ÉDITORIAL. Pros du tourisme : tous responsables, mais pas coupables !
Le sociologue Rodolphe Christin est favorable à la décroissance touristique. A l’heure des dérèglements climatiques, que faut-il en penser ?
Il fallait oser ! Rodolphe Christin, auteur du livre « Manuel de l’antitourisme », a accepté de débattre au congrès des Entreprises du Voyage ! Le sociologue, favorable à la décroissance touristique, a d’ailleurs choqué les pros du secteur par certains de ses propos.
Mais sur quelques points, il a aussi interpellé. Non, le tourisme ne permet pas toujours la rencontre, souligne Rodolphe Christin. Et dire le contraire serait malhonnête. Les voyageurs qui barbotent dans les eaux turquoise de Cayo Coco, à Cuba, sont en quête de soleil tout inclus, et ne rencontrent guère que leurs femmes de ménage (sic !). C’est une réalité. S’il manque du coup d’une ouverture sur le monde, il est toutefois humain de vouloir décompresser au bord d’une piscine ou d’une plage, le temps des vacances. Les touristes ne doivent pas se sentir coupables… d’apporter des devises et de créer des emplois !
Mais il est vrai, aussi, que le monde ne tourne plus très rond. En témoigne le début de la fonte du glacier Thwaites, l’un des géants d’Antarctique ouest, dont la disparition pourrait élever de trois mètres le niveau de la mer. Pas un jour sans qu’il ne soit question de dérèglement climatique… A ce titre, toutes les industries doivent devenir responsables. S’il est difficilement audible de militer pour la décroissance du tourisme, créateur de 10% des emplois dans le monde et d’ouverture aux autres cultures, il est nécessaire d’être plus vertueux. Le groupe Voyageurs du Monde a montré l’exemple, très tôt : les voyagistes Voyageurs du Monde et Terres d’Aventure compensent à 100% les émissions de CO2 générées par le transport aérien et terrestre de chaque voyage. Les autres voyagistes commencent à suivre, ils doivent continuer dans cette voie, avec des organismes comme Agir pour un tourisme responsable (ATR). Pas pour de la communication, mais par conviction profonde.
Surtourisme, réchauffement climatique, mais aussi GAFA, c’est sur tous ces terrains que nous emmène la conversation du magazine du mois de mars. Une conversation à deux voix, avec Frédéric Mazzella et Jean-Pierre Nadir, président-fondateurs de BlaBlaCar et d’Easyvoyage respectivement.
Linda Lainé, rédactrice en chef de L’Echo touristique
« Au vu de l’urgence écologique, toutes les industries doivent devenir responsables. »
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