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En Corse, un projet d’amarrage pour les yachts suscite la polémique

En Corse, au bord d’une eau cristalline, un luxueux restaurant de plage est accusé d’illégalités par les défenseurs de l’environnement.

Tumulte en Corse autour d’un projet de création, par l’Etat, d’un amarrage pour les grands yachts à proximité de la baie de Roccapina, dans l’ouest de l’île. « Pour nous, avec ce projet d’amarrage, l’Etat donne un avantage objectif à un restaurant illégal », affirme une porte-parole de U Levante, une des associations de défense de l’environnement les plus actives de l’île méditerranéenne.

Au centre de la controverse : le restaurant « La Table de la Plage », partie intégrante d’un luxueux complexe hôtelier, le domaine de Murtoli, fréquenté par des célébrités et personnalités politiques, et qui vante sur son site « son cadre enchanteur » et ses soirées à vivre « les pieds dans le sable » au bord des flots. Pour U Levante, ce restaurant fonctionne et s’agrandit régulièrement « dans un espace remarquable et caractéristique inconstructible, dans un espace boisé inconstructible, dans la bande des 100 mètres inconstructible » sur le littoral et dans des zones de protection de la nature reconnues et donc protégées.

« Aucun commentaire » de l’Etat

« L’État a laissé fonctionner sans le verbaliser et sans action en justice pénale, depuis 2007 et jusqu’à aujourd’hui » ce restaurant, dénonce l’association. Contactée, la préfecture de Corse soutient que « La Table de la plage » est « localisée hors du domaine public maritime », mais explique qu' »aucun commentaire ne peut être fait de la part des services de l’Etat » sur les accusations d’U Levante concernant les violations des règles environnementales, ces « sujets étant aujourd’hui judiciarisés ».

Paul Canarelli, propriétaire du domaine de Murtoli, a en effet été mis en examen début avril pour fraudes à l’urbanisme et escroquerie, des accusations qu’il rejette en bloc. « La procédure qui vise Paul Canarelli est fondée exclusivement sur des infractions non établies à ce jour aux règles de l’urbanisme », a indiqué à l’AFP son avocat, Me Philippe Dehapiot qui a fait appel du placement sous contrôle judiciaire de son client devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bastia.

Un grand plan pour « préserver la flore sous-marine en Méditerranée »

Au moment où le propriétaire du domaine de Murtoli est dans le viseur de la justice pour ces violations présumées des règles d’urbanisme, les défenseurs de l’environnement ont vu rouge quand l’Etat a lancé un projet de mise en place d’une zone de mouillage spéciale pour les grands yachts dans la baie de Roccapina qui, selon eux, avantage ainsi la clientèle du restaurant controversé.

Le Domaine de Murtoli affirme être « explicitement opposé » à ce projet. « Soucieux de la biodiversité, comme de la tranquillité de sa clientèle, le Domaine de Murtoli n’a jamais encouragé le mouillage de yachts dans la baie de Roccapina », assure-t-il. Cet aménagement fait partie d’un grand plan pour mieux préserver la flore sous-marine en Méditerranée, un haut-lieu du yachting mondial, se défend la
préfecture maritime.

La plaisance, « un enjeu économique considérable » pour la Corse

« Les études scientifiques ont montré que les herbiers de posidonie (forêts sous-marines qui servent de nurserie aux poissons et protègent de l’érosion côtières, NDLR) souffraient considérablement des mouillages sauvages », explique le porte-parole de la préfecture maritime, le capitaine de frégate Pierre-Louis Josselin. Pour y remédier, la préfecture maritime a prévu deux types de dispositifs : des bouées auxquelles les yachts s’amarrent sans jeter leur ancre, et des zones de mouillage délimitées hors des herbiers. C’est cette deuxième option qui est envisagée près de Murtoli.

Après avoir équipé la Côte d’Azur et l’est de la Corse, restait à étendre ce dispositif à l’ouest de cette île, selon Pierre-Louis Josselin. Au total, 14 zones sont prévues dans ce projet en consultation publique jusqu’au 28 avril. Concernant le projet devant le domaine de Murtoli, « on ne créé pas une zone pour attirer des yachts de luxe, au contraire, on réglemente ce qui aujourd’hui ne l’est pas et fait l’objet de mouillages sauvages ».

Précisant ne pas vouloir « interdire la plaisance » qui est « un enjeu économique considérable », selon Pierre-Louis Josselin. Les zones de mouillages choisies par la préfecture maritime « correspondent à peu près aux usages déjà en place. Restaurant ou pas, ça reste un mouillage abrité », conclut-il.

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