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Eric La Bonnardière (Evaneos) : « Notre PSE concerne une cinquantaine d’employés »

La plateforme de réceptifs Evaneos doit réduire ses effectifs et réviser sa stratégie, explique à L’Echo touristique son confodateur Eric La Bonnardière.

L’Echo touristique : Evaneos a annoncé en interne une réduction d’effectifs, qui toucherait un tiers des emplois selon nos informations. S’agit-il d’un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ou d’un Plan de départ volontaire ?

Eric La Bonnardière : C’est un PSE. Une cinquantaine de personnes environ sont concernées par cette réduction d’effectifs, sur 220 salariés présents en début d’année. Les départs vont s’étaler jusqu’au premier trimestre 2021. C’est la décision la plus dure que nous avons eu à prendre depuis notre création en 2009. Depuis le début, notre priorité a été de protéger l’emploi aussi longtemps que possible. Pour cela, nous avons maintenu un pourcentage élevé de temps de travail des équipes. Mais, alors que le début d’année était très bien orienté, l’activité est quasiment à l’arrêt pour notre secteur depuis le mois de mars à cause de la fermeture des frontières et des confinements qui se succèdent partout en Europe. Chez Evaneos, la perte d’activité a atteint 90% certains mois. Nous souhaitons aujourd’hui mettre en cohérence nos coûts avec une prévision des ventes qui ne reviendra certainement pas à la normale avant 2022-2023. Les aides gouvernementales ne seront malheureusement pas éternelles, il faut s’y préparer.

Chez Evaneos, la perte d’activité a atteint 90% certains mois.

Quels sont les types de postes touchés ?

Eric La Bonnardière : Les postes supprimés sont dans la majorité des équipes. Ils concernent en particulier notre décision d’arrêter notre développement international aux Etats-Unis pour se concentrer pour l’instant sur nos voyageurs européens. Nous avons créé un plan de départ attractif financièrement qui va bien au-delà des minima légaux et qui fait qu’un nombre significatif des partants sont volontaires. Beaucoup d’entre eux vont mener des projets entrepreneuriaux et nous allons les accompagner. Cette crise nous oblige à être plus focus sur nos choix stratégiques et à mener des efforts de productivité grâce à des investissements sur la technologie et des réorganisations. Nous allons avoir une équipe plus resserrée mais qui saura être aussi plus agile.

Vous avez levé 90 millions d’euros depuis votre création*. Votre trésorerie est-elle suffisante ? Ou avez-vous eu besoin, ou aurez-vous besoin de conclure un Prêt garanti par l’Etat ?

Eric La Bonnardière : Oui notre trésorerie est suffisante. Nous avons la chance d’être bien capitalisés. Mais aujourd’hui nous sommes obligés de continuer à anticiper les scénarios les plus pessimistes pour ne prendre aucun risque sur notre pérennité à long terme. Au début, je pensais que cela allait ne durer que quelques mois et que la saison d’été serait presque normale mais j’ai appris, en tous les cas pendant quelques temps, à mettre de côté mon optimisme naturel d’entrepreneur. Nous avons en plus conclu un PGE, de plusieurs millions d’euros, auquel nous n’avons pas encore touché.

Cette crise nous oblige à être plus focus sur nos choix stratégiques et à mener des efforts de productivité grâce à des investissements sur la technologie et des réorganisations.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux réceptifs et salariés ?

Eric La Bonnardière : Yvan Wibaux, mon associé, et moi-même sommes convaincus que le principal atout d’une entreprise, c’est son équipe et sa culture. Nous avons tellement investis d’énergie depuis plus de 10 ans dans la création de cette équipe passionnée et ultra-talentueuse qu’il est très pénible aujourd’hui de devoir annoncer des départs. Nous essayons de le faire avec le maximum de transparence et d’accompagnement, car dans un autre contexte nous n’aurions souhaité qu’aucune des personnes concernées ne parte. Je veux les remercier chacun pour leur contribution à notre aventure entrepreneuriale commune. Enfin, nos agents partenaires se battent comme tout le secteur pour être présents lorsque les voyages seront de nouveau possibles. Ils m’impressionnent par leur résilience et nous travaillons avec eux au quotidien pour les aider à gérer cette période inédite. Nous travaillons en particulier avec eux sur la manière dont ils peuvent contribuer avec nous à créer un tourisme plus durable.

Quel est votre feuille de route pour sortir de la crise, dès le déconfinement ?

Eric La Bonnardière : Nous sommes très dépendants des avancées sanitaires sur le Covid, à la fois du traitement et du vaccin. Aujourd’hui, plus de 50% de nos clients voyageurs sont français, où tout est à l’arrêt. Le déconfinement ne suffira pas à débloquer les envies de voyages. Les freins psychologiques à partir loin vont encore demeurer pendant longtemps. Nous pensons que la reprise se fera destination par destination. Les voyageurs pourront sans doute se déplacer en Europe et sur des destinations moyen-courriers en général à compter de 2021. Ce sera l’an prochain ou en 2022 sur le long-courrier. Nous tablons sur le maintien de quelques dizaines de pourcents de notre activité en 2021, versus 2019. Mais bien sûr, nous ne serons pas à 70%.

*La plate-forme de réceptifs avait déjà levé 18 millions d’euros en 2016. Puis, Evaneos a bouclé en 2018 un tour de table de 70 millions d’euros, réalisé auprès de Partech, Level Equity, Quadrille Capital et de ses investisseurs historiques, avec l’ambition de devenir une marque mondiale.

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