Côte d’Azur : Canua Island, le projet de plage privée qui divise
« Une île qui ne figure sur aucune carte » : Canua Island, une plage privée flottante, doit ouvrir ses portes en mai, à Mandelieu-la-Napoule.
Il est vrai qu’à l’heure du tourisme durable, Canua Island peut étonner. Sorte de plage privée flottante, le projet devrait ouvrir ses portes dans les semaines à venir. Il regroupera un bar-lounge, un restaurant, une piscine d’eau douce et même une suite de 50 m². Le tout sur une plateforme de 1 750m², posée sur un trimaran et ancrée à 600 mètres du bord de mer. Un îlot de loisirs accessible uniquement par navette qui peut accueillir 350 personnes.
« Personne ne l’a encore réellement découverte », annonce mystérieusement une vidéo sur le site internet de cette nouvelle « île ». Et pour cause : sa construction s’achève au chantier naval de La Spezia, en Italie. Après la visite par une commission de sécurité, le « navire », immatriculé en France, doit rejoindre la baie de Mandelieu « en avril, pour un début d’exploitation espéré en mai ».
Un premier exemplaire aux Fidji
Avant cela, la préfecture maritime devra délivrer « des autorisations de mouillage », avertit le secrétariat d’Etat chargé de la Mer. Mais impossible d’avoir plus de précisions. Après s’être exprimés dans différents médias, « les fondateurs souhaitent dorénavant se concentrer sur la finalisation du projet et ne pas alimenter davantage les polémiques », fait savoir leur agence de communication.
Canua Island a été imaginée par Marc Audineau, ex-numéro 1 mondial en dériveur et ex-athlète olympique, en association avec le Fidjien Tony Philp, ex-champion du monde de planche à voile. Membre d’une famille à la tête d’un vaste groupe présent notamment dans le transport maritime ou les marinas, Tony Philp a déjà réalisé une plateforme semblable. Baptisée « Cloud 9 », le bar-restaurant se décrit sur sa page d’accueil comme « le paradis flottant des Fidji ».
« Concurrence déloyale » avec les établissements de bains de mer
Mais, sur la Côte d’Azur, Canua soulève une vague d’opposition. Ainsi, la mairie de Cannes a émis « un avis défavorable » à l’accueil de cette plateforme nomade. Objectif : « protéger l’environnement et la sécurité de la navigation maritime ». Au passage, la municipalité dénonce « la concurrence déloyale » avec les établissements de bains de mer, soumis à redevance. Déplorant que l’autorisation de mouillage relève seulement des services de l’Etat, le maire cannois, David Lisnard, a saisi la Première ministre Elisabeth Borne.
Selon le président macroniste de la région Sud, Renaud Muselier, « dans la plus belle région du monde, où le critère climat-biodiversité est une règle d’or, on doit refuser cette aberration écologique ». L’élu régional Christophe Madrolle (Union des démocrates et écologistes), chargé de la Mer, dénonce un « projet démentiel qui menace la biodiversité ».
Un projet à 15 millions d’euros
Mais ses promoteurs l’assurent : Canua Island a été construit « dans le respect de la mer et de la nature ». Ils évoquent un « navire éco-conçu, décarboné, générant trois fois moins d’émission de carbone à la construction qu’un voilier du Vendée Globe ». Les déchets seront « triés à bord » puis acheminés à terre et le navire mouillera « sur fonds sableux », sans menacer la posidonie. Par ailleurs, le projet devrait créer une centaine d’emplois.
L’association Syllau, dont une pétition a déjà réuni 2 700 signatures, dénonce « le bruit et les navettes incessantes qui achemineront les passagers à bord ». Le projet, pour lequel 15 millions d’euros ont été investis, est soutenu par la Banque publique d’investissement (BPI), et par… la région, à laquelle certains reprochent donc un double discours. Elle « n’a pas été associée » à l’instruction du dossier et a été mise « devant le fait accompli », rétorque Georges Botella, conseiller régional et maire de Théoule-sur-Mer.
Quant à la ville de Mandelieu, elle continue à défendre un projet « très innovant et écologique » mais dit « attendre le terme de l’instruction » des demandes d’autorisations administratives pour se prononcer « sur le principe d’un éventuel mouillage dans le golfe de La Napoule ».
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