Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Alain Capestan : « Face au défi du surtourisme, les agences de voyages ont une chance fantastique »

Surtourisme, tourismophobie, réchauffement climatique… Le tourisme, créateur d’emplois et d’ouverture sur le monde, est pourtant largement remis en cause. Comment les professionnels doivent-ils agir ? Le congrès des Entreprises du Voyage a permis de lister des pistes, pour mieux disperser les flux.

Le tourisme doit-il changer son modèle industriel au risque de s’auto-détruire ? C’est la question légitime posée par le journaliste-animateur François-Xavier Izenic pour démarrer une table ronde sur la tourismophobie, lors du congrès des Entreprises du Voyage (EdV). Une forme de xénophobie à l’égard des touristes, qui a pris corps avec l’essor du secteur.

« Même des lieux aussi isolés et extrêmes que l’Everest sont depuis des années en proie au surtourisme, avec des accumulations de déchets incroyables, a dénoncé le sociologue Rodolphe Cristin. Parce que le droit aux vacances est devenu ‘un devoir’, a créé des infrastructures et une sorte d’artificialisation des lieux. » Un système que dénonce le sociologue, sans proposer de solution. « Je ne vais pas me faire applaudir, mais je suis plutôt partisan de la décroissance touristique », a-t-il lâché en toute franchise.

« J’ai lu votre livre, ‘Manuel de l’antitourisme’, il pointe de vrais problèmes et dérives », lui a rétorqué Alain Capestan, directeur général délégué de Voyageurs du Monde. Par contre, vous en tirez des généralités pour servir votre théorie. L’univers du tourisme que vous décrivez est caricatural. » Alain Capestan reconnaît que le secteur engendre « des effets pervers » qu’il faut corriger, y compris sur un segment aussi préservé que la randonnée. Sans tomber dans l’angélisme, il croit au rôle des professionnels pour améliorer la situation.

Eduquer, informer, orienter

« Nous avons nous – toutes les agences qui sont cette salle – une chance fantastique : nous avons accès au client », a-t-il poursuivi en s’adressant aux congressistes des EdV. Notre rôle, c’est d’éduquer, d’informer et surtout d’orienter. » Comment ? Il faut par exemple expliquer au client qu’il devrait peut-être éviter Venise ou Dubrovnik au mois d’août, quand il y a trop foule. L’idée, c’est de lui conseiller des destinations alternatives. « Chez nous, sur toutes les destinations où le problème se pose, nous proposons de voyager à contre-courant. »

La région Ile-de-France pense d’ailleurs aussi tenir un tel rôle d’orientation avec son programme de volontaires du tourisme, désormais activé comme une action de prévention. « Ce sont des étudiants envoyés sur 40 sites touristiques majeurs », qui peuvent flécher les parcours vers des sites culturels méconnus, a précisé Hamida Rezeg, vice-présidente de la région Ile-de-France, chargée du tourisme.

Mieux répartir les flux

Gérer les flux, face à la croissance de la population mondiale et des classes moyennes, c’est aussi savoir fermer des sites. Un vieil exemple l’illustre, repris par Jean-Pierre Nadir, fondateur d’Easyvoyage : la grotte de Lascaux, fermée à la visite dès 1963, et la construction d’un premier fac-similé ouvert au public en 1983. « Le problème, c’est que 95% des touristes vont sur 5% de la planète », a indiqué Jean-Pierre Nadir. « Il est compliqué de dire aux touristes chinois de ne pas aller la Tour Eiffel et d’aller dans le Larzac », a-t-il ajouté en lançant quelques pistes afin de diluer les flux : élargir les horaires de visites des sites et musées, interdire les groupes de 40 personnes, proscrire les perches à selfies, généraliser des buffets avec des produits locaux. « Cette contrainte du surtourisme peut devenir une opportunité pour les professionnels. »

Il est de toute évidence indispensable de trouver des solutions en éviter quotas et surenchère de taxes, tout en réfléchissant à un autre problème : le réchauffement climatique. Les compagnies aériennes prennent le sujet à bras le corps, comme le prouve le programme Corsia de Iata, a-t-il été rappelé. Leur ambitieux plan réduction vise une baisse de moitié des émissions de CO2 en 2050, par rapport à 2005.

Les commentaires sont fermés.

Dans la même rubrique