagnantes. Les agences pourront offrir des services à plus forte valeur ajoutée, particulièrement dans le voyage d'affaires, et les consommateurs auront accès à des comparaisons plus pertinentes. Mais tout n'est pas si rose.

Les GDS prennent part au projet

Au départ, la plupart des acteurs du secteur étaient opposés à ce projet. Une étude financée par IATA, se basant sur les 7 Mds $ de booking fees (frais de réservation) payés par les compagnies aux GDS chaque année, estimait que la NDC permettrait de réduire le volume de transactions passant par les GDS de 85 %. Impensable pour Sabre, Amadeus et Travelport ! Mais les GDS, conscients que leurs systèmes resteraient longtemps incontournables dans ce nouveau schéma de distribution et qu'un nouveau marché s'offrait à eux avec le développement d'interfaces adaptées, ont finalement décidé d'accepter cette évolution tout en la maîtrisant. United Airlines et Amadeus ont déjà adopté la norme pour vendre les sièges Economy Plus. Travelport, avec son interface Smartpoint, utilise déjà un langage XML compatible avec NDC. Les agences de voyages craignent que ce nouveau système permette aux compagnies de s'approprier les données clients et qu'il rende impossible la comparaison des tarifs.

Des doutes à lever

L'ECTAA, équivalent du Snav au niveau européen, estime que IATA ne fournit « pas d'assurance sur le devenir des données » qui seront obligatoires pour chaque passager (âge, contacts, statut marital…) alors qu'elles seront envoyées directement à des dizaines de compagnies pour chaque requête. Il s'inquiète également de la sécurité des données, des coûts administratifs pour les agences ou de leur latitude à refuser de distribuer les produits des compagnies aériennes via la NDC. La Commission européenne a exprimé les mêmes doutes via l'Article 29 Data Protection Working Party. « Compte tenu de l'incertitude sur la manière dont NDC sera développée (…) le WP29 ne peut pas encore adopter une position formelle (…) mais le développement de la norme NDC pourrait conduire à des pratiques discriminatoires », estime un rapport publié en septembre dernier. IATA a toutefois tout intérêt à lever ces doutes. Aux États-Unis, elle a obtenu le feu vert du USDOT (United States Department of Transportation) pour le développement de la NDC grâce à un accord avec l'association Open Allies For Airfare Transparency. Le texte précise que l'utilisation de NDC sera « entièrement volontaire », que les consommateurs ne seront pas obligés de fournir des données personnelles, que la norme « n'exclura pas l'utilisation d'autres standards » et qu'elle n'aura « pas d'impact sur la propriété des données ».

Finalement, les freins les plus importants à la généralisation de cette norme devraient donc être liés à la sécurité des données et aux coûts de développement des nouveaux systèmes, explique le patron d'une entreprise spécialisée dans la cryptographie. « Cela va prendre des années et les GDS vont rester incontournables », ajoute un spécialiste de l'aérien. D'ici là, il faudra suivre de près les avancées de IATA et la pression concurrentielle, qui pourraient entraîner des acteurs qui n'ont, a priori, rien à y gagner, en particulier les agences, à s'y mettre. Car à terme, selon Peter Bost, directeur générale de l'agence de voyages d'affaires ATPI « certaines entreprises ne survivront pas à une telle révolution ».

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